Plan-canevas de l’intervention d’A. Charrière à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdallah de Fès dans le cadre du Master PN2D (27 au 31 Octobre 2015) intitulée : Richesse et valorisation du patrimoine naturel marocain (Maroc-Géoparc Jbel Bani)
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Plan-canevas de l’intervention d’A. Charrière à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdallah de Fès dans le cadre du Master PN2D (27 au 31 Octobre 2015) intitulée : Richesse et valorisation du patrimoine naturel marocain (Maroc-Géoparc Jbel Bani)

Le patrimoine est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir. Nos patrimoines culturels et naturels sont deux sources irremplaçables de vie et d’inspiration (définition UNESCO, 1972). Le sujet traité se réfère au patrimoine géologique marocain (géopatrimoine) relatif aux richesses et ressources naturelles abiotiques du pays. Les richesses fauniques et floristiques actuelles qui constituent d’autres éléments du patrimoine naturel seront évoquées sous leurs aspects paléontologiques, paléoécologiques et paléoenvironnementaux du dossier.

Généralités L’exploitation par l’homme des richesses et ressources naturelles débute avec l’histoire de l’homme, s’accélère au néolithique (vers – 5000ans) suivi de l’âge des métaux (chevauchant avec la période historique) et surtout avec la révolution industrielle du milieu du XIXème siècle.

Les soucis de préservation des sites naturels apparaissent en deuxième moitié du XIXème siècle et furent dans un premier temps d’ordre philosophique et esthétique. La prise de conscience que les ressources naturelles ne sont pas inépuisables et la notion de géopatrimoine qui en découle n’émergent que durant la deuxième moitié du XXème siècle et sont donc des concepts très récents au regard de l’histoire de l’humanité.

Au XXIème siècle la valorisation et la préservation des milieux deviennent des enjeux socio- économiques essentiels. La destruction des sites naturels, l’amenuisement de la diversité biologique et les événements climatiques entrainent des effets nuisibles dans de nombreux endroits de la planète et font peser à terme une menace sur la survie de l’espèce humaine.

Depuis 1995, avec le soutien de l'UNESCO, plusieurs projets et groupes de travail se sont mis en place dans le monde entier : un groupe de travail international sur les géosites (Union internationale des sciences géologiques, IUGS) ; les sites géomorphologiques de l'Association internationale des Géomorphologues (AIG).  Ils sont dédiés à l'éducation et la promotion      du patrimoine géologique et géomorphologique.

Un vocabulaire à préciser Géosite est un lieu remarquable du fait de son caractère unique et/ou représentatif pour comprendre la géologie et l’histoire de la vie. 3700 géosites sont officiellement identifiés à l’échelle mondiale, mais l’inventaire est loin d’être terminé.

Géotope est un espace qui permet d’observer des éléments et des phénomènes géologiques intéressants pour la compréhension de la géologie.

Définition restrictive. Selon André Strasser (professeur de géosciences à l'Université de Fribourg), les géotopes sont des « portions de la géosphère délimitées dans l'espace et d'une importance géologique, géomorphologique ou géotectonique particulière. Ils sont des témoins importants de l'histoire de la Terre et donnent un aperçu de l'évolution du paysage et du climat ». Les géotopes sont des formes du relief, ayant une valeur scientifique (relativement à l'histoire de la planète, au patrimoine géologique, aux grands paysages souterrains, au patrimoine commun de l’humanité...) et ayant parfois une valeur culturelle première (lieux sacrés, définition des stratotypes…).

Définition étendue. Des scientifiques italiens. Mario Panizza et Sandra Piacente, de l'Université de Modène, apportent un élargissement par une approche plus culturelle et retiennent la définition suivante : « Tout objet géologique présentant une certaine valeur, qu'elle soit scientifique, historico-culturelle, esthétique, ou socio-économique. » La dénomination de géotope suscite quelques réserves car elle n'a aucun rapport avec le patrimoine géologique dans son sens premier car il désigne la plus petite unité spatiale sur laquelle peuvent être étudiés des flux de matière et d'énergie. Il constitue ainsi un pendant au concept de biotope.

Parallèlement, le terme géodiversité est en train d’apparaître comme faisant pendant à celui de biodiversité.

Un géosite (ou géotope S.S.) contient un ou plusieurs objets géologiques.

Un géomorphosite est un géosite à forte valeur paysagère généralement soutenue par une forte composante morphologique.

Au final, nous utiliserons dans l’exposé, les termes géosites ou géotopes dans leur sens le plus large.

Première partie : Du patrimoine classique au patrimoine méconnu à travers quelques exemples

I - Quelques sites classiques du patrimoine touristique marocain

Sites célèbres fréquentés à la fois par un tourisme international diversifié et par le tourisme national. Les exemples retenus s’échelonnent globalement du Nord au Sud entre la plaine du Saïs (Fès-Meknès) en climat méditerranéen et la zone saharienne (Erfoud- Merzouga), en recoupant les massifs atlasiques.

A. En milieu urbain : géosite de la médina de Fès (carte géotechnique de Fès ou carte géologique d’ensemble).

Intérêt historique (fondation 789 Idriss Ier, capitale impériale et culturelle). Cadre géologique entre Rif et Moyen Atlas.

Données hydrologiques, géotechniques et économique associées (poteries « bleu de Fès », briqueteries, cimenteries …).

B. Sur le rebord du Causse moyen atlasique : le panorama d’Ito (carte El Hajeb) Site paysager de type panorama-balcon avec contraste morphologique entre :

• les formations dolomitiques (Jurassique inférieur) arides horizontales du rebord du causse déterminant les falaises, leur talus (Trias) ;

• le paysage vallonné en contrebas avec différents alignements de terrains à perte de vue. (Primaire de la meseta centrale fortement tectonisé).

Cette discordance post-hercynienne peut se suivre latéralement vers le SE dans l’axe des localités Azrou-Khenifra.

C. En contexte montagneux tempéré : la cascade d’Ouzoud sur le versant nord du Haut Atlas. (Carte d’Azilal). Espace naturel d’intérêt esthétique associant :

• éléments minéraux (eau, falaises calcaires, dépôts travertineux) ;

• nature vivante (végétation, oiseaux etc…).

D. En milieu montagneux présaharien : gorges de Todra et palmeraie de Tinerhir sur le versant sud du Haut Atlas. (Carte de Tinerhir). Contraste entre :

• paysage minéral aride avec gorges abruptes dans les calcaires de plateforme du Jurassique inférieur ;

• cadre de vie de la population : palmeraie cultivée dans les terrasses alluviales et habitats typiques.

E. En milieu désertique : la région Erfoud-Merzouga dans le Tafilalt (ancienne carte Maider Tafilalalt au 1 : 200 000).

• Site saharien typique avec un substrat de plateaux rocheux (hamadas), des dépôts alluvionnaires de surface (regs) localisés et le système dunaire de l’erg Chergui aligné sur une vingtaine de km.

Richesse paléontologique exceptionnelle des terrains de l’Ere Primaire.

Restes archéologiques (tumulus, gravures) témoignant de conditions climatiques évolutives depuis le néolithique.

• Intérêt historique : Erfoud, anciennement Sijilmassa capitale d’un émirat pendant trois siècles (758-1055).

Premier Bilan : Caractères et vulnérabilité des sites

• Caractères des sites.

Sites diversifiés de par leur nature et leur situation à la fois géographique et climatique. Point commun : forte composante naturelle esthétique communément partagée.

Dans tous les cas, facilité d’accès par le réseau routier.

• Aspects socio-économiques

Positifs : Impacts sur l’économie locale par apport financier extérieur à la région. Commerces, hébergements associés. Petit artisanat local et exploitations de carrières.

Négatifs : problèmes du tourisme de masse avec exemple extrême des dunes de Merzouga (Aberkan M., 2014). Hébergement au pied des dunes (Merzouga) implique développement des pompages d’eau dans la nappe profonde + rejet des déchets d’où approfondissement et dégradation de la qualité des nappes. Destruction du caractère naturel de l’environnement avec l’apport d’activités polluantes, chimiques, sonores en particulier avec voitures, quads, motos sur dunes etc…. Substitution des activités traditionnelles (élevage nomade, agriculture oasienne) par commerce touristique. Question de l’acculturation. Politique « tout pour le tourisme » contradictoire avec développement durable.

II - Exemples de sites en début de valorisation

Deux cas extrêmes évoqués.

A. En milieu de moyenne montagne : le lac de barrage de Bine El Ouidane. (Carte Beni Mellal).

• Site à forte valeur patrimoniale d’ordre historique (mise en service 1953, plus haut barrage-voute d’Afrique) et d’ordre économique (irrigation du Tadla sur 125 Km).

• Site de haute valeur esthétique.

• Actuellement exploitation des rives à finalités touristiques (hôtellerie, centres loisirs, activités nautiques …)

• Accélération du développement économique de la région

B. Milieu de haute montagne antérieurement isolée : région d’Imilchil. (Carte Imilchil).

• Connue au départ pour son patrimoine culturel : milieu amazigh avec « fête des fiancés » annuelle.

• Début de désenclavement de la région (réseau électrique et routes asphaltées) plaçant la localité à un carrefour N-S et W-E des voies atlasiques.

• Corrélativement nouvelles potentialités d’exploitation de remarquables sites géologico- touristiques comme le Plateau des lacs, les lacs de Tislit et Isli, les rides de Tassent et de Tasraft, les gorges d’Aït Ali ou Ikkou…

• Sites d’intérêts paléoenvironnementaux et paléontologiques « Couches rouges à dinosauriens ».

• Une localité au sud d’Imilchil (Agoudal) est en train de devenir un site de référence pour les spécialistes de météorites.

III - Exemples de sites géologiques méconnus du « grand public »

A. En contexte de massifs arides méditerranéens (exemples dans le Moyen Atlas) (carte Sefrou et Moyen Atlas)

• Géomorphosites du synclinal de Skoura.             

Ils sont échelonnés de Boulemane à Skoura le long des vallées de l’oued el Atchane et l’oued Guigou qui incisent l’axe du synclinal.

Taferdoust : Site paysager d’exception (Aldighieri et al. 2013) : douar abandonné de Taferdoust, perché au centre d’un méandre resserré de l’Oued Guigou entaillant les calcaires fossilifères du Jurassique moyen.

Taghrout : Site pittoresque avec un douar habité étagé sur un « fer à cheval » découpé dans une dalle gréseuse jurassique. Au voisinage des crues récentes ont dégagé un gisement à elephas et autres mammifères pléistocènes (Marineiro et al., 2014)

• Site paléontologique historique d’El Mers.

Paléoenvironnement lagunaire à littoral du Jurassique moyen ayant livré lors de campagnes de fouilles étagées de 1927 à 1941, d’abondants ossements de  vertébrés : poissons  « à  poumons », crocodiliens et reptiles dinosauriens carnivores et herbivores. Site de définition de la première espèce de dinosaurien sauropode (Cetiosaurus moghrebiensis) (de Lapparent, 1955) identifiée au Maroc.

B. En contexte prédésertique : les sites à microvertébrés de la région d’Anoual (Haut atlas oriental) (Carte Haut Atlas oriental au 1 : 100 000).

• Site à micromammifères de Ksar Metlili (Sigogneau Russel et al. 1990).

Au sein des « Couches rouges » continentales jurassico-crétacées, des dépôts fluvio- lacustres sont localement riches en restes de poissons diversifiés, d’amphibiens, crocodiles, tortues, ptérosaures, micro-dinosaures ainsi que des dents de mammifères primitifs (non placentaires).

• Site à vertébrés de Guelb el Ahmar.

Récemment décrit (Haddoumi et al. 2015) ce site encore plus ancien est un dépôt lacustre très fossilifère. Il comprend une flore de milieu tropical humide et une faune de vertébrés continentaux très diversifiés (poissons osseux, amphibiens, tortues, serpents..) d’âge Jurassique moyen. Il contient de plus les plus anciens mammifères africains actuellement connus et devient un site de référence d’intérêt mondial.

C. En milieu urbanisé : un stratotype international (la coupe de l’Oued Akrech, près de Rabat).

Dans la région de Rabat les terrains d’âge Miocène sont représentés par une série marneuse particulièrement riche en microfossiles marins (foraminifères planctoniques, nannofossiles calcaires).

Le site de l’Oued Akrech, en talus de la route d’accès à Rabat, a été retenu en 2000 comme

« Clou d’or » du stratotype mondial du passage entre les étages Tortonien et Messinien). Cette limite précise est définie paléontologiquement par la première apparition des foraminifères Globorotaliamiotumida et du nannoplancton Amaurolithus delicatus et datée par magnétostratigraphie à 7,2 Ma (Hilgen et al. 2000).

Bilan : majorité de sites d’intérêt scientifique mondialement reconnus sont méconnus des non-géologues ; cela leur assure, avec leur isolement, une certaine protection, mais cette dernière demeure précaire pour les sites paléontologiques pouvant faire l’objet d’exploitations commerciales.

Deuxième partie : Aperçu de la diversité des géosites marocains

Les sites sont répartis à travers des zonations climatiques différentes allant d’un climat méditerranéen à un climat désertique et sont topographiquement étagés entre le niveau de la mer et des massifs montagneux (Atlas) avoisinant 3000m à 4000m. En fonction des paramètres climatiques, la rareté et/ou le dégagement du couvert végétal laissent souvent apparaître le sol et le sous-sol et offrent des sites d’observation d’une qualité exceptionnelle.

I - Des géomorphosite à forte composante structurale

A. Structures tabulaire et discordantes.

• Plusieurs exemples élémentaires.

• Cuesta continue du Cénomano-Turonien sur le Primaire de l’Anti-Atlas (Goulmima- Tinerhir, Kem).

B. Structures monoclinales. Divers exemples sous différents régimes climatiques.

• Versant sud du Tichoukht (Moyen Atlas).

• Flancs du barrage au nord d’Errachidia (Sud du Haut Atlas).

• Bordures du synclinal d’Issafène (Anti Atlas).

C. Plis simple. Ex. Site de la ville de Boulemane (Moyen Atlas).

Cas d’école d’une morphologie jurassienne avec crêts, combes, mont dérivé, cluse développée sur un pli en genou.

D. Plis diversifiés et failles inverses. Coupe de la vallée du Ziz au nord d’Errachidia.

Coupe naturelle du versant sud du Haut Atlas faisant apparaître le style atlasique caractéristique avec succession avec :

- larges synclinaux à fond plat ;

- rides anticlinales faillées plus ou moins chevauchantes.

F. Cas decomplexité tectoniqueassociée à des qualités paysagères exceptionnelles : la

« Vallée des Kasbah ». Ex. la Vallée du Dadès.

Evènements tectoniques superposés avec chevauchement de la nappe de Toundoute, plusieurs discordances successives, failles alpines et néotectonique.

II- Géopatrimoine à forte valeur paléontologique, sédimentologique et paléoenvironnementale (cartes Azilal et Afourer, Haut Atlas oriental).

A. Des gisements paléontologiques d’intérêt exceptionnel

• Sites à squelettes de vertébrés fossiles Amphibiens et Reptiles primitifs de la région d’Argana.

Dinosauriens Cetiosaurus à El mers, Atlasaurus du synclinal des Guettioua à squelette presque complet (1980) ; Tazoudasaurus à Tazouda (N de Skoura, Anti-Atlas) (Allain et al. 2004).

Mammifères, oiseaux, reptiles, poissons des bassins des phosphates.

• Site à conservation de parties molles d’invertébrés fossiles du Primaire

Conservation exceptionnelle (parties dures et trace de parties molles) d’invertébrés marins primitifs (éponges, trilobites et nombreux autres types arthropodes exclusivement fossiles, échinodermes primitifs, vers marins, mollusques ...) du début de l’Ordovicien dans les schistes de Fezouata près d’Agdz (Anti-Atlas) (Van Roy et al. 2015).

• Site à crustacés fossiles du Secondaire

Le retour de la merdu Crétacé supérieur sur l’Anti Atlas a laissé les dépôts des Kem kem particulièrement riches en fossiles. A Gara Sbaa ont été découverts dans un état de conservation exceptionnel des poissons cartilagineux, des poissons osseux et une faune diversifiée de crustacés décapodes (Garassino et al. 2008), ainsi que des restes de plantes et d’insectes.

B. Des paléoenvironnements continentaux remarquablement conservés.

Ceux-ci sont particulièrement fréquents durant la période du Jurassique supérieur et du Crétacé inférieur. Ex. Les paléosolsmarécageux à pistes de dinosauriens (synclinal des Iouaridène, Demnate). Site exceptionnel pour :

• la qualité de conservation de paléosols marécageux (rides, fentes de dessiccation…) datant du Jurassique moyen ;

• sa richesse en pistes de dinosauriens sauropodes géants ainsi que d’autres dinosauriens théropodes et ornithopodes.

Premières empreintes découvertes en 1980 et site toujours en cours d’études par des chercheurs nationaux et internationaux.

Les paléosols à empreintes reptiliennes sont relativement fréquents dans les « Couches rouges » jurassico-crétacées du domaine atlasique et de l’Anti Atlas.

C. Des géosites coralliens marqueurs des eaux tropicales jurassiques

Extension remarquable des phénomènes récifaux sur les bordures des golfes marins atlasiques soulignée notamment par R. du Dresnay, 1971.

• Exemple de récifs élémentaires ex. patch reefs de la région de Rich (Haut Atlas) Falaises dans le « Calcaire corniche » du Jurassique moyen.

Masses récifales isolées, régulièrement espacées. Contexte de régression de la mer jurassique.

• Les récifs composites du Plateau de Guigou (Moyen Atlas) (El Arabi et al, 1987).

Edifices récifaux d’une centaine de mètres de hauteur conservés en relief et émergeant au- dessus des dépôts marins du Jurassique inférieur.

Structure composite de chaque édifice. Migration spatio-temporelle des édifices.

Cadre tectono-sédimentaire de la transgression jurassique.

• Un paléoatool : le Jbel Bou Dahar (Haut Atlas oriental) (du Dresnay, 1972).

Structure du Jurassique inférieur de forme elliptique d’environ 40km X 15kmayant conservé les structures typiques d’un atool adossé à un paléorelief émergé (ile) avec du N au S :

• zone littorale contre le paléorelief ;

• dépôts de lagon interne ;

• barrière récifale à coraux massifs ;

• pente externe à topographie forte et entaillée de paléocanyons ;

• dépôts de mer ouverte à céphalopodes.

Importantes minéralisations associées (Fe, Mn, Zn, Pb).

D. Des géomorphosites indicateurs d’une succession d’évènements géologiques. Exemple du versant sud du synclinal d’Aït Attab (Haut Atlas).

Panorama sur plusieurs formations géologiques superposées permettant de lire une partie de l’histoire géologique du Crétacé inférieur de l’Atlas avec successivement :

• dépôts lagunaires discordants ;

• épisode volcanique du Crétacé inférieur ;

• dépôts continentaux détritiques du Barrémien ;

• transgression de la mer de l’Aptien ;

• régression Albien- Cénomanien ;

• transgression marine du Cénomanien-Turonien.

De multiples cas analogues sont analysables dans les paysages méditerranéens et sahariens marocains.

III - Des géomorphosites associés aux formations magmatiques

A. Morphologies de régions granitiques.

Exemples sous différentes latitudes étagées du N au S :

• Région d’Oulmès (Meseta centrale) ;

• Région d’Itzer-Boumia (Haute Moulouya) ;

• Région de Tafraout, secteur relativement touristique de l’Anti Atlas occidental.

B. Un système volcanique récent très bien conservé : la province volcanique du Moyen Atlas (carte Azrou et carte géomorphologique du Moyen Atlas)

Ensemble volcanique le plus récent (Miocène supérieur et principalement Quaternaire) et le plus étendu du Maroc avec un alignement N-S des points d’émission sur plus de 70km. Cartographie géomorphologique (Martin, 1981) et pétrologique (El Azouzi et al. 2010) de cette « Chaîne des puys » marocaine.

• Morphologie de différents édifices volcaniques.

• Cratères et maars.

• Fonctionnement polyphasé d’un édifice (ex. volcan de Timahdite).

• Intérêts pétrographiques et minéralogiques.

• Diversité des produits volcaniques.

Bilan : fortes potentialités actuellement inexploitées pour un tourisme à finalités naturalistes et géologiques.

IV – Géopatrimoine d’intérêt économique stratégique

A. Matériaux rocheux destinés à la construction

1 Utilisation directe en milieu rural

• pierres de construction (grès, calcaires, travertins etc…)

• importance des argiles d’origine locale

• matériaux exploités artisanalement (calcaires purs pour fours à chaux ...)

2 Généralement transformés pour le milieu urbain et pour les grandes infrastructures Exploitations en carrières pour

• granulats

• éléments de décoration (marbres).

• marnes, marno-calcaires, calcaires marneux (cimenteries)

• gypse (plâtre industriel)

B. Ressources minières (Mouttaqi, Rjimati & Michard in Michard et al., 2011, vol.9)

• Charbon. Mines d’anthracite de Jerada fermées en 2001, depuis exploitations artisanales.

• Schistes bitumineux. Non exploités mais prometteurs Timahdite, Tarfaya et Tanger.

• Phosphates. Tonnage énorme dans 4 régions productrices : Khouribga Benguerir Youssoufia au N + Boukraa au S.

• Sel. Exploitation de bassins triasiques (environ 30 permis d’exploitation).

• Minerais métalliques (carte des provinces métallogéniques) diversifiés : ferrifères, plombo-cupro-zincifère (+ important), étain-tungstène, cobalt-nickel, manganèsifère, argentifère, aurifères, antimonifère, fluo-barytique et terres rares : niobium, tantale.

Troisième partie : Distribution du géopatrimoine marocain à travers les temps géologiques : un apport important à la connaissance de l’histoire de la terre et de la vie

I - Premières traces de vie de la fin du Précambrien.

II - L’émergence des invertébrés marins au début de l’Ere Primaire.

Paléoenvironnements littoraux colonisés par les invertébrés à pièces squelettiques.

III - Les fluctuations climatiques et environnementales au cours de l’Ere Primaire.

• les premières mers cambriennes et la biodiversification ordovicienne ;

• l’extinction majeure associée à la glaciation fini-ordovicienne et les mers froides anoxique siluriennes ;

• les mers chaudes dévoniennes et la diversité des niches écologiques ; l’émergence des végétaux terrestres ;

• la crise fini-dévonienne et les dernières mers de l’ère primaire.

IV - La continentalisation de la fin du primaire et du début du Secondaire (la Pangée).

• Orogenèse   hercynienne,   système   montagneux soumis à érosion prolongée pénéplanation.

• Renouvellement des faunes continentales après la crise majeure permienne (Argana).

• Volcanisme fissural associé à l’ouverture de nouveaux bassins marins.

• V - Les mers chaudes téthysiennes du Jurassique.

• Richesse et diversité de la vie marine dans les paléogolfes atlasiques.

• Cadre paléogéographique.

• Crises climatiques et tectoniques enregistrées au cours du temps.

VI - L’émersion jurassico-crétacée du domaine atlasique.

• Les environnements lacustres et lagunaires.

• Flore et faune associées.

• Dinosauriens, autres reptiles et premiers mammifères primitifs.

VII - Les mers du Crétacé et du début du Tertiaire.

• Les dépôts phosphatés littoraux.

• Les riches faunes de vertébrés se succédant à travers les deux crises majeures du Crétacé-Tertiaire et du Paléocène-Eocène.

VIII - L’émersion finale des domaines atlasiques et anti-atlasiques

Bilan : patrimoine paléontologique d’intérêt mondial ; essentiel des grands bouleversements paléoenvironnementaux, paléoclimatiques et tectoniques mondiaux sont enregistrés dans le géopatrimoine marocain.

Quatrième partie : Vers une protection du géopatrimoine marocain

I - Résumé des données actuelles

Aspects positifs

• Géopatrimoine naturel de grande valeur découlant de :

- histoire géologique originale du Maroc liée à sa situation au NW du craton africain, entre deux sutures majeures atlantique d’une part et téthysienne, puis méditerranéenne d’autre part ;

- expositions des terrains aux climats méditerranéens et désertiques actuels permettant des conditions d’affleurements exceptionnelles.

• Tourisme national et international en cours de développement ;

• Activités socio-économiques associées importantes.

Aspects Négatifs

• Problèmes du tourisme de masse exacerbés dans le contexte désertique.

• Dilapidation du patrimoine et à terme destruction d’une grande part du patrimoine géologique.

II - Des outils de protection

A. Structures historiques des grands Parcs Nationaux aux USA.

• Premières mesures de protection en 2ème moitié du XIXème siècle.

• Milieux de grande extension et sites naturels occupés lors de la « Conquête  de  l’Ouest », considérés comme initialement « inhabités ».

• Conservation de la vie sauvage et corrélativement de son substrat pédologique et géologique.

• Finalités : conservation en l’état naturel pour constituer des zones de repos des travailleurs citadins, transmission aux descendants.

• Activités humaines très limitées consistant à la préservation et à un tourisme de masse très encadré.

• Propriétés de l’Etat, gestion nationale par le Ministère de l’intérieur.

B. Exemples de réserves naturelles en Europe.

Paramètres différents : pays beaucoup plus peuplés et mesures officielles de préservation beaucoup plus tardives. D’où beaucoup de diversités selon les pays.

France statuts officiels seulement en 1960.

Parcs nationaux

• Finalité conservation intégrale de la nature, priorité à la vie sauvage, forte limitation des activités humaines (gestion, observation).

• Propriété de l’Etat.

• Actuellement une dizaine.

Parcs naturels régionaux (PNR)

• Créés secondairement par les acteurs de la vie locale (entreprises, associations…) voulant valoriser la spécificité de leur territoire naturel.

• La population vit et poursuit ses activités au sein des parcs. Le cœur du parc a des règles de protection strictes, excluant toute atteinte au milieu naturel (chasse, collectes… interdites), la zone périphérique se consacre à une agriculture raisonnée.

• Juxtaposition de propriétés individuelles ou de propriétés associatives. Existent actuellement une vingtaine

C. Des structures récentes : les Géoparcs labellisés par l’UNESCO

Selon la charte du réseau Géoparc, (Global geopark network, créé en 2005) il s'agit d'un territoire aux limites bien définies qui  a une superficie assez étendue pour  contribuer  au développement économique local. Il comprend un certain nombre  d’héritages  géologiques (à différentes échelles) ou une mosaïque d’entités géologiques d’importance scientifique particulière, pour leur rareté ou leur beauté représentative d’un lieu et de son histoire géologique. Il ne doit pas  seulement  avoir  une  signification  géologique  mais  aussi écologique, archéologique, historique ou culturelle. L’importance géologique  devra être reconnue par les autorités scientifiques du territoire compétentes en la matière.

Un Géoparc doit donc comporter un certain nombre de sites géologiques d'une importance particulière en fonction de leur qualité scientifique, de leur rareté, de leur esthétique ou de leur valeur éducative. Leur intérêt peut également être archéologique, écologique, historique ou culturel.

• Sites étendus à forte composantes paysagères, géomorphologiques et géologiques présentant une unicité.

• Valorisation du patrimoine culturel des populations vivant sur le site du Géoparc.

• Demande provenant d’initiatives locales.

• Accessible à un public international.

• Pas de statuts juridiques, chaque pays régit selon ses propres lois.

• Label de qualité accordé pour 4 ans.

Actuellement 111 Géoparcs dans 32 pays (majoritairement Europe, Asie, Indonésie)

Le Géoparc du M’Goun Provinces Azilal et Beni Mellal pp 52 communes 12791 km2 739000 habitants 2 musées à Azilal (avec Atlasaurus) et Tazouda avec (Tazoudasaurus) Livret-guide associé : Monbaron M. &Monbaron J., 2015

Le projet de Géoparc du Jbel Bani

Arrière-pays partiellement isolé de la zone touristique côtière d’Agadir Centré sur la Province de Tata se prolongeant à l’Est avec la vallée du Draa et Zagora et à l’Ouest jusqu’à Guelmim, porte du Sahara.

Vastes milieux présahariens étagés de zones montagneuses (Taroudant) à des plateaux arides incisés de vallées et à des plaines.

Des dizaines de géosites déjà répertoriés.

Terrains les plus anciens du Maroc et du Maghreb, archives paléontologiques précieuses car jalonnent les premiers développements de la vie sur terre.

Patrimoine préhistorique avec plusieurs générations de gravures rupestres montrant une évolution des faunes sauvages de savane aux camélidés domestiqués du désert actuel.

Richesse ethnographique avec notamment présence d’environ 170 greniers berbères : les « Agadirs ».

Dossiers scientifiques et démarches administratives en cours.

Conclusions

• Géopatrimoine quantitativement important et qualitativement très riche et diversifié.

• Conditions d’exposition et d’observation de qualité exceptionnelle en raison des paramètres climatiques dont bénéficie le Maroc.

• 9 livrets-guides d’excursions géologiques à travers les différentes régions du Maroc (Michard et al. 2011) constituent déjà une base de données répertoriant un bon nombre de sites naturels d’intérêts géologiques et géomorphologiques.

• Début de mesure conservatoire d’une partie du territoire avec le(s) Géoparc(s).

• Nombreux autres sites et régions (comme la zone volcanique du Moyen atlas) exploitables pour un développement géotouristique qui devrait être idéalement associé à un « tourisme vert », seul gage d’une politique de développement durable.

• Inventaire des ressources, valorisation et protection du géopatrimoine sont des enjeux à la fois immédiats et futurs à moyen et à long terme.

Bibliographie sommaire

ABERKAN M’H. (2014).- Le tourisme et la protection de l’environnement et du patrimoine dans les régions désertiques marocaines. 4ème Workshop Avril 2014, Tata - Maroc. Résumé 7p.

http://wiget4-marocsud2014.blog4ever.com/

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