Surprenant : le maïs OGM serait bon pour la santé
Non seulement inoffensif, le maïs transgénique serait-il aussi meilleur pour la santé que son équivalent sans OGM ? C'est ce que suggèrent des chercheurs italiens qui, dans le long débat sanitaire autour des OGM, ont choisi de donner la parole aux 6.000 publications scientifiques parues ces vingt dernières années.
Depuis 1996, année de la première mise sur le marché de semences génétiquement modifiées, les effets potentiels des OGM sur la santé font l'objet de débats houleux. Afin d'y voir plus clair, Elisa Pellegrino et ses collègues de l'École Supérieure de Sainte-Anne de Pise et de l'université de Pise ont puisé dans la littérature scientifique amassée jusqu'en 2016. Cette démarche, dite de méta-analyse, consiste à passer au crible et à synthétiser des centaines voire des milliers de publications, ce qui permet de tirer des conclusions plus précises.
Les chercheurs se sont concentrés sur le maïs OGM et se sont attaqués au problème des mycotoxines. Sécrétées par des champignons microscopiques affectant les cultures céréalières, ces substances constituent un véritable fléau sanitaire, car elles sont toxiques, voire cancérigènes, pour les êtres humains et les animaux. Le consommateur, ainsi que les bêtes d'élevage, sont susceptibles d'en ingérer, en quantités infimes, y compris à travers les céréales sans OGM. Ainsi, les chercheurs dévoilent le bilan plutôt positif de leur enquête dans la revue Scientific Reports : par rapport aux lignées non-OGM, le maïs transgénique contient 28,8 % de mycotoxines en moins.
Pour réaliser cette méta-analyse, les chercheurs italiens ont présélectionné 6.006 publications parues dans les journaux scientifiques depuis 20 ans. Ils ont ensuite réduit ce nombre à un total de 76 études et plusieurs centaines d'observations réalisées sur le terrain, en appliquant des critères exclusifs. Les publications devaient inclure des analyses comparatives entre cultures OGM et sans OGM, proches génétiquement, et étudier le rendement, la qualité nutritionnelle du maïs et son taux de toxines, la décomposition de la biomasse, et enfin l'impact sur la biodiversité. La plupart d'entre elles concernent le fameux maïs Bt, capable de produire une toxine insecticide touchant notamment la pyrale du maïs.
La majorité des observations mobilisées par les chercheurs lors de cette méta-analyse se sont déroulées dans les Amériques, tout particulièrement aux États-Unis. Et pour cause : ce pays est le plus gros cultivateur de maïs OGM au monde. © Elisa Pellegrino et al. Scientific Reports, 2018
Les bienfaits du maïs OGM ne se limiteraient pas à la santé
D'après les chercheurs, toutes ces études combinées tendent à innocenter le maïs OGM et encouragent à poursuivre sa culture. D'une part, la concentration de protéines, de lipides et de fibres alimentaires dans le maïs transgénique reste inchangée par rapport au maïs sans OGM. Par ailleurs, il serait même meilleur pour la santé du consommateur car il renferme moins de mycotoxines - plus précisément, 28,8 % de mycotoxines, 30,6 % de fumonisine et 36,5 % de trichothécènes en moins. Cela s'expliquerait par la résistance accrue du maïs OGM aux attaques d'insectes, qui rendent les plantes plus vulnérables aux champignons.
Au-delà de la dimension sanitaire, les auteurs relèvent également des bénéfices économiques non négligeables. Des cultures sont perdues chaque année, rendues impropres à la consommation par contamination aux mycotoxines, et le maïs OGM permettrait un rendement 5,6 à 24,5 % plus élevé que son homologue non-OGM. En prime, il ne ferait pas de victimes collatérales (à une exception près) parmi les insectes et les araignées non ciblés par l'insecticide.
Cette méta-analyse permettra-t-elle de clore le débat OGM ? Rien n'est moins sûr. Les chercheurs ne peuvent pas se prononcer sur l'évolution de la quantité d'insecticide et d'herbicide encore répandus sur les cultures OGM, par manque de données à ce sujet. Ils rappellent également que les insectes nuisibles visés par la toxine du maïs Bt deviennent de plus en plus résistants à force d'y être exposés.
Publié le 26/02/2018
Source Web: futura-sciences
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