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LES MONUMENTS GEOLOGIQUES DU SUD MAROCAIN LA MEDUSE DE MASMOUDA

Par FADLI Driss 1, DI GREGORIO Felice 2, ZAHRAOUI Mohamed 3 & ALDIGIERI Barbara 4

1-3 Laboratoire de géologie appliqué, Université Mohammed V Agdal, Rabat, Maroc,

2 Dipartimento de Science de la Terre, Université de Cagliari, Italie,

4 Istituto per la Dinamica dei Processi Ambientali CNR-IDPA - Milan, Italie, E-mail1: dfadli@yahoo.fr, E-mail2: digregof@unica.it, E-mail3: zahraouimohamed@yahoo.fr. E-mail4: barbara.aldighieri@idpa.cnr.it

 

Mots clés : Monument géologique, butte témoin, Crétacé, diaclases, sud marocain.

RESUME. La "Méduse" de Masmouda désigne un monument géologique ayant une morphologie éloquente et spectaculaire dans le paysage. Elle se présente sous forme de butte témoin qui "émerge" de la plaine du Darâa dans la région de Masmouda, en bordure des derniers reliefs sud de l’Anti-Atlas, à environ 26km à l’ENE de la ville de M’Hamid. Elle a une hauteur de plus de 60m par rapport à la surface de la plaine et elle culmine à une altitude de 650m.

Ce monument est formé de couches géologiques horizontaux carbonatées, marneuses et gréseuses qui datent du début du Crétacé supérieur (Cénomanien et Turonien: entre -96 à - 88 millions d’années); elles reposent en discordance angulaire sur les terrains du Paléozoïque inférieur et elles s’organisent en deux niveaux: la série de base a une cinquantaine de mètres d’épaisseur, formée d’une alternance de marnes avec des grès et des calcaires ; le deuxième niveau forme une dalle de calcaire massif de plus de 10m d’épaisseur. Cette dernière est très caractéristique du plateau crétacé des Kem Kem qui a fourni de nombreux fossiles des dinosaures.

La ”Méduse” de Masmouda, de coordonnées GPS (N 29° 46’ 50’’ et W 5° 25’ 15’’), a une forme d’ensemble ovale et elle présente un sommet tabulaire triangulaire qui héberge un village médiéval abandonné, naturellement fortifiée par une falaise d’environ 10 m de hauteur. Actuellement l’accès à ce sommet est difficile si ce n’est l’utilisation d’une échelle. En plus toute trace de sentiers probables menant à ce village serait balayée par l’érosion.

On rappelle que la majeure partie de l’Anti-Atlas était émergée durant le Mésozoïque et que la région de Masmouda constituait le rivage ouest et nord-ouest de la mer crétacé pendant la transgression du Cénomanien et du Turonien. De ce fait la "Méduse" de Masmouda représente un témoin intéressant de cette transgression mondialement connue et de la paléogéographie de la région.

Pendant l’orogénèse alpine, responsable de la formation des chaînes de montagne du Moyen Atlas et du Haut Atlas, l’Anti-Atlas a subi un exhaussement, accompagné par la formation d’au moins trois familles de diaclases. Dans la région de Masmouda et de ses environs on a recensé trois familles directionnelles de ces diaclases :

- la famille J1 de direction NE-SW bien marquée,

- la famille J2 de direction ESE- WNW,

- la famille J3 de direction NW-SE discrète.

La présence de ces diaclases à été déterminante dans la morphogénèse de ce monument puisqu’elles constituent des zones de faiblesse aux processus de l’érosion. La "Méduse" de Masmouda est donc le résultat d’une érosion centrifuge qui s’est opérée le long de ces diaclases à partir du sommet.

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Le produit de l’érosion s’accumule au pied autour de butte témoin en formant un glacis qui sera coloré tardivement par la patine du désert de couleur brune ou noir. Le ravinement de ce produit accumulé se poursuit jusqu’à aujourd’hui. Le ravinement ultérieur du glacis, occasionné par les processus de l’érosion torrentiels en particulier, laisse apparaître le sous-sol de couleur beige, non encore affecté par le vernis du désert ; d’où le contraste sombre et clair des couleurs observé depuis le ciel et sur le terrain.

La "Méduse" de Masmouda est un patrimoine naturel et culturel important du sud marocain. Elle présente un intérêt géomorphologique et géologique particulier et des qualités scientifiques, culturelles et esthétiques remarquables. Elle est actuellement menacée par des processus d’érosion très agressifs, surtout le long de grandes diaclases NE-SW qui continuent à s’élargir au risque d’entraîner de grands éboulements, dangereuses pour la jouissance non contrôlée.

Source web par : FADLI Driss, DI GREGORIO Felice, ZAHRAOUI Mohamed & ALDIGIERI Barbara

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