Aboubakr Anghir: le Mellah d’Ifrane de l’Anti-Atlas est en déperdition (Géoparc Jbel Bani)
La Ligue Amazighe des droits de l’homme a adressé une lettre ouverte au ministre de la Culture, l’appelant à restaurer et à rénover les monuments juifs du Mellah (juiverie marocaine) d’Ifrane de l’Anti-Atlas, compte tenu de la situation catastrophique dans laquelle ces monuments historiques se trouvent. Il s’agit ni plus ni moins du Mellah attestant de la plus ancienne présence juive en Afrique du nord.
A quelque 200 kilomètres au sud d’Agadir, en passant par Tiznit et Bouizakarne, les historiens font remonter l’existence du Mellah d’Ifrane de l’Anti-Atlas aux temps des Romains. Le quartier résidentiel, le souk, la synagogue et le cimetière local recèlent d’inestimables vestiges qui datent de plus de 4000 ans, encore prisés par les représentants de la communauté juive marocaine établie à l’étranger. Les tombes de certains grands saints de la religion hébraïque comme Youssef Ben Maïmoune, Elie le Galiléen ou encore Sussan Ben Amghar, sont encore visités.
Dans sa lettre ouverte, la Ligue Amazighe des droits de l’Homme rappelle « la plus haute importance de ces monuments historiques et civilisationnels qui relatent une période importante et fondamentale de l’histoire antique du Maroc ». L’association appelle par ce biais à faire revive les preuves irréfutables d’acculturation, de tolérance et de coexistence qui caractérisent encore aujourd’hui les familles Amazighes de l’Anti-Atlas dans toutes ses composantes religieuses et confessionnelles.
Mémoire en déperdition
Cette intervention, que la Ligue souhaite, « en urgence » se veut comme un moyen de préserver et valoriser un patrimoine en déperdition totale. Joint par Hespress FR, le président de l’Association Aboubakr Anghir regrette le fait qu’aucun travail d’inventaire n’a encore été opéré par le ministère de la Culture afin de répertorier l’ensemble des richesses dont recèle cet ancien espace de vie.
« Certains édifices ou monuments historiques du Mellah remontent à plus de 2000 ans, mais avec les impacts humains et naturels comme les inondations, nous notons un dangereux recul en matière de préservation de cet héritage commun « , déclare l’acteur associatif.
Il nous explique, en outre, que le site, non gardé, est exposé au vol d’objets précieux, notamment au niveau de la grande synagogue, à l’entrée du Mellah, et qui est selon notre interlocuteur « en phase de détérioration accrue« .
Aboubakr Anghir fait remarquer que des rénovations ont été effectué deux fois par la communauté juive marocaine résidente à l’étranger originaire d’Ifrane de l’Anti-Atlas. « La première fois était en 1998 déjà, puis en ce début de mois de janvier, quelques travaux viennent d’être lancées mais cela reste insuffisant parce que certaines personnes ont définitivement accaparé quelques parcelles de terres, ce qui s’explique par l’absence d’une gestion locale du patrimoine historique« , dénonce-t-il.
Le militant associatif situe la période où l’exode juif a commencé à la fin des années 1950 et au début des années 1960. « Le dernier juif à avoir quitté le Mellah d’Ifrane n’était autre que le rabbin de la grande synagogue », nous affirme-t-il, en relevant toute l’importance historique, culturelle et archéologiques du lieu, devenu un centre de pèlerinage.
Aujourd’hui encore, au cours du mois de mars, des juifs Marocains d’Amérique du nord, d’Europe occidentale ou d’Israel font le périple jusqu’à cette bourgade des confins de l’Anti-Atlas dans le cadre du tourisme religieux pour célébrer la fête de la Hiloula, cette coutume consistant à se rendre sur les tombeaux leurs saints.
Le 22 Jan 2020
Source web par : hespress
Les articles en relation
#Maroc_un_appel_pour_la_revalorisation_du_Mellah_d_Ifrane_de_l_Anti_Atlas
#Maroc_un_appel_pour_la_revalorisation_du_Mellah_d_Ifrane_de_l_Anti_Atlas Dans une correspondance, la Ligue Amazighe des droits de l’Homme a appelé le ministre de la Culture à œuvrer pour la préservat
Savoir plus...