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Géoparc et Recherche Scientifique
Le coins de l’étudiant
Blog Géoparc Jbel Bani
Nouvelle station bovidienne dans la région de Foum Zguid (Maroc) Géoparc Jbel Bani
Par Mustapha Nami
Résumé:
Le site d'Isengaren est une nouvelle station rupestre bovidienne découverte en 2005 dans
La région de Foum Zguid (Maroc). Il s'agit d'une colline allongée sur la falaise de laquelle des figurations rupestres ont été localisées. Ces dernières comprennent notamment des représentations de bovinés souvent de grandes dimensions comparables aux mêmes gravures de même style de la vallée de Tamanart, mais surtout de quelques figurations de sangliers, espèce très rare dans l'ensemble de l'art rupestre à l'échelle du Maghreb.
Abstract:
The site of Isengaren is a new rock art station discovered in 2005 in the area of Foum Zguid (Morocco). It is a hill extending above the cliff on which the engraved figurations were localised. These include in particular representations of bovines, often large-sized, comparable with the same motifs of the same engraving style in the valley of Tamanart.
Especially noteworthy are some figures of wild boars, a very rare species in the rock art of the whole Maghreb.
Zusammenfassung:
Die Fundstelle Isengaren ist eine neue Felsbildstation, die 2005 in der Region von Foum Zguid (Marokko) entdeckt wurde. Es handelt sich um einen Hügel, der sich über einem
steilen Felsabhang erstreckt, auf dem die eingeritzten Tierfiguren enthalten sind. Diese
umfassen hauptsächlich Boviden, die oft sehr groß dargestellt werden und die in Gestaltung und Gravurstil vergleichbar zu jenen des Tamanart-Tales sind. Besonders erwähnenswert
sind einige Darstellungen von Wildschweinen, eine Tierart, die in den Felsbildern des gesamten Maghreb sehr selten auftaucht.
Isengaren2 est une intéressante station rupestre complètement inédite. C'est un site typiquement bovidien présentant des particularités techniques et 1Centre d'Inventaire et de Documentation du Patrimoine, 333, Avenue Hassan II, Rabat, Maroc 2La découverte du site s'inscrit dans le cadre du programme d'inventaire des biens culturels et naturels en cours de réalisation dans la province de Tata par la Direction du Patrimoine Culturel. Le site nous a aimablement été indiqué par Mohamed Zoubair, président de la Commune rurale de Tlit. Stylistiques qui le différencient relativement des gravures communément connues dans les stations bovidiennes de la vallée de Tamanart et de la région de Tata. Dans ce site, on retrouve également un fond tazinien quoique peu représenté puisqu'il n'est identifié que sur deux dalles.
Le site se situe à 31 km à vol d'oiseau à l'Ouest de l'agglomération urbaine de Foum Zguid et à 25 km à vol d'oiseau au Sud-ouest de Tourirt n'Tillas abritant le siège de la commune de Tlit. Il se présente sous forme d'une assez haute colline allongée d'orientation générale Nord-est Sud-ouest de même orientation que celle de Jbel Bani duquel elle n'est distante que de 4 km plus au Nord. La colline portant le nom de Tawghaght se trouve à 3 km au Sud ouest du village d'Isengaren. La colline surplombe au Nord et au Sud de larges feijas parsemées de cours d'eau intermittents. Elle présente une falaise abrupte au Nord et un replat de pente douce vers sa partie méridionale. Son extrémité ouest délimite une cluse avec une autre colline, son prolongement vers l'Ouest.
C'est à cette extrémité et au niveau de la falaise abrupte septentrionale que les figurations rupestres ont été identifiées. Celles-ci se situent généralement sur des surfaces verticales parsemées ou délimitées par des fissurations naturelles de la roche gréseuse. Ces fissurations constituent le principal sinon l'unique facteur de dégradation affectant le site. Il faut signaler, en effet, que malgré la proximité des agglomérations du village d'Isengaren, le site est encore dans un parfait état de conservation dont on ne relève pratiquement pas d'action anthropique. Ce sont donc les fissurations du support qui, à long terme, affecteront gravement la qualité des figurations rupestres. Par ailleurs, les fissurations recoupent dans la plupart des cas, les traits des représentations ce qui constitue en soit un élément de datation relative très important à développer et à exploiter.
Les représentations rupestres du site ont été presque exclusivement réalisées par un piquetage souvent superficiel reflétant une patine quasiment totale et plus rarement peu claire. Elles se rapportent, pour la majorité d'entre elles à des bovinés accusant diverses silhouettes mais toujours comparables aux figurations bovidiennes classiques. Nous notons plus particulièrement l'existence également de quelques figurations qui se rapportent aux suidés constituant, en soit, une découverte largement intéressante car, à notre connaissance, le nombre de sangliers gravés se compte sur le bout des doigts d'une seule main à l'échelle de l'ensemble du Maghreb. C'est donc une station inédite importante à plusieurs égards que ce soit au niveau de la thématique gravée qu'au niveau de la différence des styles.
L'intérêt du site réside également dans l'approche spatiale de l'ensemble des stations rupestres de la région de Foum Zguid qui a livré un certain nombre de nouveaux sites inédits. Cette distribution spatiale reflète clairement une évolution des climats et des milieux écologiques dont le Jbel Bani constitue une barrière des espaces chrono-culturels qui nécessitent encore des études plus approfondies.
Dans ce qui suit, nous présentons un corpus composé d'une vingtaine de figures que nous avons pu relevées dans ce site. Nous avons délibérément omis quelques représentations dont le rendu et l'état de dégradation ne permettent pas l'obtention d'un croquis fiable et lisible. Cependant, nous considérons, à plus fortes raisons, que cet échantillon est suffisamment représentatif de l'ensemble du site car les figurations négligées sont très rares
Figure 1 : le support est une dalle qui se trouve au contrebas de la falaise.
Elle est semi verticale et présente une surface lisse mais affectée par quelques fissurations naturelles. Elle offre deux représentations esquissées. Elles se rapportent toutes les deux à des quadrupèdes. La plus grande d'entre elles est visiblement un bovidé dont la détermination de l'espèce s'avère très difficile. Le quadrupède possède un corps allongé et mince, la tête est très réduite à peine visible, la queue est absente et les pattes sont toutes les quatre apparentes. La surface endopérigraphique est travaillée par une série de cupules diffuses. Au dessous du premier quadrupède, on relève une ébauche d'un autre animal de taille beaucoup plus réduite dont le contour est à peine visible.
Figure 2 : au même niveau que pour les figurations précédentes, on relève un autre support de même nature dont la surface est verticale et lisse. Elle présente une autre esquisse d'un quadrupède dont on ne voit que la tête, le cou, le garrot et les pattes antérieures.
L'esquisse est rendue par un piquetage très superficiel de patine peu claire.
Les cornes de l'animal sont assez courtes et légèrement dressées en avant, ce qui permet de supposer qu'il s'agisse d'un boviné.
Figure 3 : toujours au contrebas de la falaise, on retrouve un grand bloc marqué et la surface interne est épargnée. Le deuxième boviné présente une configuration relativement différente du premier animal. La tête bien que conservée, porte un cornage assez particulier. En effet, les cornes sont mal individualisées et présentent un aspect qui fait penser à un buffle. La queue est, en partie, emportée par la dégradation du support mais il est clair qu'elle est largement dégagée du reste du corps. La surface endopérigraphique est également non travaillée. Dans les deux cas, une longue fissure recoupe les pattes des deux quadrupèdes. La fissure est bien plus postérieure à la réalisation des figurations.
Figure 4 : le support est une grande dalle verticale fissurée et dont une pellicule superficielle commence à se déchiqueter notamment au niveau des bords. Sur sa surface, on relève la représentation d'un animal très mal figuré dans les sites rupestres du Maroc et, plus largement de l'ensemble du Maghreb. Il s'agit du sanglier (sus scofa). Quoique la détermination de l'espèce à partir des figurations rupestres s'avère, pour une grande partie du bestiaire, souvent difficile, la forme générale de la présente figure est quasi certainement celle d'un sanglier. La figure est assez difficilement visible sur le terrain car elle est réalisée par des plages de cupules très diffuses et superficielles d'autant plus qu'elles sont presque totalement patinées. La tête de l'animal est beaucoup plus massive se terminant par un museau pointu et portant une paire de courtes oreilles. Le cou est très large se confondant avec le reste du corps, les pattes vues de profil absolu, sont légèrement courtes et rectangulaires. L'ébauche d'une minuscule queue est vraisemblablement emportée par la dégradation du support. La figure est traversée par une longue fissuration postérieure séparant la représentation en deux parties.
Figure 5 : c'st une surface verticale de la falaise également fissurée notamment dans sa partie supérieure.
La surface offre une représentation réalisée par un piquetage très superficiel et très patiné, ce qui a rendu sa visibilité énormément délicate. Il s'agit d'un quadrupède ayant un corps allongé entièrement travaillé par le même piquetage régulier à l'exception d'une bande semi circulaire au niveau de l'arrière-train. Le cou de l'animal est trop long par rapport aux proportions générales du quadrupède. La tête est minuscule et porte des cornes vues de profil absolu visiblement courtes et projetées en arrière. Toute identification de l'espèce reste, dans ce cas, complètement aléatoire.
Figure 6 : la surface de ce support fissuré présente une figuration incomplète. Il s'agit d'une esquisse d'un quadrupède réalisée par un piquetage profond, irrégulier et presque totalement patiné. On n'y voit que le contour du dos, l'ébauche des pattes, la queue et les oreilles. La détermination à ce stade de réalisation est certainement très difficile mais l'aspect des oreilles suggère soit un canidé soit un suidé.
Figure 7 : le support est fissuré au milieu et très déchiqueté à sa base. La surface présent une figuration largement schématique. Elle est réalisée par un piquetage très superficiel et patiné assez difficilement visible. Il s'agit encore une fois d'un quadrupède dont le schématisme rend l'identification assez délicate. La tête de l'animal est trop minuscule portant de courtes cornes incurvées en avant. Ce dernier caractère laisse penser, non sans difficulté, à un boviné. Les quatre pattes sont visibles et très étroites. L'arrièretrain est d'un rendu mal venu et la surface interne est, en grande partie, travaillée par le même piquetage superficiel.
Figure 8 : au même niveau de la falaise que pour la figure précédente, on relève une autre surface verticale également fissurée et déchiquetée par endroits. Sur cette surface, on distingue très difficilement d'ailleurs, une représentation rendue par un piquetage superficiel et complètement patiné.
La figuration correspond à un quadrupède dont l'identification de l'espèce pose, encore une fois, de sérieux problèmes. Le croquis réalisé montre une silhouette quasiment complète dont on distingue un corps légèrement surhaussé au niveau du dos, une tête portant des cornes courtes et dressées en haut, des pattes apparentes et trop longues et une queue relativement dégagée du reste du corps. La surface interne est presque entièrement travaillée par le même piquetage superficiel.
Figure 9 : non loin de la représentation précédente, on relève une autre surface verticale offrant la silhouette très effacée d'un autre quadrupède. Il est également réalisé par un piquetage très superficiel et complètement patiné.
La figure est ainsi, à peine visible.
Le quadrupède est rendu dans un style très schématique présentant un corps presque géométrique. Les pattes sont rectangulaires, la queue est très courte et pratiquement horizontale, le cou est trop large et domine le reste du corps, la tête présente un museau pointu et étroit. Les oreilles bien courtes et dressées en avant. La surface endopérigraphique est entièrement travaillée par des plages de cupules serrées et continues. L'aspect général du quadrupède suggère encore une fois un sanglier même si cette identification est assez hypothétique par rapport à la première figure du sanglier décrite plus haut.
Figure 10 : les figurations deviennent de plus en plus nombreuses vers l'extrémité ouest de la falaise. Plusieurs surfaces verticales offrent des frises importantes ou des figures isolées de quadrupèdes. Sur l'une de ces surfaces on relève une représentation obtenue dans le même style que pour les figurations décrites supra. Encore une fois, la représentation correspond à un quadrupède dont l'identification de l'espèce est relativement malaisée l'arrière-train de l'animal est incomplet en raison vraisemblablement de la limite du support. Le corps est massif et trapu. Le cou est long avec une tête minuscule portant des oreilles (ou des cornes) très courtes et rabattues en arrière. Les pattes sont mal individualisées et la surface endopérigraphique est entièrement piquetée par des cupules irrégulières. La forme générale de l'animale plaiderait plutôt pour une hyène.
Figure 11 : voici l'une des meilleures représentations du site. Il s'agit d'une figuration de boviné réalisée sur une surface d'un support vertical. L'identification de l'espèce est dans ce cas indubitable et la qualification du bovin en tant que vache est même raisonnable.
La figure est réalisée dans un style naturaliste et dans une posture qui rappelle curieusement les mêmes sujets peints sur les parois du Sahara central! Le profil est semi absolu puisque les quatre pattes sont apparentes. La queue et bien pendante bien qu'assez dégagée du reste du corps. La tête est minuscule et porte de courtes cornes incurvées en avant. La surface endopérigraphique est presque entièrement travaillée. La figure est associée à des plages de cupules éparses.
Figure 12 : ce support illustre parfaitement que la majorité des fissurations affectant les blocs de la falaise, sont postérieures à la réalisation des figurations rupestres. Ce constat indique également, d'une part, que les représentations sont d'une ancienneté importante et que, d'autre part, la dégradation naturelle des supports accusent une célérité qui aboutira sans doute à la disparition complète des gravures rupestres. Une analyse pétrographique du support s'avère intéressant pour comprendre les facteurs de la conservation différentielle par une série de comparaisons avec les sites perchés sur des falaises comme ceux de la vallée de Tamanart par exemple.
Sur la surface verticale de ce support on relève une belle représentation d'un boviné d'un rendu typiquement bovidien. La silhouette générale est semi naturaliste bien que vue de profil semi absolu. Les quatre pattes sont apparentes, la queue est absente ou emportée par la dégradation du support, la tête est minuscule portant les traces de cornes non individualisées et la surface endopérigraphique est décorée par une robe constituée de bandes piquetées.
Nous relevons, par ailleurs, une sorte d'attribut au niveau de la base du cou de l'animal qui pourrait correspondre probablement à une pendeloque comparable à ce qu'on trouve habituellement dans le milieu bovidien.
Figure 13 : non loin de la figure précédente, on relève un autre support qui présente les mêmes caractéristiques de dégradation. Sur sa surface verticale on distingue une silhouette d'un quadrupède d'un aspect assez particulier. Il est réalisé par un piquetage relativement superficiel d'une patine peu claire. L'identification s'avère assez délicate car les caractères anatomiques discriminants ne sont pas suffisamment rendus par le dessin. Cependant, la forme générale du corps de l'animal suggère probablement une hyène. Les quatre pattes sont visible dont celles de devant sont visiblement plus longues. La queue est très minuscule, la tête est légèrement massive et porte ce qui semble être l'esquisse d'oreilles. La représentation est associée, sur le même champ gravé, à d'autres esquisses indéterminées et à des cupules éparpillées.
Figure 14 : toujours à la même concentration des figurations rupestres de la falaise, on relève une autre représentation d'un quadrupède réalisé dans un rendu mal venu et incomplet. La silhouette générale de l'animal figuré se rapporte vraisemblablement à un boviné. L'on note d'emblée, le tracé plus exagéré des pattes postérieures qui débordent largement le champ de la figure. La queue est courte et dégagée du reste du corps. La tête semble être incomplète et légèrement penchée vers le bas. Les cornes ne sont pas marquées et la surface interne porte le début d'une décoration par des lignes verticales. La représentation est également associée à des cupules et à quelques tracés indéterminés.
Figure 15 : voici l'une des plus belles figurations du site. Elle est réalisée sur une surface verticale vers la base de la falaise. La surface est affectée également par une série de fissurations naturelles généralement horizontales traversant parfois le tracé de la figuration notamment au niveau de l'arrière-train et des pattes postérieures.
Il s'agit nettement d'un boviné réalisé dans un style semi naturaliste dans un profil absolu. La caractéristique essentielle de cette figure est qu'elle est obtenue uniquement par le tracé extérieur sans autres attributs internes. Le contour est réalisé par un piquetage assez profond et régulier d'une patine quasiment totale. La représentation du boviné mesure 60 cm de longueur et 36 cm de largeur. La queue est tombante bien qu'elle est malheureusement assez dégradée et se termine par une minuscule touffe. La tête est relativement réduite et porte des cornes parfaitement incurvées en avant. Cette figure affecte au site une tradition bovidienne irréfutable.
Figure 16 : à ce niveau de la falaise, on relève une suite de deux surfaces verticales séparées par une assez grande fissuration. Les deux panneaux offre une importante frise constitué d'au moins 18 bovinés et d'un oiseau.
C'est la plus importante concentration des figurations rupestres du site. Les bovinés sont réalisés dans un même style et ayant une même patine. Cependant, ils accusent différentes formes et offre une panoplie de caractères et d'attributs propres à chaque figure. Une grande partie d'entre eux a été, par ailleurs, effectué par un piquetage très superficiel ce qui a rendu leur visibilité sur le terrain une tâche assez délicate. Leur description détaillée n'est donc pas possible. Par conséquent, nous allons nous limiter à quelques exemplaires tout en précisant que le nombre total des figures affecte à ce site une importance quantitative non négligeable le classant parmi les stations bovidiennes majeures du Sud marocain.
Ainsi, en bas à droite de cette profusion de représentations, nous relevons particulièrement une intéressante figuration d'un oiseau. Cette espèce compte parmi les sujets les plus rares de ce site. En effet, sur l'ensemble des figurations recensées, nous n'en avons identifiée que deux exemplaires dont celui-ci. Le premier est localisé à l'extrême ouest de la colline mais il est dans un rendu et dans une patine qui ne permettent guère ni un relevé fiable ni même une photographie de bonne qualité. Sa silhouette générale évoque cependant une outarde. Il mesure 12 cm de largeur et 10 cm de hauteur.
La présente figure montre un oiseau dont la forme correspond indubitablement à celle d'une autruche. La surface interne du corps est entièrement travaillée par un piquetage assez profond, régulier et d'une patine quasiment totale. L'oiseau est associé à une plage de cupules diffuses et à des esquisses indéterminées à trait largement superficiel.
Figure 17 : cette figure fait partie du tableau précédent. Elle regroupe une partie de la frise de bovinés là où la patine et le trait permettent un relevé exploitable. On y relève quatre représentations de bovinés tous différents au niveau du rendu et des caractères descriptifs. Le premier, en haut, est assez difficilement visible et présente des dégradations de la pellicule rocheuse au niveau de la tête. La surface interne est entièrement travaillée. Le deuxième est sensiblement plus visible.
On note une queue assez large mais bien tombante avec une touffe à son extrémité. Les deux pattes antérieures sont apparentes. La tête porte une paire de cornes distinctes et légèrement dressées en haut. La surface interne est parsemée de diverses bandes piquetées. Le troisième boviné est bien plus réaliste et mieux proportionné. Il est réalisé dans un profil semi absolu. Les quatre pattes sont ainsi toutes apparentes. La queue est parfaitement naturaliste et bien tombante. Le sexe est nettement marqué. La tête est légèrement déformée est porte des cornes incurvées en avant et une paire d'oreilles courtes, caractère très rarement retrouvé dans les figurations bovidiennes. La surface endopérigraphique est rendue par une robe décorée par des surfaces piquetées. Le dernier boviné (en bas du champ gravé) se distingue nettement par une surface interne totalement travaillée, une queue courte et épaisse, des cornes plus longues et bien rabattues en avant et, essentiellement par une pendeloque au niveau du cou. Toutes les représentations ont été visiblement réalisées dans un souci de respect de la perspective puisque la figuration du premier plan est plus grande que celle de l'arrière plan.
Figure 18 : une autre faible concentration de figurations rupestres se trouve vers le sommet de la colline dans sa partie ouest. Elles sont un peu particulières et relativement différentes de celles que nous avons relevées au pied de la falaise. L'une de ces figurations se situe à environ deux mètres du replat de la falaise. Elle est exécutée sur une surface verticale intercalée entre de grandes fissurations horizontales et traversée verticalement par une large fissure nettement postérieure à la gravure. Celle-ci est une belle représentation d'un boviné mesurant 52 cm de longueur et 25 cm de largeur. Le rendu et le style de la figure sont nettement différents de ceux des représentations précédentes quoique de même ambiance thématique et technique. Le rendu semi absolu permet de voir les quatre pattes bien individualisées et parfaitement réalistes figurant même les articulations et, parfois, les échancrures. La queue est relativement courte et se termine par trois ramifications en guise de la touffe distale. La tête est minuscule et les cornes ne sont pas visibles ou ayant été emportées par la dégradation du support causée par les fissurations naturelle. La surface endopérigraphique est entièrement travaillée hormis deux petites surfaces semi circulaires au milieu du flanc de l'animal. Le piquetage interne est véritablement régulier rendu par des suites de cupules denses et uniformes. Le contour de la représentation est réalisé par un trait piqueté assez profond.
En accédant au plateau sommital de la colline, exactement à la limite du replat surplombant la falaise, on retrouve deux dalles horizontales offrant des figurations rupestres d'un autre genre complètement différent des représentations bovidiennes décrites plus haut. Il s'agit d'un certain nombre de gravures parfaitement taziniennes. Il s'avère donc que le site d'Isengaren reflète des images de deux occupations humaines dont on ne sait pas encore leurs situations chronologiques respectives ni même leurs hypothétiques relations culturelles car, en effet, le « faciès » tazinien pose encore énormément de problèmes d'ordre chronologique que ce cadre ne permet pas d'étayer amplement.
Figure 19 : le premier support est une assez grande dalle profondément affectée par de grandes fissurations la séparant en compartiments. Sur la surface irrégulière et rugueuse de ces derniers, on relève une panoplie de signes et de symboles caractéristiques du milieu tazinien : des croix, des lignes entrecroisées, des polissoirs, etc. Parmi ces figurations, on note cependant une représentation d'une antilope rendue par un trait beaucoup plus profond.
Cette identification se base essentiellement sur la tête et les cornes bien visibles.
Ces dernières sont d'un trait effilé et parfaitement projetées en arrière.
Bien évidemment, toutes les figurations ont été réalisées par un polissage parfois profond et d'une patine quasiment totale.
Figure 20 : le deuxième support est une suite de dalles également fissurées.
Elle présente une surface horizontale sur laquelle on relève un ensemble de figurations rupestres taziniennes elles-mêmes recoupées par plusieurs fissurations naturelles. Les représentations sont comparables à celles du support précédent. On retrouve les mêmes lignes entrecroisées, des croix des figures en échelle, etc. tout ce substrat de symbole pour la plupart indéterminés est associé à une représentation d'un rhinocéros rendu dans un style habituellement tazinien. La figuration de l'animal est, de la même façon que pour l'antilope précédente, réalisé par un trait largement profond par rapport aux autres figurations. On relève également une représentation de ce qui semble être une pointe de lance comme on en trouve souvent dans les stations taziniennes.
Conclusion:
La dorsale de Bani semble former une barrière non seulement géographique entre le désert et les vallées oasiennes mais également culturelle en ce sens que la thématique des gravures rupestres est quasiment différente entre le Nord et le Sud de la dorsale notamment dans la région de Foum Zguid. En effet, nos prospections dans la région ont clairement montré qu'au Sud de Bani, les stations rupestres présentent généralement une thématique largement dominée par le style symbolique où la représentation du serpent est partout dominante. Au Nord, la plupart des sites rupestres se rapportent au style bovidien comme c'est le cas pour notre site. Il s'avère donc que les conditions géographiques ont manifestement influencé le choix de la thématique rupestre.
La situation topographique du site est également loin d'être aléatoire. Les figurations rupestres se concentrent sur une falaise d'une colline allongée dominant un confluent. Une telle position ne serait dictée que par son importance par rapport aux conditions hydrographiques et de pâturage car, en effet, partout ailleurs, les concentrations rupestres se répartissent naturellement selon les réseaux hydrographiques (Draâ, Saguiet el Hamra, Oueded Dabab) ou selon la disponibilité des pâturages comme c'est le cas des hauts plateaux (Oukaïmeden, Yagour, ...). Le site d'Isengaren se situe ainsi au niveau d'une colline qui domine à la fois les cours d'eau et les grandes feijas qui auraient été à l'époque des graveurs beaucoup plus verdoyantes et bien plus accueillantes.
Le dépouillement de l'ensemble des figurations recensées dans ce site permet de le rattacher à l'ensemble bovidien comparable aux fameuses stations de Tamanart et de Tata. Les critères de comparaisons sont multiples que ce soit au niveau des techniques (généralisation du piquetage, parfois superficiel) qu'au niveau du style de la représentation (récurrence du profil absolu pour les quadrupède, robes décorées pour les bovinés, grandes dimensions des figurations, existence de frises composées de plusieurs sujets, exécution des représentations sur des parois verticales, etc.). Cependant, le site d'Isengaren offre des particularités intéressantes :
• L'existence de représentations de ce qui semble être des sangliers parfaitement réalisés dans les mêmes canons que pour les bovinés. Il est à noter que cet animal est très rarement représenté dans l'art rupestre. A cet effet, G. Camps écrivit en 1989 que « plus surprenant encore est le cas du sanglier (sus scrofa) dont nous avons noté la fréquence dans les gisements néolithiques (indice 47,5), or cet animal n'est figuré que 4 fois dans l'art rupestre (indice de représentation 2,7) » (Camps, 1989). Rappelons que ces indices de représentation sont établis à l'échelle du Maghreb ! La famille des suidés comprenant les sangliers et les phacochères est ainsi rarissime dans l'ensemble de l'art rupestre marocain. On note cependant l'identification sans équivoque d'une figuration de phacochère à l'Oukaimeden (Rodrigue, 1987).
Le site d'Isengaren est, de ce fait, d'une importance capitale puisqu'il nous a livré au moins deux représentations quasiment certaines de sangliers. La figuration rupestre des hyénidés est également pratiquement exceptionnelle (Rodrigue, 1988). Or, dans ce site nous en avons relevé deux exemplaires assez hypothétiques (figure 10 et figure 13 ci-dessus).
• L'absence totale des représentations des anthropomorphes contrairement aux habituelles stations bovidiennes où l'on rencontre souvent des figurations humaines en association étroite avec les images des bovinés. Une telle association prend diverses formes : bovinés montés, anthropomorphes approchant des bovinés par derrière où carrément par l'intermédiaire d'une laisse comme c'est le cas des figurations bovidiennes d'Imi Ouzlag dans la vallée de Tamanart. Une telle absence d'anthropomorphes dans cette station serait-elle un indice chronologique ? Le site d'Isengaren serait-il ainsi plus ancien par rapport aux stations bovidiennes où la domestication est bien plus flagrante ? Quoi qu'il en soit, une précision chronologique sérieuse ne serait pas, à ce stade de connaissances, suffisamment étayée car, on le sait, tout l'art rupestre souffre encore du manque d'une chronologie absolue évidente. Cependant, conformément à la sériation relative des grandes phases de l'art rupestre (Nami, 2005), le site d'Isengaren appartient indéniablement au chrono style bovidien au sens large.
Par ailleurs, nous suggérons que les fissurations du support systématiquement recoupant les figurations rupestres seraient un indice à exploiter par des procédés physiques et par des moyens techniques adéquats pour mettre en place une méthode de datation absolue fiable
Enfin, la découverte de cette petite concentration appelle également à élargir les prospections au niveau des autres collines environnantes car rappelant-le, une gravure en appelle une autre!
Bibliographie :
CAMPS G., 1989. La faune des temps néolithiques et protohistoriques de l'Afrique du Nord. Travaux de LAPMO, p. 59-69.
NAMI M., 2005. Art rupestre marocain: styles, techniques et chronologie. In
Hunters vs. Pastoralists in the Sahara: Material, culture and symbolic aspects, BAR International Series 1338, 9-14.
RODRIGUE A., 1988. La faune du Maroc au Néolithique et dans la Protohistoire d'après les gravures rupestres. Bull. de la Soc. D'Etu. et de Rech.
Préist. Les Eyzies, n° 37, p.85-97.
SIMONEAU A., 1969. Les chasseurs-pasteurs du Draâ moyen et le problème de la néolithisation dans le Sud marocain. Revue de Géographie du Maroc,
16, p. 97-116.
SIMONEAU A., 1977. Catalogue des sites rupestres du Sud-marocain. Rabat:
Publications du Ministère d'Etat chargé des affaires culturelles.
Source web: Prof. Mustapha Nami