Extinction massive : il faudra jusqu'à 7 millions d'années pour s'en remettre !
En l'espace de 130.000 ans, l'Homme a rayé de la surface de la planète des branches entières de grands mammifères. Une richesse perdue qui sera extrêmement longue à se régénérer par l'évolution naturelle.
« L'Homme extermine les animaux si rapidement que la nature mettra des millions d'années à s'en remettre », alerte une nouvelle étude parue le 15 octobre dans la revue PNAS. Depuis 130.000 ans, plus de 2,5 millions d'espèces ont été rayées de la surface de la planète, dont 500.000 dans les seules 1.500 dernières années. Une extinction massive qui concerne en premier lieu les mammifères sauvages : 83 % d'entre eux ont déjà disparu, d'après une précédente étude de 2018. Et près d'un quart des espèces sont aujourd'hui menacées, dont 199 sont en danger « critique », d'après la liste rouge de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature).
Le couagga (ou quagga), disparu en 1883. En 1.500 ans, l’Homme a causé l’extinction de 500.000 espèces. © Peinture de 1793 de Nicolas Marechal représentant un étalon quagga de la ménagerie royale de Versailles de Louis XVI. ©Wikimedia Commons, DP
La Terre a déjà fait face à plusieurs extinctions de masse. Celle du Permien-Trias, il y a 250 millions d'années, a ainsi éradiqué près de 95 % de la vie marine et 70 % des espèces terrestres. Mais les pertes causées par l'Homme sont, elles, bien trop rapides pour permettre à l'évolution de restaurer la biodiversité perdue, estiment les auteurs de l'étude. Ces derniers ont cherché à évaluer combien de temps serait nécessaire pour revenir au niveau de la biodiversité préalable à l'ère anthropocène concernant les mammifères.
Des disparitions qui ont coupé des branches entières du vivant
Plutôt que de se livrer à un simple calcul comptable, les auteurs ont évalué l'importance relative de chaque animal dans la phylogénétique. Toutes les disparitions n'ont en effet pas le même impact. Celles des gros mammifères, comme le lion marsupial Thylacoleo, le tigre à dents de sabre ou le Macrauchenia (une sorte de chameau avec une trompe), sont ainsi les plus graves, car ces derniers étaient les uniques représentants de leur branche. Une fois éteints, ces pans entiers de la biodiversité ont disparu à jamais, rayant de la carte des millions d'années de l'histoire de l'évolution. À l'inverse, il existe des centaines d'espèces de musaraignes. Si quelques-unes venaient à disparaître, il serait possible qu'elles se « reconstruisent » grâce au mécanisme de l'évolution, avance Matt Davis, paléontologue de l'université d'Aarhus, au Danemark, et coauteur de l'étude. La disparition d'animaux apparus récemment, comme celle du paresseux nain, ne serait pas non plus trop dramatique puisqu'il pourrait « renaître » à partir d'autres espèces de la même branche.
Avec l’extinction des derniers Macrauchenia, il y a environ 12.000 ans, les mammifères ont perdu l’une des branches les plus riches de leur biodiversité. © Illustration de Robert Bruce Horsfall, Wikimedia Commons, DP
Jusqu’à 7 millions d’années pour revenir à la biodiversité de l’ère pré-anthropocène
Dans le meilleur des cas, c'est-à-dire si plus aucune espèce de mammifère ne disparaissait à partir d'aujourd'hui, il faudrait 500.000 ans pour revenir au même niveau de biodiversité qu'avant l'arrivée de l'Homme, d'après les calculs des scientifiques. Ce n'est hélas pas l'hypothèse la plus probable. Dans le cas plus vraisemblable, celui où les extinctions continuent au rythme actuel pendant encore 50 ans, cette reconstruction pourrait prendre 5 à 7 millions d'années, dont 3 à 5 millions riens que pour restaurer la biodiversité perdue durant ce laps de temps. Car, même en prenant en compte l'apparition de nouvelles espèces, naturelle dans le processus d'évolution, la destruction causée par l'Homme est bien trop rapide pour être compensée.
Les seuls mammifères restants seront des rats !
Aujourd'hui, le principal danger concerne les gros mammifères comme les rhinocéros et les éléphants, derniers représentants des mammouths préhistoriques. Les chances de l'éléphant asiatique de passer le cap du XXIIe siècle sont ainsi inférieures à 33 %, estiment ainsi les chercheurs. De même, l'extinction de l'oryctérope du Cap, seule espèce survivante du genre Orycteropus, serait irréparable. Au final, il risque de ne plus rester que les petits mammifères, moins sensibles à cette extinction de masse. « Nous ne verrons plus d'éléphants, mais uniquement des rats », prévient Matt Davis.
Publié Le 19/10/2018
Source web par: futura sciences
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