Ahwach, l’art traditionnel phare d’Ouarzazate
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Ahwach, l’art traditionnel phare d’Ouarzazate

Ahwach est un fondement de l’identité culturelle des communautés chleuhes. D’une tradition vivante, il est aujourd’hui réduit à une danse folklorique. C’est là le résultat d’un lent processus qui a déraciné Ahwach de son contexte original pour en faire un produit culturel parmi d’autres dans l’offre touristique contemporaine. Ahwach a de fait perdu ses valeurs intrinsèques pour ne répondre désormais qu’à la seule qualité pittoresque recherchée par les touristes. Cette exploitation abusive et irréfléchie d’un des piliers du patrimoine marocain a transformé Ahwach en un spectacle artificiel qui travestit cet art traditionnel et plonge dans l’oubli son langage, son esthétisme, ses gestes ainsi que le talent de celles et ceux qui l’exécutaient jadis comme une affirmation de leur authenticité, et de leur liberté. Sudestmaroc.com se propose aujourd’hui d’apporter un éclairage complet sur toutes les composantes de cet art marocain afin de lui redonner ses légitimes galons et toute sa place dans le rayonnement du Maroc.

Seul le patrimoine oral charrie les époques immémoriales des communautés qui ont peuplé la région Sud Est du Maroc. Ahwach en est une branche de cet héritage. Un art qui allie danse et poésie chantée. Il incarne le brassage ethnique, la conception du monde et de l’être chez les communautés chleuh. C’est une tradition conçue et pratiquée par les femmes et les hommes pour véhiculer leur histoire dans le temps pour échapper à l’oubli. C’est aussi un moyen de remonter le temps pour comprendre le mode de vie et de pensée des communautés chleuh d’autrefois.

Ahwach est donc une création artistique, un moyen d’expression qui contourne l’ordinaire et opte pour le geste, le vers, les costumes, pour véhiculer différents messages sans transgresser la convenance et pour briser merveilleusement les tabous sans corrompre les mœurs de la collectivité. Dans une communauté conformiste, réserviste, au moins dans les apparences et en groupe, la communauté chleuh a fait d’Ahwach une brèche de liberté, de caprice, de folie, d’ivresse et de fantaisie aussi bien chez les femmes que chez les hommes. C’est à Ahwach que les corps s’enflamment, que les langues se délient sans peur, que l’imagination ne se tarie pas, que les femmes et les hommes font du vers et de la danse des vecteurs pour créer un univers de l’épanouissement du corps, de l’âme et de l’esprit.

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Ahwach, d’une tradition culturelle à un stéréotype dévalorisant

Avec l’avènement du protectorat et de l’occident avide d’exotisme, Ahwach est passé d’une tradition propre à la communauté chleuh à un simple folklore extirpé de son contexte socioculturel et dénué de tout sens. Une étiquette stigmatisant qui a permis à une société civilisée, en l’occurrence l’Europe, de jouir de l’aspect primitif d’une communauté inférieure et différente dont le rôle est de lui assurer l’exotisme et le plaisir des yeux.

Pour un tel public, Ahwach n’est qu’un spectacle visuel, une sorte d’ambiance carte-postale. Planté dans un espace artificiel suscitant le merveilleux, la curiosité ou la surprise, Ahwach est devenu alors un produit étranger et étrange. La continuité de cette tendance se confirme d’avantage avec l’essor du tourisme. Ahwach est d’ores et déjà une activité principale dans le menu de l’animation destinée aux touristes. Par digression, il est même programmé dans des situations inappropriées. C’est aussi un simple gagne pain pour ceux et celles qui le pratiquent. Des femmes et des hommes souvent issus de milieu précaire qui étaient avant le berceau de cet art traditionnel notamment Taourirte, Tifoultoute et Telouet, s’accrochent à Ahwach et se contentent des miettes pour ne pas sombrer dans la misère.

La vulgarisation de cette tradition culturelle se traduit concrètement par des spectacles folkloriques promus par les acteurs économiques, les responsables politiques et administratifs à tort et travers sans se préoccuper de la valorisation de ses aspects tant artistiques que culturels. Seul l’intérêt individuel et immédiat est mis en avant au détriment de tout un héritage collectif qui se détériore au vu et au su de tous. Vidé de sa beauté et des valeurs humaines qu’il véhicule depuis des siècles, Ahwach est réduit à un simple cliché qui dénature et la population autochtone et sa culture.

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Ouvrir Ahwach sur le changement et l’évolution

Certes les traditions ne meurent pas, mais elles s’appauvrissent et finissent par se ternir et devenir un anachronisme dans des contextes socio-économiques et culturels différents. Ahwach comme tradition propre à un cadre tribal révolu est aujourd’hui étranger dans un contexte où la communauté chleuh est imprégnée de principes de modernité. Méconnu par la même communauté qui l’a fait naitre des siècles avant, Ahwach est figé dans sa forme initiale. Or, il y a lieu de se pencher sur ses ressorts culturels, ses modes de transmission, son esthétique… De plus, il ne suffit pas de penser à le sauvegarder dans sa forme originale, mais aussi de l’ouvrir au changement à l’évolution pour s’adapter aux époques et aux générations.

Ahwach mérite également le statut d’un art à part entière parce qu’il véhicule les valeurs et le mode de vie de la communauté chleuh des époques passés. D’où l’utilité de le transcrire sur d’autres supports plus modernes pour des objectifs pédagogiques et de le programmer dans les instituts de formation artistique particulièrement les arts traditionnels.

Certes Ahwach est une tradition chleuh, cependant il représente une histoire commune et plurielle des peuples et des cultures qui ont vécu ou traversé le Sud Est du Maroc.

Publier Le  7 mars 2019

Source web Par sud est maroc

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