Rhinocéros blancs du Nord : l'espoir de les ressusciter renaît
Lorsqu'il ne reste plus que deux individus femelles vivants d'une espèce, celle-ci peut presque être considérée comme éteinte. C'est le cas des rhinocéros blancs du Nord. À moins que la science ne trouve la voie et permette de lui donner un second souffle.
Depuis la disparition, l'an dernier, de Sudan, le dernier rhinocéros blanc du Nord mâle, l'espèce semblait vouée à l'extinction. D'autant que seules deux femelles survivent encore aujourd'hui. Deux femelles incapables de porter des petits. Najin, la plus âgée, souffre en effet de membres postérieurs fragilisés et Fatu, la plus jeune, de lésions dégénératives de l'utérus.
Mais des scientifiques ont mené à terme, la semaine dernière, une opération pourtant délicate. Une grande première. Après avoir anesthésié les deux rhinocéros femelles, ils en ont extrait pas moins de dix ovocytes à l'aide d'une sonde guidée par des ultrasons.
Les œufs de Najin et de Fatu ont ensuite été transportés par avion jusqu'en Italie. Là, ils ont été pris en main par des experts qui ont annoncé un peu plus tard être parvenus à les mener à maturité. Sept d'entre eux ont pu être inséminés artificiellement grâce à des échantillons de sperme prélevés sur deux mâles et conservés depuis le décès par des techniques cryogéniques. Restera ensuite à les transférer dans une mère porteuse. Sachant que pour l'heure, toutes les tentatives de faire de rhinocéros blancs du Sud des mères de substitution ont échoué.
Les chercheurs ne pensent pas être capables de donner naissance à des petits rhinocéros avant trois ans. © Élodie Sampere, Ol Pejeta Conservancy
Une opération semée d’embûches
Une course contre la montre pour prélever un maximum d'ovocytes sur les deux femelles rhinocéros sera ensuite lancée. Car l'opération ne peut être effectuée que trois fois par an. Mais ce programme de sauvetage mené dans des conditions extrêmes devrait aider les scientifiques à en apprendre plus sur la procréation assistée et à repousser les limites du techniquement faisable en la matière. Et ainsi permettre d'aider même des espèces en situations moins critiques.
« Les efforts que nous déployons pour sauver les rhinocéros blancs du Nord de l'extinction mettent en lumière la crise plus large que nous vivons actuellement et dont nous, les êtres humains, sommes responsables », confie Richard Vigne, le directeur de l’Ol Pejeta Conservancy, la réserve kényane dans laquelle vivent aujourd'hui sous haute protection Najin et Futa.
Selon les chercheurs, si la fécondation in vitro réussit, plusieurs naissances pourraient avoir lieu. Mais ils redoutent déjà que le manque de diversité génétique nuise à la survie de l'espèce. Alors certains travaillent à créer des cellules sexuelles artificielles à partir de cellules souches de tissus congelés d'autres rhinocéros blancs du Nord afin de diversifier le pool génétique. Et même si tout fonctionne bien, rétablir la population prendrait bien 70 ans...
Publier Le 01/09/2019
Source web Par futura-sciences