Sur la côte nord de l'Australie occidentale, un site, connu des aborigènes, recèle des milliers d'empreintes de pas de nombreuses espèces de dinosaures. Datée du Crétacé inférieur, cette collection exceptionnelle commence à parler.
Sur la péninsule de Dampier, à l'ouest de l'Australie, des chercheurs de l'université du Queensland ont exploré 25 km d'un site connu depuis longtemps. Les aborigènes de la région, les Goolarabooloo, savent en effet, depuis des temps immémoriaux, que dans cette région déserte se trouvent des empreintes de pas d'animaux géants. Ce sont eux qui ont alerté le paléontologue Steve Salisbury quand, en 2008, le site allait être foré pour exploiter un gisement de gaz naturel.
Après avoir constaté l'intérêt scientifique de ces empreintes, qui sont celles de multiples dinosaures, les paléontologues ont interpellé les autorités et ont fini par avoir gain de cause. Le projet d'exploration a été abandonné en 2013. L'université raconte l'histoire dans un communiqué et publie quelques images de cette collection exceptionnelle
Anthony Romilio et Linda Pollard à côté d'une grande empreinte de pas d'un dinosaure du Crétacé inférieur. © Université du Queensland
21 « types » de dinosaures
Des milliers de traces sont inscrites dans des roches datées de 127 à 140 millions, ce qui situe cette faune au début du Crétacé. L'équipe explique que la plupart des fossiles connus de dinosaures australiens ont été trouvés à l'est de l'île-continent et sont plus récents, de -115 à -90 millions d'années.
D'après les paléontologues, 21 « types » de dinosaures ont été repérés parmi les 150 empreintes qui ont pu être identifiées, les plus grandes atteignant 1,70 m. Les chercheurs y distinguent des animaux de plusieurs groupes différents : prédateurs, sauropodes herbivores à longs cous, herbivores bipèdes et dinosaures à armures, dont un stégosaure, premier du genre à avoir été identifié en Australie.
Pour en savoir plus
Article de Laurent Sacco publié le 25 mai 2008
Une équipe internationale de paléontologues a découvert la première piste d'empreintes de dinosaures dans la péninsule arabique. Situé au Yémen, la piste indique la présence d'ornithopodes et de sauropodes dans cette région au Jurassique supérieur.
La péninsule arabique est une région très peu explorée par les paléontologues s'occupant des dinosaures. C'est à peine si l'on connaît quelques fossiles. Le contraste est frappant avec un pays comme le Maroc, à bien des égards un eldorado pour les paléontologues de presque toutes les spécialités car l'on y retrouve aussi bien des trilobites, des mosasaures que des spinosaures ou des phosphathériums.
On imagine donc l'émotion de Mohammed Al-Wosabi, de l'université Sana'a, au Yémen, lorsqu'il a découvert (avec ses collègues Anne Schulp, du muséum d'histoire naturelle de Maastricht, et Nancy Stevens, de l'université de l'Ohio) la piste fossilisée d'une horde de dinosaures sauropodes.
Tout avait commencé en 2003 par le message d'un journaliste indiquant la présence d'empreintes à 47 kilomètres au nord de la capitale du Yémen, Sana'a. Sur place, les paléontologues ne tardèrent pas à identifier un des auteurs de ces traces de pas, un ornithopode, dinosaure herbivore faisant partie des ornithischiens, dans le cas présent bipède.
Empreintes de pas d'un ornithopode. © Nancy Stevens
Une horde de sauropodes et un gros ornithopode
Revenue sur place en 2006, l'équipe continua les recherches sur le terrain et découvrit d'autres empreintes appartenant visiblement à une véritable horde de sauropodes, d'autres dinosaures herbivores mais quadrupèdes. Ce n'est pas moins de 11 individus de différentes tailles qui furent ainsi identifiés. Un tel comportement social n'est pas nouveau et l'on connaissait depuis longtemps déjà des traces de pas similaires aux États-Unis montrant que les dinosaures pouvaient se déplacer en groupes, les adultes protégeant les plus jeunes.
La couche de roche ayant enregistré ces déplacements date probablement d'il y a 150 millions d'années environ, c'est-à-dire le Jurassique supérieur. À cette époque et en ce lieu, on aurait pu croiser ces dinosaures sur une côte boueuse, marchant à la même vitesse, 3 km/h. Ce qui surprend un peu les paléontologues, c'est la présence presque simultanée d'un aussi gros ornithopode sur les mêmes lieux. Cette coexistence est, selon eux, étonnante au Jurassique.
Source web par futura-sciences