


L'EXPLOSION DES ÉMISSIONS DE MÉTHANE DANS LES ZONES HUMIDES, LA VRAIE BOMBE À RETARDEMENT CLIMATIQUE
Plusieurs études montrent que les émissions de méthane dans les zones humides augmentent sous l’effet du changement climatique, dépassant même les prévisions des scénarios climatiques les plus pessimistes. Des données qui ne sont pas encore prises en compte dans les rapports influents comme ceux du Giec et qui impliquent d'accélérer encore sur la réduction des émissions de méthane liées aux activités humaines.
Si on s’intéresse généralement aux émissions de méthane issues de l’industrie fossile et de l’agriculture, il est important de noter que 40% des émissions de méthane proviennent de sources naturelles et en particulier des zones humides, qui sont inondées d'eau pendant au moins une partie de l'année. Selon de nouvelles recherches publiées dans Nature climate change le 20 mars, il apparaît que les émissions de méthane issues justement de ces zones humides ont augmenté très rapidement, dépassant même les prévisions des scénarios de réchauffement très élevé. Cela serait une conséquence du changement climatique. Plus la température augmente, plus les émissions de méthane augmentent, et plus la température augmente… Un véritable cercle vicieux.
Tendances et variations temporelles des émissions de méthane des zones humides au cours de la période 2000-2021 par rapport au niveau de référence de 2000-2006 par rapport aux projections futures. Source : Nature climate change
Les auteurs constatent qu'au cours des 20 dernières années, les émissions de méthane des zones humides ont augmenté de 1,2 à 1,4 million de tonnes par an. C'est plus rapide que la projection moyenne selon le scénario d'émissions le plus pessimiste (RCP8.5 qui correspond à une trajectoire sans politique climatique avec un réchauffement pouvant atteindre 4,8°C), qui montre une croissance de 0,9 million de tonnes de méthane par an. Par ailleurs, les observations par satellite ont révélé que la majeure partie de la croissance récente du méthane provient en particulier de l'inondation des zones humides africaines et sud-américaines, de zones humides tropicales donc. Les zones humides de pergélisol ont moins contribué à ce phénomène, dont on craignait qu'elles ne deviennent des bombes climatiques.
Plus inquiétant encore, les chercheurs ont également constaté une augmentation "exceptionnelle" des émissions de méthane en 2020-2021, de 14 à 26 millions de tonnes en 2020 et de 13 à 23 millions de tonnes en 2021. Mi-décembre, une autre étude publiée dans Nature avait également mis en avant le rôle des zones humides dans l’augmentation des émissions de méthane pendant les années exceptionnelles de 2020 et 2021. Et là encore le changement climatique est pointé du doigt. "L’année 2020 indique que le changement climatique a déjà un impact sur les zones humides, où les changements dans les précipitations et les tendances au réchauffement augmentent les émissions de méthane qui pourraient amplifier le réchauffement climatique à l’avenir" résumait Ben Poulter, chercheur au Goddard Space Flight Center de la NASA et co-auteur de l’étude, cité dans un communiqué.
La baisse de la pollution atmosphérique participe à la concentration du méthane
Un autre facteur paradoxal est aussi mis en avant : la baisse de la pollution atmosphérique liée à la pandémie de Covid-19 empêchant les radicaux hydroxyles (OH), principaux responsables de l’élimination du méthane dans l’atmosphère, d’agir. Ces radicaux apparaissent sous l’effet du rayonnement solaire en présence de certains polluants atmosphériques, tels que les oxydes d’azote (NOx). Or, pendant les confinements de la pandémie de Covid-19, la baisse des trafics routiers et aériens ont réduit la pollution atmosphérique et donc la présence de ces molécules, entraînant une augmentation des émissions de méthane.
"Ce sont potentiellement deux mauvaises nouvelles pour le changement climatique", constate Marielle Saunois, experte du cycle du méthane au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE). Le changement climatique va continuer d’augmenter les émissions de méthane dans les zones humides tandis que les efforts réalisés dans le cadre de l’Accord de Paris pour réduire l’utilisation de combustibles fossiles, ainsi que l’adoption de mesures de réduction de la pollution de l’air diminueront probablement les émissions de NOx à l’avenir. Ce qui pourrait à son tour accélérer la hausse de la concentration de méthane.
Le Giec n'a pas intégré ces données
Les spécialistes estiment ainsi que les efforts pour réduire le méthane issu des activités humaines dans l’industrie pétrolière et dans l’agriculture pourraient en partie être compensées par les émissions de méthane naturelles. Ce qui implique d'accroître encore les mesures de réduction du méthane. Les chercheurs préviennent également que la plupart des modèles climatiques utilisés pour informer des rapports influents, tels que les derniers rapports d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) n'intègrent pas directement ces données.
Un engagement mondial sur le méthane, visant à réduire les émissions d'origine humaine de 30% d'ici 2030, a été annoncé lors de la COP26 à Glasgow en 2021. Le nombre de nations soutenant cet engagement a maintenant atteint 150, mais certains pays clés comme la Russie, la Chine, le Turkménistan, l'Iran et l'Inde n’en font pas partie. Pour rappel, le méthane est le deuxième plus important gaz à effet de serre après le CO2. C’est surtout un gaz au pouvoir de réchauffement 82 fois plus important que celui du CO2 sur une période de vingt ans. Il est donc primordial de s'y attaquer au risque d'une véritable escalade dans la hausse des températures et de s'y attaquer de façon transversale et non pas en silos comme c'est encore trop le cas aujourd'hui.
Le 06/04/2023
Source web par : novethic
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