l’Initiative Royale pour le Développement de l’Oriental ou la dynamisation des patrimoines humains, culturels et naturels de la Région pour Taoufiq BOUDCHICHE
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l’Initiative Royale pour le Développement de l’Oriental ou la dynamisation des patrimoines humains, culturels et naturels de la Région pour Taoufiq BOUDCHICHE

Monsieur Taoufiq BOUDCHICHE                                

Directeur Coopération Internationale et Promotion Economique, Agence de l’Oriental

l’Initiative Royale pour le Développement de l’Oriental ou la dynamisation des patrimoines humains, culturels et naturels de la Région.

la nouvelle vision du développement régional issue de l’Initiative Royale 

Avec  une  façade  maritime  méditerranéenne  de  plus  de  200  km  et  une  superficie  de  82 820 km2 (équivalent de celle de de l’Autriche ou plus de deux fois et demi celle de la belgique), la Région Orientale située à l’Est du Royaume (11,6% du territoire national), partage une frontière avec l’Algérie voisine, de près de 550 km du nord au Sud. Sa population est estimée à environ 2 millions d’habitants (soit 6% du total national).

Cette situation géographique a conduit dans le passé à associer le potentiel de  développement de cette Région avec les possibilités offertes par les relations du Maroc avec l’Algérie, et par extension avec le reste des pays du Maghreb.

Toute  stratégie  de  développement  régional  de  l’Oriental  tient  compte  de  cette  réalité  géographique incontournable. néanmoins, les aléas politiques et diplomatiques qui ont conduit  à  la  fermeture  de  la  frontière  algérienne  depuis  plusieurs  décennies,  et  les  dysfonctionnements entraînés sur la situation économique de la Région, notamment, par le développement  du  secteur  informel,  montrent  la  nécessité  de  dépasser  cette  approche  traditionnelle et réductrice du développement de l’Oriental.

Le discours du 18 mars 2003 énoncé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Oujda, en lançant l’Initiative Royale pour le Développement de l’Oriental, tout en réaffirmant la vocation maghrébine  de  la  Région  Orientale  du  Royaume,  apporte  une  nouvelle  lecture  géographique et territoriale fondée sur une vision plus large à la fois maghrébine, euro-méditerranéenne et saharienne,.

en effet, la proximité relative de la Région avec Valence, barcelone, Marseille et Gênes, lui impose  de  renforcer  sa  position  géographique.  Elle  est  de  fait  l’espace  marocain  le  plus  proche  des  pôles  de  croissance  du  bassin  méditerranéen,  qui  feront  partie  d’un  même  ensemble  économique  au  fur  et  à  mesure  de  l’entrée  en  vigueur  des  accords  de  libre échange avec l’Europe (Accord d’Association et Statut Avancé avec l’Union Européenne,  Accord  de  libre  échange  avec  la  Turquie,  Accord  de  libre  échange  avec  les  pays  arabes, Accord d’Agadir).

Historiquement, elle a été également une zone de trafic caravanier  entre l’Afrique du nord et l’Afrique au Sud du Sahara, ce qui lui confère également une position de carrefour entre le Maghreb et le reste de l’Afrique.

Cette  nouvelle  vision  correspond  à  la  nouvelle  lecture  de  la  géographie  de  ce  territoire, à même de valoriser la diversité de son potentiel socio-économique, humain et culturel.

Initiative Royale, patrimoine culturel et développement endogène

Le patrimoine culturel de l’Oriental est un atout dans le cadre de l’ouverture de la Région.

maroc

L’Oriental est au cœur des échanges euro-méditerranéens

(à  la  fois  sur  l’espace  euro-méditerranéen,  qui  inclut  le  Maghreb,  et  sur  l’Afrique  Subsaharienne).  En  effet,  à  travers  son  artisanat,  son  architecture,  ses  cultures  orales,  ses arts culinaires, il ressort du patrimoine culturel de l’Oriental des spécificités géographiques et historiques propres à la Région, en particulier sa place centrale dans le Maghreb, ses liens historiques avec l’Europe à travers l’Espagne voisine, et ses liens profonds avec le reste de  l’Afrique au Sud du Sahara, notamment à travers la ville-oasis de Figuig. Cette spécificité est  un  avantage  socio-économique  qui  positionne  l’Oriental  comme  une  région  stratégique dans l’espace euro-méditerranéen.

Cela  conforte  la  Région  qui,  à  la  faveur  de  l’Initiative  Royale,  se  positionne  comme  un  nouveau pôle de développement national, le « Pôle Méditerranée-Est », complémentaire au « Pôle Tanger-Méditerranée » et « Pôle de rééquilibrage territorial », par rapport à l’axe atlantique Agadir - Casablanca - Tanger.

Cette nouvelle vision de l’économie régionale implique nécessairement de nouveaux défis en termes d’ouverture, de modernité et de compétitivité qui ont conduit, les acteurs du développement à revisiter les facteurs de développement de la Région. Parmi ces facteurs, 

la mobilisation des atouts humains, culturels, géographiques dont la

Région regorge.  

l’Initiative Royale, nouvelles priorités et mobilisation des atouts humains, culturels et géographiques de la Région

L’Initiative Royale, en mettant en œuvre des programmes de développement structurants, fait ressortir les priorités suivantes de la stratégie de développement régional qui exigent la mobilisation des atouts humains, culturels et géographiques de la Région :

• l’ouverture de la Région sur l’espace euro-méditerranéen ;

• la création de pôles de développement et de compétitivité complémentaires ;

• l’amélioration de l’infrastructure économique et financière ;

• l’attractivité territoriale et la qualité du cadre de vie ;

• la solidarité, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

1- Ouverture sur l’espace Euro-Méditerranéen

L’Initiative Royale souligne l’importance de l’Oriental comme nouveau portail du Royaume sur l’espace euro-méditerranéen, complétant le pôle Tanger-Méditerranée.

Cette ouverture présente plusieurs avantages majeurs :                  

• réduire la dépendance vis-à-vis d’un marché jugé captif ;

• stimuler les exportations par l’innovation et le transfert de technologies ;

• valoriser les productions les plus spécifiques de la Région ;

• capitaliser l’apport des citoyens marocains résidant en Europe, propice au brassage culturel traditionnel dans la Région. 

2- Création de pôles de développement et de compétitivité

L’Initiative Royale a tracé, pour chaque territoire de la Région, un programme de développement  fondé  sur  ses  spécificités  et  ses  potentialités  locales.  Cette  approche,  qui  croise  territoires  et  développement  sectoriel,  favorise  la  création  de  pôles  de  compétitivité  en  mesure de diffuser la croissance économique dans toute la Région (voir carte ci-contre),notamment :

• un pôle portuaire et maritimo-industriel dans la Province de Nador, renforcé par le Technopark  de  Selouane  destiné  à  accueillir  très  prochainement  des  PME  en  logistique,  services et activités industrielles faiblement polluantes ;

• un pôle touristique à Saïdia (qui fait partie de la Province de Berkane), avec la station balnéaire « Mediterrania-Saïdia » (première station du Plan Azur) inaugurée par Sa Majesté le Roi au cours de l’été 2008 ;

• un pôle agro-industriel à Berkane, à travers l’installation prochaine d’une Agropole de dernière génération incluant formation et recherche & développement ;

• un pôle orienté sur les énergies renouvelables, l’économie du savoir et les nouvelles technologies à Oujda, à travers la Technopole nouvellement installée ;

• un pôle de reconversion de l’économie minière (en déclin dans le Sud de la Région) autour de Jerada, réorienté sur les énergies renouvelables avec l’installation de la centrale thermo-solaire (d’une puissance 473 MW ) à Ain bni Mathar pour la production d’électricité et la programmation dans la même zone de la future centrale solaire prévue dans le cadre du plan solaire marocain ;

• un pôle d’économie oasienne, d’éco-tourisme de niche, d’agro-pastoralisme et de valorisation  des  produits  des  terroirs  (alfa,  dattes,  oléiculture,  apiculture,  filières  caprine  et 

économie-oasienne

Les pôles de développement, au croisement de la dynamique des secteurs et du potentiel des territoires. bovine, produits de l’artisanat, etc.) ;

• un pôle logistique de transport à Taourirt, à la faveur de la nouvelle ligne de chemin de

fer  qui  relie  désormais  nador  au  réseau  ferré  national  à  travers  la  ville  de  Taourirt  (porte  d’entrée de la Région).

Ces différents  pôles  permettent  de  déployer  une  vision  du  développement  intégré  susceptible  de  faire  fructifier  non  seulement  les  synergies  entre  potentialités  territoriales  et  développement sectoriel évoqués ci-haut, mais aussi entre les différentes sous-régions du territoire. Par exemple, il convient d’œuvrer pour que les projets touristiques prévus, dans le cadre du Plan Azur pour la station balnéraire de Saïdia, puissent constituer des opportunités économiques pour le tourisme intérieur dont dispose la Région (tourisme de désert à bouarfa et Figuig, tourisme de montagne et  d’archéologie à Taforalt et zegzel, tourisme rural  à  Jerada  et  Taourirt,  etc.)  autant  qu’ils  puissent  constituer  des  atouts  commerciaux  pour l’agro-industrie de berkane, le secteur des transports aériens, etc.

Ces synergies permettent d’induire des activités économiques génératrices d’emplois, de création  d’entreprises,  d’investissement  national  et  international,  mettant  en  œuvre  un  partenariat public-privé réussi, pour ainsi créer un cercle vertueux de développement économique tant attendu dans la Région.

D’ores et déjà, l’investissement public et privé injecté dans l’Oriental dans le cadre de l’Initiative Royale est évalué à près de 90 milliards de Dh, dont 50% d’investissements publics.

Amélioration de l’infrastructure économique et financière

Pour assurer l’ouverture sur l’espace euro-méditerranéen et la création de pôles, un programme  d’amélioration  des  infrastructures  a  été  lancé.  Les  projets  issus  de  l’Initiative  Royale, telles l’autoroute Fès-Oujda et la voie ferrée nador-Taourirt, améliorent les facteurs de compétitivité de la Région, en renforçant son intégration au tissu national et en facilitant les flux de personnes et de marchandises.

Avec la rocade méditerranéenne, ils vont permettre le rééquilibrage territorial sur les axes Tanger-Fès-Oujda  et  Tanger-nador-Oujda,  en  sus  de  l’axe  traditionnel  Casablanca-Fès-Oujda. Ce programme réduit les coûts de transport et de logistique.

La  création  du  Fonds  d’Investissement  de  la  Région  de  l’Oriental,  destiné  à  la  petite  et  moyenne  entreprise,  encourage  l’investissement  dans  la  Région  et  l’installation  de  nouvelles entreprises.

Amélioration de l’attractivité territoriale et du cadre de vie

L’attractivité territoriale exige la disponibilité des services requis par la croissance, notamment les qualifications, les capitaux ainsi que les services d’appui et tout un ensemble de facteurs dits immatériels, qui jouent aujourd’hui un rôle-clé dans la formation de la productivité, seule source durable de croissance économique.

Toutes les analyses relèvent l’importance et la disponibilité de ces facteurs dans la Région, mais soulignent leur mobilisation insuffisante dans le développement.

La Région dispose ainsi de ressources humaines bien formées, grâce à des structures reconnues. L’Université Mohammed Ier d’Oujda enrichit progressivement ses formations de nouvelles  filières  adaptées  aux  besoins  de  la  Région  (tourismeNTIC,  commerces  et  affaires, etc.). L’Université a été renforcée dans le cadre de l’Initiative Royale par la nouvelle Faculté de Médecine et celle du Centre Hospitalier Universitaire en cours de réalisation.

D’autre part, la Région dispose de capitaux importants, notamment par les flux financiers générés par les ressortissants marocains résidant à l’étranger. Plusieurs études, dont celle de  la  banque  Européenne  d’Investissement,  soulignent  l’importance  des  flux  financiers issus  des  migrants  pour  le  développement  des  pays  d’origine,  s’ils  sont  orientés  sur  des  investissements productifs. La Région reçoit plus de 20% des transferts financiers des MRE enregistrés à l’échelle national.

Des  actions  d’amélioration  du  cadre  de  vie  sont  également  engagées.  Elles  contribuent à retenir sur place les compétences requises et à développer les nouveaux marchés liés à ces activités. Les projets environnementaux retenus doivent présenter des synergies territoriales avec les projets sectoriels, en termes de préservation de la qualité des ressources et des paysages.

L’Initiative  Royale  accorde  une  grande  priorité  à  l’amélioration  du  cadre  de  vie.  Les  projets de reconversion urbaine constituent le point de départ de la requalification des villes de l’Oriental. L’Agence y contribue financièrement et mobilise une expertise nationale et internationale pour l’étude de certains projets, à l’instar du nouveau centre ville d’Oujda (« Oujda City Center », un concept d’oasis urbaine) et de la requalification urbaine de nador, qui a mobilisé 18 experts internationaux .

Renforcement de la solidarité, lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale

Le  schéma  ci-après  propose  une  visualisation  synthétique  des  principaux  axes  de  développement mis en œuvre avec le concours de l’Agence de l’Oriental dans le respect des orientations de l’Initiative Royale :

Pôle-Méditerranée-Est

Développement du « Pôle Méditerranée-Est »

Les études permettent de corréler la pauvreté dans la Région avec les autres distorsions économiques, de sorte qu’à long terme il est envisageable de la réduire par la croissance durable. A courte échéance, il est indispensable de cibler directement les poches de pauvreté par des actions immédiates, qui faciliteront le retour à la croissance et réduiront la place des circuits informels. L’objectif de l’inclusion sociale rejoint ici l’objectif de l’efficacité économique.

Ces  objectifs se lisent  dans les  projets  de  l’INDH  sur  plusieurs  Communes  de  l’Oriental. 

L’Agence y a contribué de manière significative dès l’année 2005, en mettant en place un programme d’activités génératrices de revenus auprès des populations les plus défavorisées, notamment à bouarfa, Tendrara, Figuig, bouanane, nador, Jerada et Taourirt.

Conclusion                                       

L’ensemble des acteurs du développement régional (autorités locales, société civile, secteur  privé,  entrepreneurs,  bailleurs  de  fonds,  etc.)  s’est  approprié  la  nouvelle  vision  du développement  de  l’Oriental  issue  de  l’Initiative  Royale,  car  elle  est  en  phase  avec  les  nouvelles approches du développement territorial. En effet, les approches classiques de développement basées sur des politiques essentiellement « descendantes » du développement « top down », ainsi que par des interventions sectorielles et indifférenciées, ont montré leurs limites. L’implication des populations locales et la valorisation des ressources locales  (patrimoine,  culture,  ressources  humaines,  etc.)  est  devenue  un  facteur  de  développement  en  soi  à  travers  ce  qu’il  est  convenu  de  désigner  par  «  capital  social  »  et/ou  « capital culturel » d’un territoire.

Le développement par le bas, selon une  approche ascendante,  est désormais recherché

par toute stratégie  de  développement  local,  en  s’appuyant  notamment  sur  la  participation des populations aux plans de développement locaux, les savoir-faire locaux,  la qualité et  l’intensité  des  interrelations  entre  les  acteurs  locaux  (entreprises,  société  civile,  pouvoirs publics, Universités, etc.), les différents patrimoines d’un territoire, dont le patrimoine culturel. 

Le patrimoine culturel, en plus d’être une source d’activités socio-économiques (tourisme, artisanat,  etc.)  s’érige  également  comme  un  facteur  de  compétitivité  à  travers  la  valeur ajoutée  que  peut  apporter  l’identité  culturelle  d’un  territoire  en  matière  d’image  et  de  promotion de ce territoire dans un monde de plus globalisé et des économies de plus en plus concurrentes.

Source web par oriental

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