LES PRODUITS DU TERROIR AU SERVICE DE TOURISME DANS LA VALLEE DU DRAA : UN LEVIER DE VALORISATION DES OASIS MARGINALES
- INTRODUCTION
Le développement de tourisme dans les oasis du Draa à travers la valorisation des produits du terroir présente un double intérêt, autant au niveau de l’économie nationale que pour le développement régional.
La mise en œuvre d’une stratégie de développement du secteur touristique dans la zone permettrait d’impulser une dynamique locale, basée sur la bonne gouvernance des ressources patrimoniales territoriales. Toute fois, la promotion du tourisme ne doit pas s’appuyer uniquement sur les paramètres économiques, mais doit aussi intégrer la dimension socioculturelle et environnementale locale: écosystèmes, ressources naturelles, patrimoine, traditions, etc. Les stratégies d’aménagement de territoire et de développement de l’éco-tourisme devront en tenir compte pour promouvoir un développement participatif et intégré.
De par leurs richesses écologiques et humaines, le Draa constitue un espace de reconnaissance internationale dans la réserve de biosphère des palmeraies du sud marocain. En plus de son poids historique et anthropologique, il recèle des ressources considérables conditionnant l’essentiel des activités des zones oasiennes de l’Anti-Atlas oriental.
Nonobstant de leurs ressources très diversifiées, la vallée du Draa est actuellement devant l’impératif de repositionnement et de recomposition prélude à leur développement durable. Le déficit des interventions publiques et les actions mitigées de la société civile au niveau de ces biotopes depuis l’indépendance jusqu’au années 90 sont la cause d’une dégradation néfaste des ressources naturelles, d’une vulnérabilité économique à la pauvreté des agriculteurs et d’une migration très forte.
A partir de ce constat, l’intégration de l’espace phoenicicole du Draa dans le processus de développement économique et social, est devenue un enjeu majeur pour les universitaires ,les acteurs locaux et ministériels.
Le présent travail trouve son importance dans la valorisation et la touristification des produits
de terroir ,notamment ,ceux liés à la biodiversité (palmier dattier) et les productions culturelles matérielles et immatérielles.
Par ailleurs ,il est actuellement admis que le souci de préserver et de mettre en valeur les immémoriales ,différents peuples comme en témoignent les nombreuses stations rupestres ,d’âges divers ,jalonnant la vallée et les régions limitrophes. La position stratégique du Draa lui confère un riche patrimoine génétique phoenicicole (palmier dattier),des ressources floristiques ,faunistiques ainsi que des potentialités culturelles très diversifiées (sites historiques ,patrimoine immatériel artistique, savoir faire traditionnels; gestion participative des eaux d’irrigation, architecture millénaire en pisé. La valorisation de ces aouts patrimoniaux au service de tourisme représente autant d’éléments ,pouvant contribuer à la protection de l’écosystème oasien et par conséquent pour promouvoir le développement local.
ressources territoriales rejoint souvent celui de maintenir les savoirs et les traditions locales .Cette conception est d’autant plus vraie que les sociétés humaines ont modelé leur patrimoine en fonction de leurs préférences culturelles et matérielles .Or, sous l’effet conjugué de plusieurs facteurs tels que la croissance rapide de la population, l’éloignement des marchés internationaux et des procédés de développement, nous assistons de plus en plus à une extinction de systèmes de connaissances locales, de la biodiversité et de la diversité culturelle qui constituent trois systèmes interdépendants.
2-Présentation de la zone d’étude :
Située au Sud-Est marocain, vers le trentième parallèle ,traversée en son milieu par le méridien 6°C Ouest ,la vallée du Drâa Moyen s’allonge sur environ de 230 km ,couvrant plus de 23 000 km2.Elle est bordée au Nord par le Jebel Saghro ,à l’Est par la remontée nord du Jebel Bani ,au Sud par la hamada du Drâa et à l’Ouest par le massif de l’Anti-Atlas .Cet espace d’écosystèmes arides fait partie de la réserve de biosphère des palmeraies du sud marocain(fig.1 et 2).
Fig.1 : Situation de la vallée du Draa au
Maroc Fig.1: Disposition de six
palmeraies du Draâ moyen
Le paysage de palmeraies, étirés au milieu d’un vaste espace dénudé, donne l’image d’une exceptionnelle richesse, la présence d’un oued allogène bordé de terrasses relativement fertiles a sans doute séduit, depuis des périodes.
immémoriales, différents peuples comme en témoignent les nombreuses stations rupestres, d’âges divers, jalonnant la vallée et les régions limitrophes.
La position stratégique du Draa lui confère un riche patrimoine génétique phoenicicole (palmier dattier),des ressources floristiques, faunistiques ainsi que des potentialités culturelles très diversifiées (sites historiques, patrimoine immatériel artistique, savoir faire traditionnels ;gestion participative des eaux d’irrigation, architecture millénaire en pisé .La valorisation de ces aouts patrimoniaux au service de tourisme représente autant d’éléments ,pouvant contribuer à la protection de l’écosystème oasien et par conséquent pour promouvoir le développement local continue à générer des revenus importants aux populations des palmeraies surtout compte tenu de l’image touristique de la région qui fait partie de la réserve de biosphère des oasis du sud marocain (RBOSM),et qui s’est renforcée ces dernières années par la reconnaissance internationale de sa richesse culturelle.
3-L’agrotourisme ,un potentiel générateur des revenus pour les oasiens :
L'agrotourisme est considéré comme les activités exercées à la ferme par les exploitants agricoles ou par des membres de l’exploitation, ayant un certain contenu. C'est-à-dire, toutes les activités correspondant à la maîtrise et à l’exploitation d’un cycle biologique ,végétal ou animal et constituant une ou plusieurs étapes nécessaires au déroulement de ce cycle ainsi que les activités exercées par un exploitant qui sont dans le prolongement de l’acte de production ou qui ont pour support l’exploitation .En l’absence de lien avec l’agriculture ,il y a obligation d’une immatriculation au registre du commerce.(Diser, N. 1996).Les acteurs de l’agritourisme, composante du tourisme vert, sont des exploitants agricoles qui proposent sur leur exploitation soit une activité de restauration ,soit une activité d’hébergement, soit une activité de loisirs et, maintenant, une activité de vente directe de leurs produits .C’est l’ensemble des acteurs, u ’ils soient publics, privés ou associatifs ,qui proposent donc des activités d’hébergement, de restauration et de loisirs en espace rural (Jacques, P et Emmanuelle ,M,2001).
Le choix de la phoneniciculture comme produit d’agrotourisme dans la zone est justifiée par l’importance de la filière dattière de point de vue stratégique et la place qu’il occupe le palmier dattier dans l’économie de la région .La datte représente l’élément moteur de l’intégration de l’exploitation agricole locale à l’éconmie marchande .Elle consitue en effet, le principal facteur de monétarisation et totale de l’exploitation. Ce pourcentage est très élevé pour les meilleures variétés (84.4% pour les variétés Boufeggous, Jihl, Bouzekri et 54.12% pour Aguelid ,Bosthami) et faible pour Khalts ,Iklane et autres (23.06%) (Bentaleb , A et Zahri,2011).Cependant, ces taux restent faibles à l’égard des quantités produites. D’après les interviews effectuées avec les agriculteurs, Il semble que les prix à la production jouent un rôle fondamental dans la destination .En effet, une augmentation des prix modifie , sans doute, la prise de décision du producteur quant à la destination du produit.
Parallèlement, les autres destinations des dattes doivent faire l’objet d’une réflexion raisonnée. Ainsi , la consommation familiale qui semble liée aux habitudes alimentaires peut être réduite par simple augmentation des prix de vente. Quant à la consommation du bétail, il n’est qu’une technique de valorisation des dattes de mauvaise qualité ou de petits calibres .La datte dont la teneur en MAD n’est que de 28 Kg/Kg peut constituer un complément d’alimentation en plus de la luzerne ( Toutain, 1974).Mais cela, ne doit concerner que les variétés de mauvaise qualité.
3-1- Echelle intrinsèque de la production :
- Sur le plan effectif, la région englobe 1.800.000 pieds. Cependant , le caractère spontané de l’espèce accuse la prédominance des variétés issues de semis ou Khalts (42.2% de l’effectif productif total).Des efforts sont encore à déployer afin de corriger la densité de peuplement et d’introduire des variétés résistantes au Bayoud et de bonne valeur commerciale.
-Du point de vue tonnage , la région contribue en moyenne à 50% de la production nationale. La production des dattes est en moyenne de l’ordre à 20.000 tonnes1.Ce faible volume de production qui reste très loin des potentialités théoriquement envisageables est caractérisé par son insuffisance et son irrégularité dans le temps et dans l’espace.
-L’insuffisance et la grande variabilité de la production sont le résultat d’un environnement défavorable. En dehors des problèmes causés par la maladie du bayoud , le secteur phoénicicole est caractérisé par des pratiques culturales archaïques de la plantation à la récolte et au conditionnement .D’où l’intérêt de mettre en place une technologie appropriée en mesure d’accroître la productivité en amont par l’approvisionnement et l’utilisation adéquate des intrants et en aval par la garantie des débouchés.
-Dans les périmètres irrigués par le barrage , on signale aussi l’insuffisance de la mobilisation des eaux d’irrigation, laquelle se fait actuellement pour répondre aux besoins des cultures basses (essentiellement les céréales).Il y’a lieu donc d’envisager des travaux de recherche pour améliorer les conditions d’irrigation et la fertilisation du palmier.
3-2- Echelle de la destination du produit :
La destination des dattes est conditionnée par des facteurs internes liés à l’exploitation (taille de la famille, volume produit,...etc.).Du point de vue quantitatif le volume commercialisé représente presque la moitié de la production La lecture de la figure N°3 mis en évidence que l'agrotourisme dans la zone est en situation marginale et peu dynamique ,et par conséquent ,elle n’apparaît pas actuellement comme une solution alternative de développement pour la valorisation des produits du terroir, notamment le palmier dattier ,arbre magique de désert .L’agrotourisme n’est pratiqué que par 5% des agriculteurs ,faute de sensibilisation et d’encadrement de l’ORMVAO(Office Régionale de Mise en Valeur Agricole de Ouarzazate)et des services du tourisme à l’échelle locale .L'agritourisme, ou principalement le tourisme oasien(paysages, culture, tradition etc.)dans la zone est essentiellement le fruit de pratiques individuelles dirigées à distances par des operateurs privés (agences de voyages)qui représentent 70% des pratiquants ,non seulement d’agrotourisme mais aussi du tourisme culturel et surtout désertique .Les associations locales ne contribuent que par 25% dans la valorisation touristique des produits agricoles en raison de manque de concertation ,de coordination entre les acteurs du tourisme et de l’absence des politiques spécifiques de développement agrotouristique au niveau de la zone. En effet, leurs efforts se focalisent sur la sauvegarde de palmier dattier et la réalisation des actions socioculturelles.
Fig.4:Catégorie du tourisme recherché par les touristes visitant la vallée du Draa
En outre ,les investigations du terrain montrent que le touriste lui-même itinérant la vallée n’a pas un grand intérêt a l’agrotourisme(fig.4).Seuls 15% des touristes s’intéressent aux produits agricoles ,comme ressources touristiques(achat direct des dattes chez l’agriculteur).Le reste est attiré par le tourisme culturel(kasbah et ksour, gravure etc.)et notamment celui du désert (randonnées chamelières , traversé des dunes par les quads et 4*4etc.)qui représente 65% des désires touristiques. C'est-à-dire ,les touristes utilisent souvent les oasis comme points de départ d’excursions vers le désert ,et dont la durée chartes des chambres et tables d’hôtes de Gîtes de France),camping à la ferme (Disez, 1996 et ENITAC,1995).Cependant ,au Maroc l’agrotourisme n’est pas reconnue sur le plan législatif, même-ci les oasis constituent un laboratoire de ressources et des savoirs faire agricoles authentiques et ancestrales qui méritent la valorisation par le tourisme .Au delà, on peut introduire aussi dans la zone des activités d’agrotourisme, supervisées par le Ministère d’agriculture et celui de tourisme sous la marque; bienvenue à la palmeraie ,b ienvenue à la diversité culturelle et ethnique ,accueil oasis-palmier ;dune-nomade ,gouter le thé à la vallée, goûtez les dattes, dormir au ksar et kasbah, randonnées de Jbel saghro et Bani, manger au bivouac ,etc
3-3- Acteurs de l’agro-tourisme dans la zone :
L’identification des acteurs qui font des activités agritouristiques a été réalisée au moyen d’une fiche d’enquête auprès les agriculteurs , les opérateur privés ,les associations et 200 touristes .Cette enquête (qualitative et quantitative)complétée par des entretiens a touché également des personnes ressources ,particulièrement compétentes(techniciens agricoles, agents de développement d’une collectivité locale, délégation de tourisme ...).
Fig.3:Les acteurs locaux de l’agrotourismedans le Draa (%)
moyenne de séjour ne dépasse guère 1,3 nuitée.
En général,l’activité d’agrotourisme est souvent très limitée dans les 4 palmeraies amont de la vallée (Mezguita, Tinzouline, Ternata, Fezouata).Cette activité exercée par une minorité d’agriculteurs se présente dans les meilleurs conditions sous forme de restauration ou d'hébergement dans l’oasis(chez habitant »,les randonnées à dos des mulets .Ce contact permet aux touristes la découverte du monde agricole, de son patrimoine, de ses produits et de ses savoirs- faire (photo1et2)
Photo.1:Coucher de soleil à la dune de Tinfou
Photo.2:Randonnées à dos des mulets
A partir de la palmeraie de Ktaoua et notamment à M’hamid et ses lisières dunaires «bivouacs en plein espace dunaire, coucher de soleil sur la crête des dunes» commence la culture de nomadisme et se développe le tourisme de désert .L'hébergement est loué le plus souvent en dehors des acteurs agricoles, et dirigé par des agences de voyage qui sont parfois hors de la zone.
En France, légalement l’agritourisme est défini par l’article 2 de la loi du 30.12.88:neufs activités agrotouristique existent sous la marque Bienvenue à la Ferme (marque déposée par le service agriculture et tourism de l’APCA) :ferme-auberge ,produits à la ferme (avec un point de vente à la ferme),goûter à la ferme, ferme équestre, chasse à la ferme, ferme de découverte, ferme pédagogique (labellisée par le service agriculture et tourisme depuis 1996),ferme de séjour(gîte, couvert et loisirs sur place ou à proximité d’autres prestataires de services; un label sous réserve de respecter les évidence le génie savoir-faire des autochtones .Ce mode d’organisation saharienne a déjà attiré l’attention des touristes chercheurs (en ethnologie, en anthropologie, en sociologie et en géographie, etc.,),considérant que la disparation de cette architecture vernaculaire en terre constitue une perte irrécupérable pour le Maroc et pour le patrimoine de l’humanité.
Pour valoriser cet habitat en pisé à l’échelle locale, l’école de l’architecture de Lausanne en collaboration avec le CERKAS, organise à plusieurs reprises des voyages d’étude dans la vallée du Draa. Les étudiants architectes sont accueillis à Assalim dans la maison d’Ait Caid
pour étudier les matériaux de pisé et la réhabilitation des constructions en terre2.Ce possédé scientifique a mis en valeur l’importance de cet exceptionnel habitat en terre qui pourrait contribuer à renforcer une image touristique de la zone.
Ainsi ,la diversité des paysages ,la richesse architecturale la diversité ethnique ,la lumière exceptionnelle font du Draa l’un des lieux les plus désirés du Maroc par les cinéastes. Parmi les films tournés dans la région: The Last Temptation of Christ ,Un thé au Sahara, Marry the mother of jesus, Ancient Egyptians, Maosus, Kundun ,Saint Paul, Jesus Family's tree,Crusades, Babel....
Donc,le patrimoine architectural,peut être valorisé par la création des circuits touristiques et le développement de l’industrie cinématographie ,à travers :
-La protection législative de l’architecture en terre à un poids historique et culturel .En général ,la non-reconnaissance de ces constructions et des matériaux (architecture en terre) utilisés par la loi semble constituer le plus grand handicape à leur durabilité .En fait ,les architectures en pisé sont toujours considérées vétustes et non résistantes .Souvent sans titre foncier ,ces bâtiments ne sont ni acceptés comme fonds ,ni comme immeuble par les banques(Ait Hamza M.1992) .
-L’encouragement des cinéastes lors des rendez-vous de film trans- saharien,(initié par l’association de Zagora) à animer des ateliers autour des métiers de cinéma en faveur des artisans et des acteurs locaux.
-La transformation de l’architecture traditionnelle en écomusées ruraux dans chaque palmeraie, en exposant le savoir-faire culturel millénaire des oasiens.Desexemplesexistent déjà :(musée des Arts et Traditions de la Vallée du Drâa ,muséeOulad Driss : les habitants ont rassemblé les objets quotidiens de la vie traditionnelledansle Désert. Dansce Musée, on peut découvrir les habits caractéristiques de chacunedes ethnies de la région, les outils du travail de la terre ou des caravanes de dromadaire ainsi que des ustensiles pour la cuisine, et la fabrication du couscous…).
-La transformation des kasbahs en complexes culturels ou en chambres d’hôtes. Des initiatives privées ont déjà permis la transformation de kasbah en hôtels ou en restaurant, sans autant leur faire perdre leur cachet d’authenticité dans sa formeglobale.
-La classification d’autres sites d’intérêts civilisationels sur la liste du patrimoine national, voire même sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité.
-Mener des campagnes de sensibilisation nationale et locale pour la sauvegarde de ce patrimoine rural, avec la participation de la population locale dans tous les projetsterritoriaux.
La création de labels et de normes pour les produits touristiques et cinématographiques seront déterminants pour la qualité du tourisme et la réussite de l’expérience touristique des visiteurs. Le Tournage des films dans la zone a pour objectif de mettre en valeur le patrimoine bâti culturel historique et pré- historique et les gravures rupestres, comme langage d'échanges culturel. Les festivals jouent également un rôle non négligeable dans la réhabilitation et l’animation des lieux patrimoniaux. La réutilisation des espaces patrimoniaux pour la tenue de spectacles ou d’expositions est une pratique qui a fleuri au sein des festivals ; elle fait revivre des monuments délaissés.
- Ressources patrimoniales culturelles ancestrales ; une image originaire d’authenticité et d’attraction du tourisme culturel :
La zone est caractérisée par la diversité de son patrimoine matériel et immatériel et par la richesse et l'originalité de ses ressources culturelles millénaires. Ce patrimoine fait de cette oasis l'une des directions préférées des touristes venant de tous horizons. Ainsi, elle accueille jusqu'à près de 80.000 touristes par an (MATEE, 2004). La valorisation touristique des produits du terroir culturels peuvent constituer un levier de développement local. Il s’agit :
*La valorisation touristique du patrimoine historique et civilisationnel qui est un atout majeur pour le développement d’un tourisme à connotation culturelle. On peut qualifier la zone de «musée en plein air» qui assemble les coutumes, l’artisanat, les arts populaires, la tradition et le savoir-faire de cette grande région chargée d’histoire, de fait qu’elle se situe sur les axes des grands échanges culturels et commerciaux. Sa position géographique stratégique, en tant que voie de passage historique du Sahara et du Soudan vers la Méditerranée, en a fait un véritable carrefour ethnique et social, dont l’équilibre très complexe repose sur des structures économiques et sociales particulières.
La population du Drâa, estimée actuellement à300.000 habitants, est composée de Haratine, de Chorfa, de Mrabtine, d’Imazighen et d’Arabes ou Arib descendants de tribus Maâquil. Les origines de ce musée humain ayant un savoir-faire ingénieuse exploitable dans le tourisme culturel et la découverte des traditions locales demeurent encore peu connues, à l’image des sources historiques encore énigmatiques que représentent les tumuli de la nécropole de Foum Larjam et des nombreuses stations de gravures rupestres qui jalonnent l’oasis et les régions limitrophes (Ouhajou, L, 1996).
5 -Ressources patrimoniales culturelles ancestrales ; une image originaire d’authenticité et d’attraction du tourisme culturel :
La zone est caractérisée par la diversité de son patrimoine matériel et immatériel et par la richesse et l'originalité de ses ressources culturelles millénaires. Ce patrimoine fait de cette oasis l'une des directions préférées des touristes venant de tous horizons. Ainsi, elle accueille jusqu'à près de 80.000 touristes par an (MATEE, 2004). La valorisation touristique des produits du terroir culturels peuvent constituer un levier de développement local. Il s’agit :
*La valorisation touristique du patrimoine historique et civilisationnel qui est un atout majeur pour le développement d’un tourisme à connotation culturelle. On peut qualifier la zone de «musée en plein air» qui assemble les coutumes, l’artisanat, les arts populaires, la tradition et le savoir-faire de cette grande région chargée d’histoire, de fait qu’elle se situe sur les axes des grands échanges culturels et commerciaux. Sa position géographique stratégique, en tant que voie de passage historique du Sahara et du Soudan vers la Méditerranée, en a fait un véritable carrefour ethnique et social, dont l’équilibre très complexe repose sur des structures économiques et sociales particulières.
La population du Drâa, estimée actuellement à
300.000 habitants, est composée de Haratine, de Chorfa, de Mrabtine, d’Imazighen et d’Arabes ou Arib descendants de tribus Maâquil. Les origines de ce musée humain ayant un savoir-faire ingénieuse exploitable dans le tourisme culturel et la découverte des traditions locales demeurent encore peu connues, à l’image des sources historiques encore énigmatiques que représentent les tumuli de la nécropole de Foum Larjam et des nombreuses stations de gravures rupestres qui jalonnent l’oasis et les régions limitrophes (Ouhajou, L, 1996)
films dans la zone, et parmi entre elle, une partie qualifiée ‘’guide’’,est employée
dans le tourisme culturel et désertique, comme accompagnateurs des touristes lors des randonnées pédestres dans l’oasis et des méharées au cœur des dunes désertiques (photo3 et 4). Le groupe ethnique dans le Draa a produit depuis les périodes immémoriales une civilisation ancestrale, caractérisée par l’ingéniosité des savoirs-faire agricoles, architecturaux et artisanaux (lpoterie, tissage, bijouterie, vannerie, habillement etc.). L’exposition des œuvres matérielles pour les touristes facilite la compréhension de la culture locale, d’où la nécessité de la création au niveau de chaque palmeraie des musées culturels, tels que le musée des arts et traditions de la vallée du Drâa, le musée de Tissergate et le musée ethnique de Ouled Driss.
*La Mise en tourisme du patrimoine culturel rupestre dans le Draa révèle une action incontournable, et cela à travers la sensibilisation de la population locale sur l’importance socioculturelle des sites archéologiques ; de fait que la zone regorge des gravures rupestres très importante, mais hélas peu exploitées .Sur les 300 sites rupestres marocains ,le Drâa Moyen en renferme une trentaine, éparpillée sur l’ensemble du territoire et plus particulièrement au niveau des zones de Tazarine, Tinzouline, Tamgroute, Mirde et Tagounite. Les gravures sont développées aux débouchés des cours d’eau temporaires ou sur les versants de collines. Les roches de grès et de quartzite constituent le fond idéal pour leur développement. Les techniques utilisées sont le piquetage et le polissage (Zainabi , A. T, 2004).
Les gravures identifiées dans la vallée du Drâa couvrent des périodes à la fois longues et anciennes. Elles concernent plus de quatre millénaires. Les gravures qui illustrent des représentations variées (faune sauvage et domestique) et des scènes diverses (chasse, élevage et guerre, ...) constituent une diversité culturelle et chronologique. La concentration de ce patrimoine dans le bassin hydrographique du Draa et de Maider montre bien le lien des sites archéologiques avec l’eau et les pâturages, dont dépendent les groupes humains ainsi que la faune sauvage et domestique (Heckendorf,R. et Salih A. 1999).
La valorisation et la promotion de ce patrimoine très riche permettra d’un part, aux autochtones d’en profiter des retombées directes du tourisme culturel et d’autre part d’aider le touriste à comprendre que ces vestiges, symbolisent l’ancienneté de l’existence de la vie humaine dans les oasis du Draa, comme en témoignent les gravures rupestres à Foum Chena à tinzouline, à Tibaskoutine et la nécropole géante de Foum Larjam à Ighir N’tidri à M’hamid El Ghizlane. (Photo 5).
Photo.5 : Typologie des sites archéologiques dans la zone
En général, le développement de tourisme culturel visant la valorisation des produits du terroir archéologiques nécessite :
-Elaboration des plans participatifs en concertation avec tous les acteurs de tourisme pour la sauvegarde des gravures rupestres. Cet aménagement vise non seulement la protection et la valorisation des gravures rupestres pour une destination privilégiée d'écotourisme culturel unique du genre, mais aussi l'encouragement de la recherche scientifique par des missions des études empiriques.
- Élargissement du système de gardiennage pour les arts rupestres les plus menacés, et l’installation de panneaux signalétiques à l’entrée de quelques sites majeurs. Les panneaux en question contenaient un extrait du texte de la loi 22-80, écrit en Tifinar (langue Amazighe) en arabe, en français, et en anglais.
- Mener des campagnes de sensibilisation auprès des autorités locales et la population riveraine de l’aire rupestre, ainsi que l’implication des communes et du tissu associatif dans la gestion et la mise en valeur des sites archéologique, qui constitue une référence culturelle et historique collective à tous les oasiens.
- Création des itinéraires culturels regroupant un grand nombre des palmeraies du Draa moyen et de Jbel Bani, organisés autour d’un thème d’intérêt historique, artistique et social. Cette thématique a une véritable connotation oasienne de par son contenu, sa signification et son tracé géographique. L’itinéraire est constitué d’un large panel institutionnel ; et son implantation intervient dans son fonctionnement avec différents acteurs (administrations publiques, société civile, agents de développement local, musées, centres d’interprétations, archéologues, gestionnaires du Patrimoine local, etc.). La réalisation des chemins de l’art rupestre et culturel ainsi que désertique permet à générer une offre touristique thématique et rigoureuse qui intègre les notions de nature et culture, de paysage et patrimoine culturel, qui peuvent contribuer au développement durable des communautés locales sur lesquelles se situe
L’itinéraire.
Donc, il serait vivement nécessaire que les autorités concernées se penchent sur la question de valorisation et de classification des biens archéologiques de la zone sur la liste du patrimoine mondial de l’UNISCO.
*la mise en valeur du patrimoine immatériel artistique, notamment les manifestations culturelles s’avérant comme un mode visuel de l’identification de l’art orale et la sauvegarde de la mémoire locale. La diversité ethnique est due à l’origine de la richesse des chants et danses de la région. Chaque troupe développe une identité à partir de ses propres chants et danses pour exprimer la vision et la pensée du groupe, les espérances des artistes, leur soif de liberté et de divertissement (photo.6).
Parmi les poèmes chantés et les danses collectives, on relève la Rasma (considérée comme l’une des formes expressives les plus répandues chez les tribus du Drâa, les Rouha, les Oulad Yahya, les Nchachda, les Mhazil..), la Rokba (est une danse collective constituée de mouvements et de poèmes lyriques), la danse du sabre, saqla ( symbole d’héroïsme et de courage et moyen d’auto-défense), la danse d’Ahouach (qui exprime les joies collectives accompagnement le cycle de la vie agricole), la danse d’Ahidous (s’exécute sous forme de cercle, et les danseurs se tiennent par les mains et leurs corps s’inclinent en avant vers le centre du cercle) et la danse Chamra (chez les tribus Arib sédentarisés et l’instrument utilisé est la guedra) ( Bounadi, M et Elmaguiri, 2004).
Photo. 6 : Cas des manifestations culturelles et artistiques dans la vallée du Draa
Vu l’importance du patrimoine immatériel, les troupes artistiques de la zone ont été souvent invitées à la participation à plusieurs festivals nationaux et internationaux, dont le festival national des arts populaires de Marrakech et le festival de Dubaï en 2004. Ce patrimoine symbolise la richesse de la culture tribale et mérite d’être conservé en tant qu’héritage national et même mondial.
Il s’avère donc, que la zone est riche en patrimoine immatériel de haute valeur artistique qui constitue une ressource exploitable et valorisable par les acteurs du tourisme culturel, afin d’attirer une catégorie de touristes cherchant la découverte des valeurs culturelles locales. Ces expressions orales caractérisées par des mouvements harmonieux des danseurs, une fois enregistrées en audiovisuel (CD, VCD…), peuvent être vendus sur place aux touristes, et ceci génère des retombées directes aux autochtones. Ainsi, la vente des cartes postales dans le même sens peut participer à l’identification de folklore et à la commercialisation matérielle et notamment morale des productions culturelles et artistiques.
En outre, les manifestations à caractère spirituel nommées "moussems", constituant un atout indéniable pour la promotion touristique de la région, s'organisent au cours de l'année dans les différents Ksour, Kasbahs et Zaouias de la vallée. Ces célébrations des premiers saints à rayonnement local, régional, national ou international sont des occasions pour la méditation, la distraction, le commerce... Selon le rayonnement du saint, le « moussem» attire des foules de différentes régions et reflète la culture populaire. Par exemple, le « moussem d'âchoura » organisé à la zaouia naciria accueille des milliers de pèlerins venant, annuellement, à Tamegroute avec des «hadyas», d'autres pour le commerce, et d'autres encore pour la distraction (Bahani, A, 2007).
Néanmoins, on remarque aujourd’hui la folklorisation de quelques manifestations traditionnelles à travers l’activité touristique, notamment celles proposées aux touristes lors des soirées en plein désert, (notamment par des troupes favorisées par des promoteurs touristiques « la banalisation du produit ») qui ont dépouillé cette culture de son sens culturel et de son authenticité ancestrale et devient une simple curiosité pour les touristes. Ainsi que les retombées socio-économiques de ce patrimoine immatériel, restent saisonnière et ses impacts sur le local sont très minime, sa valeur ajoutée n’est pas concrétisée sur le terrain, d’ou la nécessité de doter les acteurs du tourisme local d’outils, de techniques et de méthodes permettant d’optimiser la mise en tourisme durable du patrimoine culturel, contribuant à sa sauvegarde et sa promotion.
Conclusion :
Le Draa recèle un gisement touristique riche, rude et cependant très fragile. Le potentiel historique, artistique, artisanal et agritouristique est mal exploité afin de développer un tourisme rural générateur de revenu, et par conséquent le Draa constitue un lieu de passage d'une clientèle importante. L’agrotourisme et le tourisme culturel sont des éléments cléments à l’environnement oasien et facilitent les liens sociaux entre personnes appartenant à des catégories sociales et à des territoires différents. Ceci peut être perçu comme une alternative permettant de rencontrer et de vivre avec les autochtones dans une relation d’échange culturel. Donc c’est un créneau à promouvoir dans la zone. A ce titre, le développement local doit mettre l’accent sur l’initiative et le savoir faire local et fait appel à la dimension culturelle comme étant le vecteur de développement le plus assuré comme composante pour donner un élan à l’économie locale.
La mise en tourisme des produits du terroir est devenue un outil efficace de valorisation des ressources patrimoniales et développement et de lutte contre la pauvreté et le désenclavement de notre région marginalisée, en contribuant à leur «redéveloppement» tout en créant des espaces porteurs de petits projets rentables et durables. Le tourisme devrait pourtant avoir un rôle important dans le développement des cultures locales et les arts populaires à travers l’installation de musées ethnologiques et culturels. Ce qui permet de garder une part de l’histoire locale et de préserver certains monuments culturels, historiques et archéologiques et certaines traditions. Les exemples de sauvegarde de sites pareils par le tourisme sont innombrables. Réconcilier tourisme et culture serait possible c’est le comment qui reste à définir.
Comment le tourisme voit-il la culture locale et ses manifestations matérielles et immatérielles? C’est la réponse à cette question qui dictera l’attente et le comportement à envisager. Une vision limitée instaure un marché d’une demande particulière qui vend une image médiatisée et folklorisée. Et c’est dans ce cadre que le tourisme de masse et celui culturel seraient, pour une culture locale donnée, deux menaces différentes causées par une ignorance des impacts à long terme d’une telle exploitation de l’identité et des savoirs -faire locaux.
Références bibliographiques :
- Ait Hamza M. 1992, « L’habitat dans le Dadès et le rôle de l’émigration dans son évolution récente ». In : la recherche scientifique au service du développement. Pub. FLSH, Rabat, Série Colloque et Séminaires, 22, pp : 127-146.
Bahani, A, 2007 « Le tourisme dans le Draa moyen au Maroc: facteur de développement ou de concurrence? » in : Tourisme saharien et développement durable, Enjeux et Approches comparatives. Acte de colloque international, Tozeur (Tunisie), 9 au 11 novembre 2007, Editeurs scientifiques : Jean-Paul Minvielle, Mounir Smida et Wided Majdoub. Pp 469-500.
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Source Web Par : halshs.archives-ouvertes