MOBILISATION D’UN COMITÉ DE SPÉCIALISTES DE HAUT NIVEAU (Géoparc Jbel Bani)
Pour mener à bien la réhabilitation patrimoniale de la Kasbah d’Agadir Oufella, le projet a été confié à Madame Salima Naji, Architecte Anthropologue, pour son parcours exceptionnel dans la restauration ou la requalification de complexes patrimoniaux et d’édifices anciens dont, notamment, le Ksar d’Assa, la Kasbah Aghennaj de Tiznit, le Minaret d’Akka (soeur de la Tour Hassan de Rabat), mais aussi de nombreux greniers collectifs « Igoudars », et autres sites oasiens sacrés de la région. Lauréate de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La-Villette et docteure de l’École des hautes études en sciences sociales de Paris, Salima Naji a réalisé plusieurs dizaines d’actions de sauvegarde d’architectures historiques menacées par la ruine, mais aussi édifié de nombreux bâtiments selon les principes de l’écoconstruction en terre crue et en pierre. Elle est l’une des rares architectes du Royaume a avoir écrit de nombreux ouvrages de référence sur ce patrimoine qu’elle restaure.
Salima Naji a, par ailleurs, reçu nombre de distinctions internationales (« Jeunes architectes » 2004 de la Fondation EDF ; Prix Holcim du Développement Durable (2011), Short list de l’Aga Khan Award for architecture (2013), Chevalier des Arts et des Lettres de la République Française (2017),… Membre de l’équipe scientifique qui a accompagné la création du Musée Berbère du Jardin Majorelle en 2011, Fondation Yves Saint-Laurent-Pierre Bergé à Marrakech et membre du réseau Mediterre, professionnel de la terre crue, elle est associée à divers laboratoires de recherche ou comités scientifiques. Coordonnant, aujourd’hui, le comité scientifique en charge des fouilles archéologiques de la forteresse d’Agadir Oufella, l’architecte s’engage dans la restauration d’un monument des plus emblématiques du Sud marocain. Un défi qu’elle relève avec l’engagement et la passion qui la caractérisent.
À ses côtés, un collège d’experts de haut niveau de compétences et de références a été sollicité.
Passionnés par l’histoire de la Kasbah et le challenge représenté par sa réhabilitation, tous ont fait preuve de réactivité et se sont mobilisés, malgré la crise sanitaire du Covid-19, pour ne pas retarder le chantier et pouvoir tenir les engagements pris.
Le choix des profils des experts s’est fait sur la base de critères scientifiques très précis, notamment le fait d’avoir déjà dirigé des programmes de recherche internationaux au Maroc, d’avoir publié dans des revues scientifiques internationales, d’être liés à des institutions de formation et habilités à encadrer des doctorants pour donner à ce chantier une dimension formatrice essentielle.
La sensibilité et la complexité du chantier d’Agadir Oufella ont imposé la nécessité de disposer d’une réflexion d’ensemble. Outre les murailles, les équipes doivent aussi investiguer l’ensemble des abords, ce qui les amène à interroger le temps très long de l’occupation humaine. C’est ainsi qu’ont été sollicités des archéologues sachant mener des programmes de recherche portant sur de longues ères temporelles, selon les standards internationaux en vigueur.
Il était essentiel, pour Salima Naji, d’avoir à ses côtés un collège d’experts pour procéder à une restauration finale qui soit réfléchie. La rigueur scientifique permet d’établir une grande confiance mais aussi un esprit ouvert à la discussion des nombreuses hypothèses qui se vérifient progressivement. L’architecte est alors à même de procéder à des ajustements au fil des découvertes et des réponses données par les scientifiques après investigations.
Aujourd’hui, les fouilles préventives sont dirigées, pour la période dite islamique des dynasties sultaniennes, par le Dr Mabrouk Saghir et pour la période antéislamique, par le Dr Youssef Bokbot qui gère également la coordination scientifique avec le professeur Jorge Onrubia Pintado. Tous possèdent une grande expérience en programmes internationaux de recherche, en particulier dans le Sud du Maroc.
Mabrouk Saghir est Archéologue et Professeur d’enseignement supérieur, Spécialiste d’archéologie islamique à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine de Rabat. Lauréat de l’Université Mohammed V de Rabat et de Paris I Sorbonne, Mabrouk Saghir a travaillé sur de nombreux projets, notamment un programme de recherches archéologiques sur Figuig et sa Région durant le Moyen Âge islamique, en collaboration maroco-française, de 2013 à 2018, et, plus récemment, un programme de coopération archéologique maroco-anglaise « Jbel Bani Occidental, du Néolithique Final à la fin du Moyen Âge », dans la Province de Tata, depuis 2018.
Du fait de la singularité de la forteresse d’Agadir Oufella au Maroc, il est accompagné d’un spécialiste ayant une expérience reconnue internationalement dans le traitement des fortifications post-catastrophes. Le choix s’est ainsi porté sur Miguel Angel Hervás Herrera qui a oeuvré en Espagne, au Moyen-Orient et en Amérique latine. Archéologue professionnel, docteur de l’Université de Castilla-La Mancha, Miguel Angel Hervás Herrera est spécialiste de l’étude des matériaux et des techniques de construction de l’époque médiévale et moderne, de la conservation du patrimoine bâti et du développement des techniques de prospection, de fouille et de documentation archéologique.
Archéologue préhistorien et Enseignant-Chercheur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine de Rabat, Youssef Bokbot est lauréat des Universités de Provence, Meknès et Montpellier. Il a participé à de nombreux projets de recherches archéologiques dans différentes régions du Maroc, de même qu’il dirige actuellement plusieurs programmes de recherches, dont sept internationaux tels que « Souss-Tekna, Préhistoire, Ethnologie et Archéologie islamique de la Vallée de l’Oued Noun », mené en coopération maroco-espagnole, ou encore « Néolithique et Protohistoire des plateaux de Zemmour », en coopération maroco-française.
Jorge Onrubia-Pintado est professeur titulaire à l’Université de Castilla-La Mancha où il dirige le Laboratoire d’archéologie, patrimoine et technologies émergentes rattaché à l’Institut de développement régional. Archéologue spécialiste des Îles Canaries et du Maghreb occidental, il a dirigé plusieurs projets de recherches archéologiques et est auteur ou co-auteur d’une centaine d’ouvrages et d’articles scientifiques. Comme Youssef Bokbot, Jorge Onrubia Pintado a été l’élève du grand archéologue Gabriel Camps qui a créé la fameuse Encyclopédie Berbère, lequel chercha à montrer la permanence des Imazighen sur la longue durée.
TOUS LES EXPERTS POSSÈDENT UNE GRANDE EXPÉRIENCE EN PROGRAMMES INTERNATIONAUX DE RECHERCHE, EN PARTICULIER DANS LE SUD DU MAROC.
Venu de Rabat, Adrien Delmas est le Directeur du Centre Jacques Berque pour le développement des sciences humaines et sociales au Maroc. Il a apporté son soutien en facilitant le lancement du chantier des fouilles d’Agadir Oufella et surtout soutenu la mise en place de son suivi à distance par l’équipe espagnole qui a dû décaler sa venue, du fait de la pandémie. Historien, Adrien Delmas a beaucoup travaillé sur le développement des routes commerciales européennes au XVIIe siècle dans une histoire connectée, ce champ historique neuf qui consiste en la reconnexion des différentes histoires nationales longtemps restées cloisonnées. Il a précédemment dirigé l’Institut Français d’Afrique du Sud (IFAS) et dirigé plusieurs programmes sur les cités commerciales en Afrique Australe. Lors de la conférence de décembre 2018 présentant le projet de réhabilitation d’Agadir Oufella, il avait souligné les résonances existantes entre Agadir Oufella et d’autres monuments contemporains dans le continent africain, notamment le Fort São Caetano de Sofala, érigé en 1505 au Mozambique par les Portugais, sur permission du Cheikh Isuf du Port de Sofala, site dont il a or ganisé les fouilles en 2019.
Par ailleurs, Adrien Delmas codirige avec David Goeury le programme « La route des empires : recherche archéologique et valorisation patrimoniale des sites médiévaux du Présahara marocain ».
David Goeury est docteur en géographie au laboratoire « Médiations. Sciences des lieux, science des liens » de Sorbonne Université. Parmi de nombreux projets, il est le coordonnateur scientifique, depuis 2002, du programme de recherche action « Architectures collectives et sacrées des oasis marocaines » et du programme « Collective Granaries ». En décembre 2019, il a coorganisé pour le Royaume du Maroc, avec l’Université d’Oxford, le Global Heritage Fund et l’ICROM Athar, la cinquième session de la conférence internationale « Protecting the Past » sur la préservation du patrimoine dans un contexte post-catastrophe. Cette grande conférence, qui vise à la circulation des bonnes pratiques en situation d’urgence, a été accueillie à Agadir. Membre du comité scientifique du projet de mise en patrimoine d’Agadir Oufella, il assure la coordination entre les projets de recherche, les opérations de fouilles et la médiation pédagogique.
Passionné du Maroc et de l’image, Mehdi Benssid est, pour sa part, le spécialiste en photogrammétrie de l’équipe. Cette spécialité pointue consiste en la captation aérienne par drone et la restitution en 3D de sites historiques et archéologiques, une technique qui permet de restituer un objet en trois dimensions à partir de simples photos en deux dimensions. L’avantage de la photogrammétrie est de pouvoir renseigner sur les volumes au centimètre près. Elle permet de mesurer des bâtiments, des distances, des volumes, ou même des cavités invisibles à l’oeil nu, directement sur la simulation 3D, et ce, en un temps record, alors qu’autrefois ces relevés se faisaient longuement à la main, sans offrir tant de précision. La photogrammétrie permet en effet de documenter au fur et à mesure les fouilles et de constituer un fond d’archives numériques, à chaque fois que cela est nécessaire. Enfin, elle permet de visiter virtuellement des monuments ou des paysages et ainsi de développer des applications pédagogiques pour le grand public. Mehdi Benssid accompagne également le programme « La route des empires » et le programme « Collective Granaries ».
Le 11/12/2019
Source web Par : leseco
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