


Les Berbères de l’Anti-Atlas
Depuis environ trois millénaires, l’Anti-Atlas est peuplé de Berbères. A l’ouest les Chleuhs parlant le dialecte tachelhit sont des sédentaires céréaliculteurs et arboriculteurs. De nombreuses confédérations de tribus se partagent le pays Chleuh. L’histoire de leur évolution est mal connue mais de tout temps, et jusqu’à l’installation du Maghzen, on a assisté à la migration des habitants de la montagne vers les plaines de piémont. Tous ces mouvements de population étaient motivés par des conditions démographiques et économiques. Ainsi, la recherche de terrains de parcours et de cultures a incité les groupes humains à quitter la terre de leurs ancêtres « poussés par les mêmes nécessités, ceux qui restèrent en vinrent, par la suite, à de fréquentes razzias dans les plaines » (R. Belmas Fort, 1961, p. 41). Pour faire face à la menace de l’ennemi, les tribus des plaines contractèrent d’éphémères alliances. Cette insécurité est à l’origine de l’aspect fortifié qu’ont pris, dans ces régions, douars et kasbas.
Gravure rupestre d’Ihrir n’Irhaaïn. Photo A. Simoneau.
Anti-Atlas oriental est, au contraire, occupé par la puissante confédération des Aït-‛Atta, peuple d’éleveurs transhumants. L’hiver, ces semi-nomades campent avec leurs troupeaux sur le versant sud du Sarhro ou dans quelques vallées abritées aux sources pérennes, dès la fin du printemps, ils commencent une transhumance vers les alpages du Haut-Atlas : les tichkas (tiška).
Pendant la période historique, la montagne anti-atlasique isolée est restée étrangère aux destinées des grandes dynasties marocaines. Cet isolement superbe, à caractère féodal, s’est poursuivi alors que le Maroc était presque entièrement sous la domination française. En effet, il faut attendre la dernière étape de la conquête pour voir le jbel Sarhro finalement soumis. En 1926, de vastes régions échappent encore à la domination du Maghzen : le Tafilalt, le Haut-Atlas central et oriental, l’Anti-Atlas dans son ensemble. De 1931 à 1934, la conquête de ces bastions isolés est entreprise. En 1931 est décidée la création du commandement des « confins marocains » chargé de conquérir le Tafilalt. Avant de l’attaquer, les oasis septentrionales sont occupées (novembre 1931).
En janvier 1932, le Tafilalt est investi après de durs bombardements. Au début de 1933, le jebel Sarhro est le théâtre de combats acharnés surtout dans le massif du Bou-Gafer, symbole de la résistance à l’envahisseur.
De tout temps la vaste confédération des Aït-‛Atta est restée indépendante et les tentatives pour la soumettre furent très éphémères ou se soldèrent par de graves échecs pour le Maghzen. Un dicton populaire Aït-Atta dit : « Le père ‛Atta a juré qu’il ne paierait pas (sous-entendu, l’impôt), même si le Sarhro devenait une plaine. »
Au moment où se sont achevées les opérations de 1932 sur le pourtour du massif, la majeure partie du territoire de la confédération est contrôlée par les troupes françaises. Les Aït-‛Atta ont perdu alors la domination sur les oasis du Dra, du Todhra, du Tafilalt et du Ziz. Une bonne partie de la population s’est soumise de gré ou de force, mais les factions qui résident dans le Sarhro manifestèrent toujours à l’égard des Français une farouche hostilité.
Sous la direction des généraux Catroux et Giraud, la conquête des hautes terres du Sarhro commence le 13 février 1933. La stratégie était de couper les retraites aux différents groupes de résistants repliés dans les vallées profondes et les massifs escarpés.
Dès le 13 février, les opérations s’engagent difficilement et les troupes françaises essuient plusieurs revers. L’encerclement du massif est mal coordonné dans un terrain où les assaillants piétinent sous le feu des tireurs Aït-‛Atta embusqués. Du 21 au 25 février, malgré le courage des assaillants, les Aït-‛Atta du Bou-Gafer restent maîtres du terrain.
Du 25 au 27 février, le capitaine de Bournazel, figure à jamais légendaire de la conquête du Maroc, arrive à prendre pied sur le versant est du massif. L’action de l’aviation, le renforcement de l’artillerie et le resserrement du blocus oblige, le 26, une partie des défenseurs à entamer des négociations mais le même jour, les plus irréductibles ayant eu gain de cause, il fallut, provisoirement, abandonner tout espoir de paix.
La journée du 28 fut la plus rude de toutes. Les tentatives des troupes françaises pour investir les fameuses aiguilles du Bou-Gafer échouèrent et le capitaine de Bournazel trouva une mort héroïque au cours de ces combats.
Le mois de mars fut celui des négociations qui aboutirent le 25 mars à la soumission des derniers résistants du Bou-Gafer commandés par Asso ou Beselham.
La soumission des Aït-‛Atta du Sarhro eut un grand retentissement ; les tribus encore insoumises et qui n’attendaient qu’un nouvel échec des Français pour reprendre les armes abandonnèrent leur belliqueux projet et se rallièrent au Maghzen entre avril et mai (J. Saulay, 1983).
L’organisation du pays, enfin pacifié, plaça le Sarhro sous l’autorité administrative du territoire de Ouarzazate et un poste des affaires indigènes fut créé à Iknioun qui reste, encore actuellement, le chef-lieu du Sarhro et le seul souk de la montagne.
L’année 1934 voit l’achèvement de la conquête par les opérations des unités motorisées lancées dans le désert entre Tindouf et la Mauritanie (J. Brignon et al, 1967).
Source web par encyclopedieberbere.revues
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