CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES FOURMIS MAROCAINES. DESCRIPTION DES TROIS CASTES D’APHAENOGASTER DEJEANI CAGNIANT, 1982 (HYMENOPTERA, FORMICIDAE) (Géoparc Jbel Bani)
le géoparc du jbel bani - tata

Recherchez sur le site !

Recherche avancée / Spécifique

Géo éco tourisme inclusif

Géoparc et Recherche Scientifique

Le coins de l’étudiant

Blog Géoparc Jbel Bani

Vous êtes ici : Accueil > Publications > CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES FOURMIS MAROCAINES. DESCRIPTION DES TROIS CASTES D’APHAENOGASTER DEJEANI CAGNIANT, 1982 (HYMENOPTERA, FORMICIDAE) (Géoparc Jbel Bani)

GJB

CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DES FOURMIS MAROCAINES. DESCRIPTION DES TROIS CASTES D’APHAENOGASTER DEJEANI CAGNIANT, 1982 (HYMENOPTERA, FORMICIDAE) (Géoparc Jbel Bani)

Par Henri CAGNIANT

Aphaenogaster dejeani de L’Anti Atlas marocain est réécrite pour l’ouvrière et décrit pour les reines et miles. A. dejeani appartient au groupe d’espèces Aphaenogaster praedo Em. ; Elle est morphologiquement proche du couple d’espèces A. praedo Emery et A. curiosa Santschi dont les males sont pourvus d’yeux et d’ocelles développés. Quelques données biologiques sont présentées.

Contribution to the knowledge of Moroccan Ants. Description of the three castes of Aphaenogaster dejeani Cagniant (Hymenoptera, Formicidae)

Aphaenogaster dejeani from the Anti-Atlas of Morocco is described again for the worker caste and described for queens and males. Its belongs to the Aphaenogaster praedo. Em. species group and is morphologically related to the couple of species A. praedo Emery and A. curiosa Santschi, males of which being provided of large eyes and ocelli. Somme biologico data are presented.

Introduction

La Chênaie délictuelle du Jbel El Kest dans Anti Atlas marocain nous a fourni un camponotus nouveau. C. hdlldobleri (CAGNIANT, 1991) et nous a donné l’occasion de retrouver une Aphaenogaster connue jusque 1a sur une seule ouvrière de provenance incertaine, A. dejeani (CAGNIANT, 1982). 66

zoologique

aphaenogaster

Bulletin de la Société zoologique de France 117 (1)

Matériel étudié                           

Une ouvrière ("holotype"), M. DEJEAN leg. "Agadir", Maroc, sans indication de date ni précision de lieu.

Série des plésiotypes : 25 ouvrières et la reine, d’une colonie capturée au Jbel El Kest, Anti Atlas, Maroc, 1800 m. le 26/04/1990. Deux reines ailées et trois males obtenus ultérieurement en élevage (été 1990 et été 1991) au laboratoire. Des exemplaires sont déposés au Muséum national d’Histoire naturelle, Paris (n° 1485, don 705 du 03/04/1991).

Description des trois castes                                                                            

Ouvrières Série plésiotype : Long. Corps : 6,9 - 8,5 mm. Tète et tronc brun rougeâtre sombre, devenant presque noir sur Vocciput, le propodéum et les pétioles. Pattes brun noir ; funicule, tarse et mandibules à peine plus clairs. Pilosité blanchâtre dressée ou sub dressée, assez homogène sur le corps ou elle peut atteindre une longueur de 0,16-0,18 mm, de 0,12 - 0,20 mm sur les tibias et de 0,10 mm sur les scapes.

Tète allongée et fortement rétrécie en tronc de cène vers occiput dont le bord postérieur forme un rebord “en col" bien net ; scape dépassant le bord occipital des 3/8 de sa longueur (tig 2,4). Articles du funicule grêles, plus de 3 fois plus longs que larges pour ceux du début, plus de 2,5 pour les quatre derniers formant la massue.

Tète et tronc réticulés, des rides en mailles plus ou moins distinctes s’étendent du: clypéus au front et s’effacent sur l’occiput ; thorax sans rides ni plages lisses mais dos du propodéum ridé en travers. Epines mediaire droites, grandes, fines et pointues, formant un angle d’environ 50° par rapport a Horizontale ; pétiole et post pétiole allongés, bas, les nœuds arrondis (Fig. 1,1). Ils ne portent qu’une réticulation superficielle. Premier tergite du castré très finement strié en. Long au niveau de son articulation avec le post pétiole mais cette ornementation s’atténue rapidement en arrière en formant une réticulation très fine qui disparait progressivement pour laisser le tégument lisse et luisant sur la bordure postérieure du segment.

Larve du dernier stade : Longueur : 4,7 - 4,9 mm. Pilosité courbe de 0,12 - 0,20 mm, parfois courtement bifide a l’extrémité.

Reines (inédites) : Long. Corps : 8,0 - 9,4 mm. Tète, alitronc et noeuds rouge vermillon sombre et encore plus foncé sur le mésothorax: gastre noir ; mandibules et antennes brun jaune. Pattes brun noir, les antérieures plus claires sur les tibias ; tarses brun jaundtres. Ailes hyalines avec les nervures brun noir ; une cellule discoidale et deux cubitales. ;

Pilosité blanchâtre, plus forte sur le front et le dos que sur les flancs ; 0,12 - 0,20 mm sur le corps, jusqu’é 0,25 mm sur les pétioles et 0,14 - 0,22 mm sur les attes.

Tète et alitronc ornés de fines rides en mailles irrégulières, s’effaçant vers l’occiput et le scutum et devenant alors peu distinctes de la réticulation de base. Celle-ci s’affaiblit 4 son tour au niveau du propodéum et les rides deviennent plus fortes et prennent des orientations diverses. Noeuds à peine réticulés-ridés. Premier tergite du gastre finement strié sur les 9/10 de sa surface, l’ornementation s’atténuant d’avant en arrière. Sur le tiers antérieur, les stries sont droites, longitudinales dans la partie médiane et s’incurvent de chaque coté pour prendre une disposition concentrique ; elles deviennent transversales et sinueuses sur le reste du segment.

aphaenogaster2

Bulletin de la Société zoologique de France 117 (1)

Comme chez les ouvrières, la tète des reines sont fortement rétrécies vers l’occiput et celui-ci est rebordé d’un col. Thorax bas, plus étroit que la tète avec scutum et scutellum peu développés ; en contrepartie, le propodéum forme plus du tiers de l’alitronc (Fig. 1,2). Cette morphologie jointe à la brièveté des ailes implique l’incapacité au vol. Epines fortes, droites, nettement plus longues que leur intervalle basal. Noeud du pétiole en pain de sucre ; postpétiole arrondi.

Males (inédits) : Long. Corps 6,6 - 6,8 mm. Brun noir, assez luisant et d’allure gracile. Pilosité blanche peu dense, sub dressée, longue de 0,10 - 0,25 mm sur le corps, plus courte (0,08 - 0,12 mm) et appliquée sur les pattes.

Tète trois fois plus large au niveau des yeux qu’a celui de l’occiput, lequel est également rebordé. Yeux et ocelles gros (Fig. 255}. Scape presque aussi long que les trois premiers articles du funicule (le premier de ceux-ci est petit, les autres quatre fois plus longs que larges ; Fig. 2,6). Mandibules avec 4 dents différenciées. Epistome luisant, portant trois fines rides en long ; reste de la tète pourvu d’une réticulation délicate et serrée mais restant superficielle.

Alitronc en grande partie lisse sur le pronotum, le mésanépisterne et le mésokatépisterne ; la réticulation, toujours très légère, reparait sur le métanépisterne et le métakatépisterne ainsi que sur le scutum ou lignes parapsidiales et notaulus sont distincts. Profil dorsal peu bombé, allongé ; propodéum grand, tombant obliquement vers l’arrière ; une simple paire de tubercules (pouvant se réduire 4 de toutes petites dents) marquent la flexure propodéale (les deux faces faisant un angle d’environ 120°). Soies sur les tubercules peu abondantes et courtes (0,10 mm). Spiracles propodéaux un peu rebordés, ceux du méta sternum formant une pointe au-dessus des troisièmes paires de hanches (Fig. 2,3).

Noeuds peuslaites bas, superficiellement réticulés, lisses par places. Le premier est plus ou moins triangulaire, le second lenticulaire et prolongé en courtes dents au niveau des spiracles.

Ailes hyalines, normalement nervurées. Pattes fines et bien plus longues que le corps. Gastre luisant, réticulé seulement autour de l’articulation, alutacé plus en arrière.

Génitalias (Fig. 3) petites (0,7 mm, lame annulaire comprise). Plaque sous génitale triangulaire, vaguement encochée au sommet. Partie chitineuse des socii réduite 4 un simple bouton. Valve externe de forme habituelle, son apex arrondi. Valve moyenne et valve interne assez variables sur les trois individus : la première, étroite, peut avoir le digitus plus ou moins anguleux et le cuspis plus ou moins grand ; la seconde, ovale, est plus ou moins allongée selon les individus.

Position taxonomique

Parmi les nombreuses espèces marocaines d’Aphaenogaster, nous classerons A. dejeani comme espèce-sœur du couple A. praedo Emery, 1908 et A. curiosa Santschi, 1933. Chez ces trois espèces, ouvrières et reines ont la tète fortement rétrécie en arrière, avec l’avant corps rouge et des scapes relativement grands (CAGNIANT, 1987, 1990a) ; le caractère dérivé vient des males qui possèdent des yeux et des ocelles plus grands et le propodéum plus long et tombant que chez leurs congénères du groupe. A. dejeani pour sa part, se singularise par la forme encore plus étroite de la tète des femelles, franchement rebordée en col occipital (ce rebord ne forme qu’un simple liserait chez les autres espèces), par la longueur inhabituelle des épines et dans les trois castes, par l’allongement du scape et des articles antennaires.

Bulletin-Société-zoologique

Bulletin de la Société zoologique de France 117 (1)

Bulletin-Société-zoologique1

Fourmis marocaines

Répartition et biologie

La station du Jbel El Kest (9 km 4a vol d’oiseau au NW de Tafraoute, ville située 4 95 km au SE d’Agadir) est actuellement la seule localité certaine d’A. dejeani. Il est probable que l’espèce existe ailleurs dans l’Anti Atlas comme en témoigne l’exemplaire original qui appartient manifestement 4 une population différente. Il présente en effet une coloration plus claire (tète rouge vermillon, un peu rembrunie seulement sur l’épistome et le front, tronc rouge, un peu plus

Brunâtre en arrière et sur les pétioles) mais peut-être s’agit-il d'une immature. La taille est faible (7 mm), la tète très étroite (Long. /larg. tète = 1,93 ; Long. Scape/larg. tète = 2,56) et les épines bien développé (ind. = 1,92), A. dejeani sera donc 4 rechercher dans les ilots rélictuels de Chénes verts parsemant l’Anti Atlas (PELLETIER, 1982:67). Pour l’instant, nous ne l’avons pas rencontrée aux environs d’Agadir (Cap Ghir, Forêt d’Ademine, de Tamrarht, régions de Taroudannt et de Tiznit), ni dans les zones déboisées de l’Anti Atlas (Tizi-n- Tarakatine, Tagmoute, Igherm).

L’Ouvrière de la description originale avait été reçue parmi un prélèvement d’A. praedo ; ce mélange fut la cause de deux erreurs que nous allons corriger ici : 1) Par suite de l’aspect frêle et fragile d’A. dejeani, je n’avais pas écarté l’hypothèse qu’elle puisse être xénobionte ou parasite (CAGNIANT, 1982:285). On sait 4 présent qu'il n’en est rien, A. dejeani vit de manière tout a fait indépendante au J. El Kest. 2) Les 2 males du même prélèvement envoyé par M. DEJEAN furent attribués 4A. Dejeani alors qu’ils appartenaient en fait 4 l’espèce A, praedo (CAGNIANT, 1987:164). Cette dernière, abondante autour d’Agadir, ne remonte guère au-dessus de 1000 m dans l’Atlas (trouvée prés de Tizoghrane, 1050 m au SW de Tafraoute).

La station du J. El Kest n’a fourni que deux fourmilières d’A. Dejeani ; l’espèce est peut-être nocturne et les males A gros ocelles le sont très probablement comme ceux d’A. Praedo (CAGNIANT, 1987:164). Les nids se trouvaient dans les interstices de rochers colmatés par la terre et humus, sur les espaces ensoleillés entre les vieux chênes éparses. Les ouvrières collectent des étales de Cistus villosus L. qui sont consommés car tous ceux qui furent ramassés lors de la capture avaient disparu 10 jours plus tard. Le nid que nous avons fouillé pour le ramener en élevage était peu profond (quelques chambres et galeries descendant a une vingtaine de centimètres) et contenait la reine, environ 250 ouvrières et une centaine de larves. Les larves Agées se nourrissent seules sur les débris d’insectes que les ouvrières déposent 4 proximité ; au laboratoire, la diet artificielle sur agar est bien acceptée.

Après orphelinage, la société a produit deux reines de remplacement à pan du couvain laissé mais aucun male n’apparut au cours du premier été. À la fin d’hiver 1990-91 il ne restait que quelques larves 4gées et nymphes d’ouvrières. La ponte des ouvrières orphelines ne débuta qu’en avril 1991 ; bien qu’assez abondante (jusqu’a 150 œufs) elle ne donna finalement qu’une vingtaine de nymphes et seulement trois adultes males au cours de l’été. En présence de la reine, les ouvrières pondent des œufs sphériques (diam. 0,40 - 0,45 mm) plus petits que les œufs royaux (ovoïdes, grand diam. de 0,52 - 0,63 mm). Leurs propres œufs reproducteurs sont encore un peu plus gros (grand diam. 0,58 - 0,66 mm). Les petits œufs sphériques sont mangés par les larves, la reine et les ouvrières elles-mêmes ; de tels "œufs alimentaires" existent chez de nombreuses fourmis (HOLLDOBLER et WILSON, 1990:167). Crest aussi le cas d’Aphaenogaster atlantis Santschi, 1929 (CAGNIANT, non publ.) qui en élevage ON elle aussi des males avec retard et difficulté (CAGNIANT, 1990b:129- 130).

Source web: antbase

Les tags en relation

Découvrez notre escpace E-commerce


Pour commander cliquer ci-dessous Escpace E-commerce

Dictionnaire scientifique
Plus de 123.000 mots scientifiques

Les publications
Géo parc Jbel Bani

Circuits & excursions touristiques

cartothéques

Photothéques

Publications & éditions