« Soltan Tolba » ou comment les étudiants festoyaient…
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« Soltan Tolba » ou comment les étudiants festoyaient…

Hamid Triki,

Historien, Marrakech

 

Résumé :

La fête de Soltan Tolba fut initiée par le premier sultan `alaouite Moulay er- Rachid (1664-1672) qui fréquentait lui-même les madrasas avant sa proclamation. Il en résultera une tradition séculaire qui marquera notamment les villes de Fès et de Marrakech. Le premier acte de la parodie, consiste à élire un « sultan » parmi les étudiants, le second consiste à recevoir de la part du sultan régnant les insignes de souveraineté. Parmi les attributs du « sultan » des tolbas, celui d‘exiger des redevances, de sceller de son cachet des dahirs, édits fictifs, et d´expédier aux dignitaires de l´État et aux notables des missives aux sujets saugrenus. Cette liberté accordée pour une semaine aux étudiants sert en quelque sorte les intérêts du sultan régnant en leur permettant d´étaler publiquement les malversations des agents du pouvoir.

Le propos cité en exergue n´est évidement qu´une boutade lancée par un citadin fassi à ces étrangers à la cité que sont les tolbas d´origine rurale qui rasent furtivement les murs, emmitouflés dans leurs djellabas toutes délavées, mais dont la joie éclate chaque printemps à la veille des vacances, une fois élu leur éphémère sultan des tolbas. Et voilà que nos étudiants des madrasas qui, la veille encore, rasaient les murs, envahissent l´espace de la cité avec les turbulents cortèges de leur sultan. C´est alors qu´ils se métamorphosent en diablotins. Ils n´ont cependant pas attendu d´être ainsi taxés par l´observateur citadin puisque de tout temps ils n´ont pas hésité à se tourner eux-mêmes en dérision, dès lors qu´ils se faisaient appeler Bani Berghout (tribu de puces), Bani Namous (tribu de moustiques), Bani Far (tribu de souris) … Dans les madrasas citadines où ils étaient hébergés, ils éprouvaient un malaise certain à évoluer dans ce cadre architectural si riche et si délicat, eux que les autres nommaient al-âfâqiyyûn, ceux des lointains horizons, qualification qui n´est pas sans rappeler leur origine rurale.

Une fois installés dans les chambres, ils avaient à affronter, outre les moustiques des nattes et les punaises des plafonds, la torture d´une faim aiguë, rarement satisfaite. À cause de cela, lorsqu´ils avaient le loisir de se divertir, c´est aux victuailles qu´ils aspiraient naturellement, et cela, même au prix de la dérision, en datant, par exemple, leurs lettres du… 225e jour de Ramadan !

Nos tolbas avaient aussi à affronter d´autres obstacles : ces milliers de vers (Alfiya) didactiques, ces obscurs pages jaunes d´exégèses et de gloses remplissant obliquement les marges des précis (Mukhtasars) et des traités, de grammaire, de théologie, de jurisprudence, de partages successoraux, le tout selon le rite malékite…

 Et pourtant, c´est de leurs rangs qu´ont émergés les `Ulama -s, savants en sciences islamiques, les secrétaires de chancellerie à la plume alambiquée, les compilateurs d´histoires anciennes, les poètes…

Et pourtant encore, quand l´occasion leur était donnée, les Bani Berghout éclataient en divertissement burlesque qui n´épargnait ni leur propre condition ni celle, bien convoitée, des dignitaires de l´appareil d´État que l´on appelle Makhzen.

C´est derrière cette étiquette que se manifeste, précisément, la fête de Soltân Tolba, initiée par le premier sultan `alaouite Moulay er-Rachid (1664-1672) qui fréquenta lui-même les madrasas avant sa proclamation. Une tradition fort ancrée rapporte que lors de sa prise du pouvoir, il fut soutenu par un groupe d´étudiants.

La narration de l´épisode baigne dans une atmosphère qui n´est pas sans rappeler Ali Baba, le fameux conte des Mille et une nuits. Au demeurant, c´est en souvenir de cette histoire pittoresque que fut instituée la fête annuelle au cours de laquelle, une semaine durant, le Makhzen et les tolbas mènent ensemble un jeu où le pouvoir est symboliquement partagé sous la forme d´une farce burlesque en plusieurs actes.

La couronne du Sultan des Tolbas : adjudication, mécènes et rivalités

Le premier acte de la parodie, consiste à élire un « sultan » parmi les étudiants, notamment ceux de Fès et de Marrakech. Les candidats doivent être en fin de cycle d´étude et bénéficier d´un fort potentiel de sympathie auprès des condisciples. L´élection se déroule le vendredi précédant celui de la fête proprement dite. Elle a lieu solennellement sous la coupole de la salle de prière d´une madrasa. Les postulants sont soutenus par des « mécènes », concitoyens ou contribules, qui participent financièrement à la mise à prix de la « couronne » par adjudication. Leur soutien n´est pas toujours désintéressé, car l´enjeu consiste à bénéficier d´un privilège : exemption fiscale ou élargissement d´un prisonnier, et ce, du fait qu´il est permis au candidat élu de formuler un vœu généralement exaucé par le sultan régnant. Quant au bienheureux sultan des tolbas, il est immédiatement doté de la charge de `Adel (notaire) pour laquelle ses études l´ont préparé. À propos de l´élection, il n´est pas sans intérêt de noter qu´elles déclenchaient parfois de fortes rivalités, aiguisées par les promoteurs, au sein des groupes d´étudiants. Ainsi en fut-il à Fès en cette journée du samedi 29 du mois de Shawâl 1211 (22 avril 1797). Ce jour-là, les étudiants se sont scindés en deux groupes rivaux. Témoin de l´événement, le chroniqueur Ad-Do`ayyif Ribâtî relate le fait dans son « Histoire » :

« Il y eut polémique au sujet de qui, parmi eux, devrait être leur émir [...]. Les tolbas des Jbala se sont ralliés à ceux des villes, et les tolbas de la Chaouia et Doukkala aux autres étudiants originaires de la campagne. Chaque parti a choisi son émir. La controverse eut lieu à la madrasa Cherratîne [...]. Le dimanche suivant, 25 Shawâl, tous les étudiants sont sortis pour se diriger au bord d’Oued Fès où a lieu la N´zaha. Ceux du Jbel (montagne), sultan à la tête, ont entamé leur départ à partir de la madrasa Seffarîne ; ceux de la campagne, également avec leur sultan, sont sortis de la madrasa Cherratîne. »

Le gouvernement des Tolbas : Une parodie du Makhzen

C´est le deuxième acte de la comédie.

Dès son élection, notre sultan reçoit de la part du sultan régnant les insignes de souveraineté accompagnés d´agents de la cour royale mis à son service : parasol, cheval sellé, clique, garde noire, chambellan, porteurs de lances, munis de longues cannes à têtes de cuivre, chasseurs de mouches… le tout assaisonné d´une tenue royale complète.

L´élu s´affaire ensuite à constituer son gouvernement, réplique exacte du makhzen central. Il nomme ainsi un Grand Vizir, des ministres dont celui de l´approvisionnement, le muhtasib, prévôt des marchands, chargé du prône du vendredi, des maîtres de cérémonies, des moqqadems ou chefs de quartier…

Parmi les attributs autorisés dans l´exercice de son pouvoir, il peut exiger des redevances et utiliser un cachet spécifique ; mais il n´a pas le droit de frapper monnaie. Par contre, il a le droit de sceller de son cachet des dahirs, édits fictifs, et d´expédier aux dignitaires de l´État et aux notables des missives aux sujets saugrenus. Dans ces documents, rédigés dans le pur style « mekhzénien », il est question de taxes exorbitantes et arbitraires, d´expéditions punitives constituées de bataillons de cigognes, puces et punaises ! … On y évoque aussi les cornes de gazelle et autres friandises au titre de « sujets de Sa Majesté ». Dans certaines missives, résolument plus critiques, on ne manque pas de décocher une flèche aux responsables de l´administration des habous (Biens de mainmorte) qui gèrent parcimonieusement les rations destinées aux étudiants des madrasas. L´une de ces missives, datant de 1919, est adressée au Directeur des Domaines publics dans l´administration du Protectorat français ; on y pousse l´audace jusqu´à lui signifier qu´il « doit mettre main basse, comme de coutume, sur les biens habous afin de les restituer au Trésor de Sa Seigneurie, le Sultan des Tolbas » (Bulletin France- Maroc, 15 juin, 1917). Cette liberté accordée pour une semaine aux étudiants sert en quelque sorte les intérêts du sultan régnant en leur permettant d´étaler publiquement les malversations des agents du pouvoir.

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Un festin d´étudiants : sous le signe du burlesque Troisième acte…

Le Makhzen des étudiants est maintenant en place. Le moment est venu pour festoyer en préparant la partie champêtre communément appelée N`zaha. Le produit des enchères, les collectes en ville et les cotisations des habitants qui veulent être de la fête, servent à subvenir aux besoins des victuailles. À cela s´ajoute l´appréciable H´diya, cadeau royal en nature et en espèces sonnantes et trébuchantes.

Le vendredi succédant à celui de l´élection, le cortège du sultan des tolbas entame en grande pompe sa marche, précédé de la clique, des mokhaznis, des maîtres de cérémonie… Seul juché sur le cheval, bride tenue par le chambellan, solennellement protégé par le parasol, entouré de son gouvernement et suivi d´une multitude d´hommes, de femmes et d´enfants. Après l´accomplissement de la prière du Vendredi, le cortège se remet en marche en direction du camp de la N`zaha.

Auparavant, le sultan et ses tolbas accomplissent l´habituelle pèlerinage aux mausolées de deux savants : l´andalou Ibn `Arabi al-Ma`âfirî, fameux qâdî de Séville au XIIe siècle, et le fassi Sidi Hrazem, également du XIIe siècle, le saint- patron des étudiants. Après quoi, le cortège arrive enfin à sa destination finale, au bord de l’Oued al-Jawâhir. Là, le service d´intendance du palais royal a dressé une gigantesque ville de tentes, campement démesuré d´une N`zaha pour un sultan éphémère et des tolbas en quête de victuailles. La ville de toile a son pacha, son service d´ordre, sa Mosquée-Jâmi`, les bniqas (offices) des vizirs et des secrétaires.

Au cœur du camp, la grande tente du sultan, surmontée de l´étincelant jamour aux trois boules en cuivre, burlesquement défendue par une ligne de canons en carton- pâte…

Pour divertir ce monde hétéroclite, il y a la poésie, la musique et les rythmes… Les poèmes chantés en malhûn, arabe dialectal raffiné, intéressent au premier chef aux corporations d´artisans ; la musique andalouse, plutôt classique, est particulièrement appréciée par les citadins ; les tolbas d´origine rurale, groupés par affinités tribales, exhibent chants et danses de leurs villages. Les adeptes des confréries religieuses entament, en fin de journée, leurs mesures extatiques ; les professeurs et les intellectuels parmi les tolbas poursuivent leurs débats littéraires dans une ambiance conviviale, car il est un fait remarquable qu´à la N`zaha les barrières habituellement dressées entre maître et disciple tombent ; et c´est le maître qui donne le ton en proclamant dès le début : « Je suspends ma qualité de shaykh, et vous, votre condition d´élève ».

Dans le camp du sultan les jours coulent et ne se ressemblent pas…

Il en est ainsi du sixième jour quand le sultan régnant se présente en personne.

C´est alors qu´a lieu cette curieuse scène :

Sultan éphémère et sultan régnant : l´inversion des rôles.

Quatrième acte de la fête.

Le sultan régnant se présente devant la tente du sultan des tolbas qui le reçoit sans quitter son cheval et s´adresse à lui en ces termes :

« D´où viens-tu ? Quel est ton nom et quel est le nom de ton père ? Qui donc te rend si hardi de pénétrer jusque dans nos domaines ?... Et, méconnaîtrais-tu le puissant roi des Tolbas, le glorieux empereur qui, par la volonté d´Allah, règne sur toute la vermine de la terre et commande à d´innombrables armées d´insectes affamés ? ...»

La harangue se déroule au milieu des rires et de la joie des foules. Mais cela dure quelques minutes à peine, puis la situation se renverse et la farce s´achève de manière impromptue : le roi des Tolbas se précipite de sa monture et vient baiser l´étrier du sultan. Après quoi, c´est le tour du défilé de la H`diya royale : une bonne somme d´argent pour fêter majestuellement l´ultime journée de fête, des dizaines de moutons et de bœufs, des centaines de poulets et de pigeonneaux, des kilogrammes de pains de sucre et de thé, des gâteaux aux amandes, des bougies en quantité…

En l´honneur de la réception royale, ce même sixième jour de la fête, toujours un vendredi, la fameuse khutba de Soltan Tolbas est prononcée.

Le prône transposé dans l´ordre gastronomique

C´est à la veille de la fin des festivités qu´a lieu cette khutba devant la tente du sultan entouré de son makhzen. Véritable parodie du prône solennel du vendredi, elle lui emprunte le style qu´elle transpose sur le mode burlesque et ramène tous les attributs, à caractère pieux, au domaine des victuailles.

La khutba est prononcée au nom du Sultan des Tolbas par son préposé aux Habus qui se présente en un accoutrement des plus curieux : l´orateur est juché sur une monture qui n´est qu´un semblant de chameau, la tête couverte par un cône en sparterie rappelant le couvercle du panier à pain ; il exhibe sur la poitrine un pain rond suggérant la montre de gousset qu´il fait mine de consulter pour surveiller l´heure de la prière ; au cou pend un collier de figues séchés tenant lieu de chapelet dont il égrène les pièces qu´il consomme au fur et à mesure du discours. Par intermittence, les compères acclament leur sultan par la formule « makhzénienne » consacrée : « Allah Ibârek fir `Amer Sidna !» (Qu´Allah prodigue sa bénédiction à notre seigneur !).

Extraits d´une Khutba du début du XXe siècle

Rendons grâce à Dieu [...] qui a assigné aux molaires et aux dents la mission de broyer avec force les divers mets. Nous attestons qu´Allah est le Dieu unique [...], et c´est là un témoignage émanant d´un être qui, de nuit comme de jour, part à la quête de la «Zerda » (banquet plantureux).

Nous attestons également que notre Seigneur Muhammed, Envoyé d´Allah, est notre bien-aimé, lui qui nous a révélé une voie religieuse plus douce que thé au lait. Que la prière et le salut soient sur sa noble famille et ses compagnons qui ont bien suivi sa voie en tenant table ouverte [...]

Rendons grâce encore à Dieu qui, dans Sa Haute Bienveillance, nous a prodigué thé et sucre, nous a autorisé à les siroter en de grandes coupes [...] Bénis soient les compagnons (du thé) qui dispensent leur faveurs aux hommes de Dieu [...]. Ces compagnons ont noms : corne de gazelle, seigneur de toutes les gloires et mets de rois [...] ainsi que sa compagne, « Dame Ghriyba » (sablé) et l´onctueux « Baghrir» (crêpes au miel)… ».

Extraits du texte lithographié à Fès, trad. H. Triki Finale d´une Khutba de même époque

Écoutez-moi bien, ô créatures de Dieu, Lorsque j´aurai rendu le dernier soupir, Lavez mon corps avec du lait, Et ensevelissez-moi dans des crêpes.

Faites-moi un turban de viande boucanée (khli`) Et enterrez-moi dans un lit de semoule2.

Épilogue Le lendemain, septième et ultime jour, notre sultan doit disparaître furtivement du camp, le matin au petit jour. S´il s´attarde, il est attrapé et jeté dans la rivière, manière de lui rappeler la fin d´un rêve. Il redevient alors l´égal de ses « sujets » de la veille…

Ainsi s´achève notre histoire... On ne saurait cependant se quitter sans citer les extraits de ce poème écrit au XVIe siècle par un faqih de l´oasis de Figuig et que nos Tolbas adopteraient sans nulle hésitation :

Celui qui est insensible au printemps et à ses fleurs, au luth quand les doigts en pincent les cordes.

Qui ne vibre point au chant et n´admire le faucon prêt de la fondre …Qui n´a connu ni passion ni amour Et ignore les chagrins du cœur Celui-là a certes un tempérament insensé Et nul doute que de l´âne il a la nature !3 Annexes I.

Sultan authentique et Sultan éphémère Ou L‘inversion des rôles

Au printemps de 1913, deux cortèges se croisent à Marrakech :

(...) et Voici que venant à notre rencontre, un autre cortège apparaît, si semblable au nôtre, qu'il parait en être Ie double : un autre sultan sous un autre parasol rouge, d'autres esclaves agitant en cadence des mousselines blanches, d'autres cavaliers armés de lances. Mais quand on approche davantage, le comique de la situation se dévoile : les lances sont en carton, de même que les canons du camp des Tolba sont en bois ; tout ce luxe est de papier, cette image de souveraineté est une caricature, et ce monarque n'est qu'un roi de carême-prenant.

Cependant, la farce continue. « D'ou viens-tu ? Quel est ton nom et quel est le nom de ton père ? » s‘écrie le chambellan des clercs.

« Qui donc te rend si hardi de pénétrer jusque dans nos domaines ? Ignores-tu les dommages auxquels tu l'exposes, ô Prince des Fols ? Et méconnaîtrais-tu le puissant roi des Tolba, le glorieux empereur qui, par la volonté d'Allah, règne sur toute la vermine de la terre et commande à d'innombrables armées d'insectes affamés ? ... »

Et la harangue se poursuit au milieu des rires et des glousse-ments de joie de la foule.

Mais tout cela dure quelques minutes à peine. Presque aussitôt. Le roi de Carnaval se précipite à bas de son cheval et, présentant une supplique vient baiser 1'étrier du chérif, avec les marques du plus profond respect. »

Missives scellées du sceau de Soltan Tolba Parodie du Makhhzen sur le registre burlesque Aux vizirs et caïds : Exécutez- vous vite !

« A notre serviteur dévoué (ici les noms et litres). Je vous informe que notre Seigneur (que Dieu lui donne la victoire !) nous a autorisé à célébrer la fête habituelle, ainsi qu'elle a été célébrée sous ses ancêtres. Toutes dispositions ont été prises en vue de passer dignement ladite fête, et de grandes marmites sont déjà dressées pour la préparation des mets. Aussi vous ordonnons-nous de verser sans délai la cotisation qu'ont toujours donnée vos pères, mille ans déjà avant la création d'Adam.

Si vous vous conformez à cet ordre, tout ira bien ; sinon nous lancerons sur vous nos armées victorieuses de puces et de punaises, qui vous empêcheront de manger à votre table et de dormir dans votre lit. Exécutez-vous vite : si vous manquez de bêtes de charge pour nous faire parvenir 1'argent, nous vous enverrons pour le chercher des « ânes de jeddah » (= une bestiole) -(...) »5

Aux Autorités du Protectorat (1917) :

Main basse sur le trésor !

Lettre du sultan des Tolbas à M. De Chavigny, chef de service des domaines « Louanges a Dieu (Empreinte du sceau du sultan des étudiants Mohamed Eddoukali)

-- A notre Serviteur M. de Chavigny, Mouddir des biens domaniaux (salutations d'usage).

Faites de votre mieux dans la tâche de mettre main basse sur les immeubles des tiers pour les incorporer à notre domaine et l‘augmenter d'autant conformément a la règle établie (...) »

Le 225 Ramadan l'an 8376 de l'ere chérifienne6 Réponse de M. De Chavigny au sultan des Tolba Louanges à Dieu seul !

De la part du Serviteur de Sa Majesté, De Chavigny, Mouddir des Biens Domaniaux, au très Auguste, etc. (Suite d'épithètes laudatives). Ie Sultan des Tolbas, notre Seigneur et Maître Mohamed Eddoukali, puisse Dieu Ie conserver dans la grandeur ! (...)

Sachez ô Maître Vénéré, que je continue à faire main basse sur tous biens meubles et immeubles qui existent dans votre Empire, tels que maisons, terrains de culture, olivettes, vieux canons, etc. Et cela n'est que justice, car si ces biens appartiennent à des particuliers, votre Makhzen Victorieux est en droit de les confisquer, selon la coutume établie par vos illustres et généreux prédécesseurs et, s'ils n'appartiennent à personne. Le « Baytal-mal » est en droit de les recueillir à titre de biens vacants, conformément à la Sounna. (...)

Salutations, dans la moitie d'un jour de mai 1'an 17 avant 1'ère hégirienne ! 7 Lettre scellée du sceau de Soltan Tolba

Destinataire : un Caîd. Ton burlesque

Annexes

Le printemps des étudiants

Un fond culturel carnavalesque commun

A travers la fête marocaine de « Soltan Tolba » s‘ouvrent des perspectives d‘investigation historique intéressant les multiples facettes du carnaval et célébrant, l‘annonce du printemps dans le pourtour méditerranéen.

Textes à l’appui

« De tout temps l‘humanité a fêté le printemps. Aujourd‘hui encore les pâques chrétiennes, les « mounas » espagnoles et algériennes, l‘antique fête printanière des bergers vosgiens continuent la tradition. Mais de toutes ces fêtes aucune n‘approche celle, qui durant une quinzaine, fait d‘un « joyeux escholier » un souverain tout puissant [Soltan Tolba].

Pour retrouver tant de pittoresque et de caractère, il faudrait remonter à notre Moyen-âge »8.

Pour une éventuelle approche d'un fond commun méditerranéen, on pourrait se réferer aux "Regalia" de l'époque médiévale jusqu'au XVI éme siècle quand les étudiants de la Sorbonne, "couverts de déguisements ridicules (…), se répandaient dans la cité, se donnaient rendez-vous dans le Pré aux Clers (…). Là, réunis sans ombre de surveillance, ils procédaient à l'élection du Roi des Sots"9

Bien d'autres cérémonies existaient alors sous divers noms : la Confrérie des Bons Hommes, Le pape des Fous, l'Evêque de la Déraison, La bande des Mauvais-Garçons.

Le 30/12/2024

Source Web par : Livre "De l’immatérialité du patrimoine culturel"

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