L’architecte Salima Naji à l’honneur
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L’architecte Salima Naji à l’honneur

Le très prestigieux Aga Khan Award for Architecture vient de sélectionner le programme de préservation des architectures oasiennes de la région de Guelmim mené par l'architecte Salima Naji.

Par Rajae Oumalek

Le programme de préservation des architectures sacrées et collectives des oasis de la région de Guelmim-Es Smara, mené par l’architecte Salima Naji depuis 2003, a été retenu dans la liste restreinte des 20 projets qui pourront prétendre au très convoité Aga Khan Award for Architecture, cycle 2013. Le suspense durera jusqu’au mois de septembre lorsque le précieux Award sera décerné à Lisbonne.

Le programme mené par Salima Naji s’articule autour des greniers collectifs de la commune d’Amtoudi (province de Guelmim), de ksar d’Assa (province d’Assa-Zag) et de ksar d’Agadir Ouzrou à Akka (province de Tata). Avec le soutien de l’Agence du Sud, la talentueuse architecte a élaboré une stratégie de restauration participative du patrimoine architectural des oasis, qu’elle avait préalablement mise en œuvre pour restaurer des greniers collectifs, comme celui d’Aguellouy à Amtoudi en 2003. En 2006, à la demande d’Ahmed Hajji, directeur de l’Agence du Sud, a débuté un chantier participatif à Assa pour rénover la muraille du ksar. Des maalmines issus de la commune d’Amtoudi, rompu aux techniques constructives en pierre, en terre, en chaux et en bois de palmier, ont ainsi encadré plusieurs dizaines d’ouvriers d’Assa. Parallèlement, avec toutes les associations locales, l’architecte Salima Naji et l’Agence du Sud ont élaboré un programme d’action communautaire de sauvegarde et de réhabilitation du ksar d’Assa. Le recours massif à la main d’œuvre et aux matériaux locaux a permis au chantier d’avoir un très faible bilan carbone et de s’inscrire de bout en bout dans des logiques de durabilité économique, sociale, environnementale et culturelle.

Outre les parties collectives et les parties sacrées qui ont été restitués, l’agence du Sud a initié un ambitieux soutien à des porteurs de projets (associations, micro-entreprises) pour développer des activités génératrices de revenu dans le ksar. Aujourd’hui, ce sont deux restaurants et quatre maisons d’hôtes réhabilitées dans les règles de l’art qui assurent l’accueil des visiteurs dans le ksar.

Par ailleurs, soucieux de préserver la culture immatérielle, extrêmement dynamique dans cette province, le programme a permis la réalisation d’un vaste théâtre en plein air où viennent se produire les troupes de musique locales, régionales mais aussi internationales comme en avril dernier, l’orchestre national de Jazz (France). De même, l’espace sacré de la Zawya où se déroule le grand moussem des Ayt Oussa a été intégralement restructuré. Le bâtiment religieux a été réhabilité pour un accueil optimal des jeunes étudiants. L’Agence du Sud avec l’architecte Salima Naji ont aussi mené, en 2007, une campagne de restauration intégrale des deux greniers collectifs d’Amtoudi.

Preuve du succès de toutes ces actions, des ONG sollicitent l’architecte Salima Naji pour dupliquer cette approche participative à d’autres ksours de la région. Les façades face à la palmeraie et les entrées historiques ont été réhabilitées avant d’initier une dynamique plus ambitieuse avec les habitants et les coopératives.

En sélectionnant ce programme, l’Aga Khan Award for Architecture salue la volonté de multiplier avec la société civile locale les projets intégrés permettant outre le maintien des compétences constructives, la préservation d'un espace public de qualité support à toutes les pratiques immatérielles. La maitrise d’ouvrage (l’Agence du Sud) et le maître d’œuvre (Salima Naji) se sont mis au service des habitants pour élaborer avec eux un projet respectueux de leur patrimoine et de leur environnement.

De plus, si dans le cadre de l’Aga Khan Award seuls les projets achevés avant le 31 décembre 2011 sont retenus, ce qui a séduit le comité de sélection et les experts évaluateurs est la reproductibilité de la méthodologie. L’architecte vient d’achever au premier semestre 2013 deux restaurations de greniers collectifs à Ayt Kine et Isserghine (province de Tata), toujours selon la même approche participative, dans le cadre de l’American Ambassador Fund for Cultural Preservation

Entretien

« J’espère enclencher une dynamique régionale durable »

Salima Naji, architecte

Entretien réalisé par Mohammed Zainabi

L’Observateur du Maroc. Le programme de préservation des architectures oasiennes que vous avez mené dans la région de Guelmim vient d’être nominé pour le prestigieux Aga Khan Award for Architecture, cycle 2013. Votre commentaire ?

Salima Naji. Cette nomination est une chance pour mettre en valeur le patrimoine architectural d’une région marginalisée. Les architectures oasiennes de la région de Guelmim sont méconnues au Maroc et dans le monde. Depuis la période coloniale, les différentes campagnes de promotion touristique associent architectures sahariennes et kasbahs ou ksours du Dadès, du Todgha, du Drâa et du Ziz. Les franges sahariennes de l’Anti-Atlas sont ignorées alors qu’elles conservent des trésors architecturaux multiséculaires. Ainsi, cela rappelle la richesse immense du patrimoine marocain avec ses multiples spécificités locales. Cette nomination vient en contre point de la tendance actuelle qui est de dupliquer le style skouri (palmeraie de Skoura, province de Ouarzazate) dans tout le Sud. Il faut souligner que les greniers collectifs (Igudars) d’Amtoudi attestent de la vitalité de cette institution dans notre pays alors qu’elle a disparu partout ailleurs. Le patrimoine architectural marocain ne doit pas être considéré comme une coquille vide, un décor de carte  postale, mais comme un écrin au patrimoine immatériel.

Que représente déjà pour vous cette nomination ?

Être nominée est un immense honneur, car cela signifie qu’un jury international aussi prestigieux que celui de l’Aga Khan Award for Architecture a considéré que ma démarche (les chantiers de restauration participatifs, tout en ayant une grande exigence technique) est une expérience digne d’être promue à l’échelle mondiale. Cette reconnaissance internationale conforte mon action, lui assurant une plus grande légitimité. Dans cette activité, les femmes sont très peu nombreuses et sont souvent déconsidérées. A l’exception de quelques responsables comme le directeur de l’Agence du Sud, Ahmed Hajji, beaucoup de décideurs, d’experts, de techniciens, étaient très sceptiques quant à la réussite possible d’une telle stratégie. Désormais, elle a gagné ses lettres de noblesse.

Quels sont les autres projets du même genre que vous menez actuellement ou que vous projetez de piloter ?

Actuellement, je viens d’achever deux phases de chantiers sur les Igudars (greniers collectifs) d’Ayt Kine (commune de Tagmout n’Yacoub, province de Tata) et d’Isserghine (commune d’Akka Ighane, province de Tata) avec l’American Ambassador Fund for Cultural Preservation (AFCP). Le premier a été totalement restauré, tandis que le second d’une importante phase de sauvetage. Ensuite, avec la direction du patrimoine du ministère de la culture du Maroc, nous travaillons sur le site archéologique du minaret de Kasbat Oumragh (province de Tata). Par ailleurs, je continue de travailler dans la médina de Tiznit.

De nombreux projets sont en phase d’études et j’espère qu’ils se concrétiseront. J’essaye désormais d’ouvrir chaque année deux chantiers de restauration participative à proximité de mes autres chantiers. A chaque fois, il faut beaucoup de temps et de patience, mais par ce procédé, j’espère enclencher une dynamique régionale durable

Paru dans le n°216 de L’Observateur du Maroc

Source web par : lobservateur

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