Gravures rupestres pré-historiques : un très précieux trésor du Maroc du Sud qui est en danger (Géoparc Jbel Bani)
Le Maroc compte d'innombrables gravures rupestres, témoignages de l'homme pré-historique. A l'époque, il y a quelque 6'000 ans, la contrée était peuplée d'éléphants, de girafes, de bovidés, de gazelles et autres antilopes. Ces richesses archéologiques sont particulièrement nombreuses dans le Sud du Maroc, à la fois dans la Vallée du Drâa et dans l'Anti-Atlas. Mais ces trésors sont en grand danger. Ils sont en effet trop souvent pillés, volés, vendus ou encore détruits.
Professeur à l'Université Mohamed Premier à Oujda, Hassan Aouraghe lance un cri d'alarme. Il estime que les gravures rupestres risquent de disparaître d’ici quelques années.
Destruction
Les premiers ennemis du patrimoine archéologique marocain seraient les mafieux, les chercheurs de trésors et même des scientifiques qui, dénonce-t-il, détruisent ce pactole légué par de lointains ancêtres.
Hassan Aouraghe se souvient d'une gravure rupestre datant de 6'000 à 4'000 ans que des trafiquants, qu'il compare aux braconniers prêts à tuer un éléphant pour son ivoire, avaient voulu emporter. Ils l'avaient détruite à coups de marteau et de burin. Mais ils n'avaient pas réussi à emporter la pierre qu'ils avaient dégagée, si bien qu'on l'a retrouvée un peu plus loin, séparée de son roc d'origine.
Laisser sa trace...
Une expression de la bêtise humaine tient dans le fait que des promeneurs ne trouvent rien de mieux que de laisser une trace de leur passage sur ces pierres.
Le professeur Aouraghe souligne que les hommes préhistoriques avaient pour habitude respectueuse de réaliser leurs inscriptions à côté des précédentes, et non par-dessus, et que certains contemporains pourraient en prendre de la graine...
Coordonnées exactes pas conseillées
Pensant bien faire, certaines personnes ont publié les coordonnées GPS exactes de certaines pierres. Pour le professeur Aouraghe, ces informations sont dangereuses. Elles faciliteraient en effet l'action des destructeurs du patrimoine !
Certaines gravures dont la localisation est connue échappent toutefois heureusement à ce phénomène. C'est le cas, par exemple, des gravures rupestres situées au sud d'Amtoudi, qui représentent des éléphants (voir notre photo ci-dessus). Des guides vous y emmènent sans problème.

Très forte densité dans l'Anti-Atlas
Une carte générale du Maroc est diffusée sur Internet, montrant la densité de ces trésors pré-historiques. Voici ci-dessus la partie de cette carte qui concerne le Sud du Maroc, et en particulier l'Anti-Atlas, qui en présente une très forte densité.
Les témoignages gravés dans la pierre fournissent une double indication. Ils montrent que l'homme vivait sur les terres de l'actuel Maroc depuis la nuit des temps. N'y a-t-on pas découvert cinq squelettes fossiles d'Homo sapiens, ancêtre de tous les humains, datant de 315'000 ans ? Jebel Ighoud au nord d'une ligne Marrakech-Essaouira, est ainsi devenu le nouveau berceau de l'humanité, ces restes humains faisant reculer les origines de notre espèce de pas moins de 100'000 ans.
Les animaux représentés sur ces sculptures - girafes, éléphants, bovidés, antilopes, entre autres - confirment en outre ce que les scientifiques ont établi depuis longtemps. Ces animaux, qu'on ne trouve aujourd'hui qu'en Afrique australe, peuplaient le nord du continent africain il y a plusieurs dizaines de milliers d'années.
Quelques pistes
Le professeur Aouraghe souhaite que le Maroc s'inspire de l'exemple de l'aéroport de Tamanrasset, en Algérie, qui s'est doté d'un scanner permettant de détecter les objets appartenant au patrimoine interdit d'exportation. Ce pourrait être un premier pas.
Un autre consiste à sensibiliser les habitants proches de ces trésors préhistoriques afin qu'ils contribuent à les protéger, comme cela s'est produit à Oukaïmeden, au pied du Toubkal.
Une piste supplémentaire, qui contribue aussi à l'information d'un public trop souvent ignorant, peut consister à montrer ces trésors dans les musées. Celui en cours d'aménagement à Tiznit prévoit de faire traverser les visiteurs dans un agadir reconstitué et de montrer une paroi de témoignages picturaux datant de la préhistoire.
Le 31 mai 2018
Source web par : le jardin aux étoile
Les articles en relation
Qu'est ce qu'une météorite ?
De premiers abords cela ressemble souvent à un simple morceau de roche, mais il s’agit de matière extraterrestre âgée de 4,5 milliards d’années. Les météorites proviennent d
Savoir plus...
Au nord du Jebel Bani
Au nord du Jebel Bani Site de Lghola En bas de la grande descente du Tizi Guettara par l’oued Feija, après un ressaut, arrivé dans une zone de tumulus. L’ensemble domine la grande plaine qui relie Zagora
Savoir plus...
#MAROC_Promotion_des_énergies_renouvelables et de l’efficacité énergétique dans les provinces de Midelt et Tata (EDMITA) (Géoparc Jbel Bani)
#MAROC_Promotion_des_énergies_renouvelables et de l’efficacité énergétique dans les provinces de Midelt et Tata (EDMITA) (Géoparc Jbel Bani) Description succincte du projet Designation : EÌ
Savoir plus...
La structure interne de la Terre
L'intérieur de la Terre est constitué d'une succession de couches de propriétés physiques différentes: au centre, le noyau, qui forme 17% du volume terrestre et qui se divise en noyau interne s
Savoir plus...
Aït Kine, un des derniers greniers collectifs en activité au Maroc
Aït Kine, un des derniers greniers collectifs en activité au Maroc "Les traditions disparaissent mais pas chez nous", murmure Hossine Oubrahim, un doyen du village d'Aït Kine, qui abrite l'un des ra
Savoir plus...
Patrimoine archéologique du bassin du Oued Noun (Géoparc Jbel Bani)
Patrimoine archéologique du bassin du Oued Noun (Géoparc Jbel Bani) Igpcm:4CD9D Prospection archéologique conduite par l'INSAP dans la région de Guelmim Le patrimoine archéologique est rel
Savoir plus...
Sahara: observation filmée de gazelle de cuvier (HARMUSH) (Géoparc Jbel Bani)
Sahara: observation filmée de gazelle de cuvier (HARMUSH) (Géoparc Jbel Bani) C’est inédit dans le Sahara. L’équipe de HARMUSH a découvert dans un de ses pièges photographiques, l
Savoir plus...
Sur la vague du nouveau Maroc
Sur la vague du nouveau Maroc Mettre le pied une deuxième fois sur le sol marocain répondait pour nous cinq à une soif de mieux connaître ce pays qui nous hante et nous attire avec ses mille couleurs, ses s
Savoir plus...Anti Atlas (Géoparc Jbel Bani)
Anti Atlas (Géoparc Jbel Bani) Découvrir l’Anti Atlas, de l’Atlantique au Tafilalet À la différence du Haut Atlas, l’Anti-Atlas est doté de sommets plus modestes, le Jbel Siroua
Savoir plus...
La superbe palmeraie de Tioute, un véritable havre de paix (Géoparc Jbel Bani)
La superbe palmeraie de Tioute, un véritable havre de paix (Géoparc Jbel Bani) Après la visite de Taroudant, nous sommes allés nous promener dans la superbe palmeraie de Tioute située à seule
Savoir plus...
L’eau dans le Bani
L’eau dans le Bani Par Mohammed Oudada Située entre les latitudes 5,6° et 10,1° et les longitudes 28,4° et 30,4°, la région du Bani se trouve à l’extrémité sud du Mar
Savoir plus...Les tags en relation
Recherche du site
Recherche avancée / Spécifique
Géoparc et Recherche Scientifique
Le coins de l’étudiant
Blog Géoparc Jbel Bani
Dictionnaire scientifique
Plus de 123.000 mots scientifiques
Les publications
Géo parc Jbel Bani
Circuits & excursions touristiques
cartothéques
Photothéques
Publications & éditions
