Bétoum: le pistachier de l’Atlas à toute épreuve
le géoparc du jbel bani - tata

Vous êtes ici : Accueil > Flore du Jbel Bani et de l'Anti Atlas > Flore de TSGJB - AMDGJB et de l'Anti Atlas > Bétoum: le pistachier de l’Atlas à toute épreuve

GJB

Bétoum: le pistachier de l’Atlas à toute épreuve

C’est un arbre fruitier spontané au Maroc qui impressionne par sa beauté, sa résistance et sa longévité. Le Bétoum (pistachier de l’Atlas) est tenace devant l’avancée du désert et fait preuve d’une plasticité remarquable qui lui donne la possibilité de pouvoir survivre dans une très vaste aire de répartition: le Bétoum joue un rôle de liaison entre les divers types de forêts!

Le pistachier de l’Atlas (Pistacia atlantica) communément appelé El Betoum est une espèce ligneuse et spontanée endémique d’Afrique du nord. C’est un arbre puissant pouvant atteindre 20m de hauteur. Il dispose d’un tronc bien individualisé. Les grands sujets de pistachers de l’Atlas peuvent atteindre facilement les 1 000 ans d’âge. Sa floraison apparaît juste avant la feuillaison qui débute à la mi-mars. L’espèce est tolérante pour plusieurs types de sols y compris les sols alcalins. Elle se contente d’une faible pluviométrie de l’ordre de 150 mm et parfois moins! Le Bétoum se régénère et se développe dans les endroits les plus arides où peu d’espèces d’arbres peuvent s’établir et persister. Sa croissance est cependant très lente.

Sans presque jamais le peupler, le Bétoum ou Pistachier de l’Atlas colonise de façon diffuse un territoire considérable centré sur les pays méditerranéens à saison sèche et chaude bien marquée. Il est le plus ubiquiste (existe partout ndlr) des arbres du nord de l’Afrique et du Proche-Orient. À l’état adulte, sa silhouette est impressionnante.

Pistachier1 Pistachier de l’Atlas dans la région de Benslimane (Ph I.Cherkaoui)

Résistant face à la sécheresse

Peu d’essences ont un port plus massif et son feuillage semble même d’autant plus serré qu’il se développe dans des stations au plus faible indice d’évapotranspiration, c’est-à-dire où la contrainte de l’eau est la plus forte. Cette plasticité exceptionnelle vis-à-vis de la sécheresse atmosphérique pourrait être son caractère principal, mais il n’est pas moins indifférent à la nature du sol et il peut occuper dans son aire botanique les situations les plus extrêmes, franchissant apparemment les limites départies aux groupements forestiers classiques. Il triomphe (…) tant qu’on le laisse faire, dans les terrains malmenés et y joue un rôle de liaison entre les divers types de forêts. (…)

pistachier2

Le pistachier de l’Atlas peut occuper dans son aire botanique les situations les plus extrêmes. Il triomphe tant qu’on le laisse faire, dans les terrains malmenés et y joue un rôle de liaison entre les divers types de forêts.

Présent presque partout

Du nord au sud, en Afrique du Nord tout au moins, il peut partir, au-dessous de 1 500 à 2 000 mètres d’altitude, du Chêne (…) et du Cèdre, enjamber le Chêne zeen et le Chêne liège, se confondre sur les bordures humides avec le Frêne oxyphylle auquel il ressemble étrangement par la ramure et par l’écorce. Dans la chaleur, il accompagne l’Arganier et le Thuya de Barbarie. Le climat du Pin d’Alep ne lui est pas hostile. II peut s’infiltrer dans les massifs de Chêne vert dans leur pire froidure. II dépasse au sud le Genévrier rouge et ne trouve finalement à lutter, à proximité du désert, que contre les broussailles dont il fait son lit. Elles sont les garantes de sa pérennité.

Résine utilisée en cosmétique

Un autre caractère d’homogénéité des pistachiers, et plus particulièrement des bétoums, tient à la production de résine par leur écorce. Cette résine peut être distillée mais exsude naturellement par temps chaud et elle est d’autant plus abondante que la station est plus favorable par sa température. C’est une résinemastic, en quelque sorte un ancêtre méditerranéen du chewing-gum, dont les populations locales faisaient autrefois quelque usage et dont la pharmacie s’est longtemps servi pour la fabrication de pommades. (…) Très utile comme antiseptique, antifongique et dans les maladies abdominales, le pistachier de l’Atlas a longtemps fait partie des arbres où l’on ‘pioche’ un remède.

Un fruit : les drupes comestibles

Ses fruits sont des drupes appelées « el khodiri » par certaines populations d’Afrique du Nord à cause de la prédominance de la couleur vert foncé. Ces fruits sont de la grosseur d’un pois, riches en huile dense très énergétique souvent mélangée aux dattes écrasées et peut être consommée à toute heure de la journée avec du petit lait. L’huile a un goût très proche de celui du beurre, elle est très appréciée dans la région. Les graines sont séchées, écrasées ou moulues et mélangées avec les dattes et consommées en boulettes ou bien séchées et croquées telles quelles comme des cacahuètes.

Drupes-pistachier

Drupes de pistachier de l’Atlas

Fleurs, bois et écorce

L’espèce Bétoum est dioïque. Les fleurs sont apétales et rougeâtres en grappes terminales pour les mâles et axillaires pour les femelles. Les drupes mesurent environ 6-8 mm de long sur 5-6 mm de large. Le bois du Bétoum est lourd, peu résilient, de bonne conservation. à l’aubier jaunâtre peu épais succède un bois de cœur brun flammé. La faible longueur des tronces exploitables et leur médiocre rectitude ne permettent pas dans les conditions habituelles de croissance d’un arbre isolé, facilement multicaule et bas branchu, d’en tirer des débits commercialisables. Le bois est donc un bois d’artisanat et, bien entendu, un bois excellent pour le chauffage et la carbonisation. Quant à l’écorce, elle est d’abord rouge, puis grisâtre assez clair avant de devenir rhytidome dur et crevassé, tessellé en profondeur, disposé en damier et noirâtre (…).

Le Bétoum joue un rôle certain dans la conservation des sols contre l’érosion, surtout là les sols ont plus besoin de cette protection : les zones arides et semi-arides. Il est ainsi très important de conserver cet arbre et d’en encourager le reboisement là où il devient de plus en plus rare. En capitalisant sur son impressionnante résilience comme sur ses capacités de consolidation des sols, il est indéniable qu’il fait partie des essences autochtones, qui s’avéreront précieuses alliées pour les Marocains dans leur lutte contre les dégâts actuels et futurs de la désertification, de la déforestation et des changements climatiques.

Publié le 18/08/2017

Source Web: ecologie

Imprimer l'article

Les articles en relation

Merle noir (Géoparc Jbel Bani)

Merle noir (Géoparc Jbel Bani) Merle noir - (23.5-29 cm) Espèce résidente abondante sur l'ensemble du territoire, sauf extrême sud-ouest. De plus c'est un hivernant européen possible Premi

Savoir plus...

Climat tropical

Climat tropical Un climat se définit grâce à différentes données météorologiques. Les températures et les précipitations sont déterminantes en la matière. El

Savoir plus...

#MAROC_Dakhla_Patrimoine_naturel_et_culturel_du_Sahara

#MAROC_Dakhla_Patrimoine_naturel_et_culturel_du_Sahara Pour les voyageurs motivés par le désert et par la découverte du Patrimoine naturel et culturel du Sahara: faune, herpetofaune, ornithologie, biodiversit&eac

Savoir plus...

Réchauffement : de plus en plus de risques d'incendies dans l'Europe méditerranéenne

Réchauffement : de plus en plus de risques d'incendies dans l'Europe méditerranéenne La région méditerranéenne, si appréciée des touristes, est aussi une zone particuli&

Savoir plus...

Arganiers : 49,2 M$ pour un méga projet de plantation de 10 000 hectares au Maroc (Géoparc Jbel Bani)

Arganiers : 49,2 M$ pour un méga projet de plantation de 10 000 hectares au Maroc (Géoparc Jbel Bani) Le coup d’envoi a été donné, ce lundi à Agadir, à un projet de plantation de

Savoir plus...

Pie-grièche à tête rousse (Géoparc Jbel Bani)

Pie-grièche à tête rousse (Géoparc Jbel Bani) Pie-grièche à tête rousse - Passereau de taille moyenne (17-19 cm). Cette espèce visiteuse d'été se reproduit au Ma

Savoir plus...

Fauvette mélano- céphale (Géoparc Jbel Bani)

Fauvette mélano- céphale (Géoparc Jbel Bani) Fauvette mélanocéphale mâle - petite fauvette (13-14 cm). En hivers, cette espèce est répandue dans tout le pays, mais se reproduit s

Savoir plus...

Au Maroc, 15% de la faune et de flore menacés d'extinction

Au Maroc, 15% de la faune et de flore menacés d'extinction La surface des forêts méditerranéennes a augmenté, entre 2010 et 2015, de 2% soit 1,8 million d'hectares pour atteindre 88 millions

Savoir plus...

Cigogne noire (Géoparc Jbel Bani)

Cigogne noire (Géoparc Jbel Bani) Cigogne noire - Cette grande cigogne (95-100 cm/envergure 165-180 cm) migre régulièrement au-dessus du Maroc au printemps et en automne. En hivers, elle est occasionnelle. (DE

Savoir plus...

Sommet climat à Paris: 100 pays invités mais pas Trump

Sommet climat à Paris: 100 pays invités mais pas Trump Une centaine de pays ont été invités au Sommet de Paris sur le climat du 12 décembre mais « pour l’instant » pas le pr

Savoir plus...

Changement climatique : comment protéger nos villes des coups de chaleur ?

Changement climatique : comment protéger nos villes des coups de chaleur ? Pour limiter les températures en milieu urbain lors des canicules estivales, il faut réfléchir à cette question dès

Savoir plus...

Linottes mélodieuses (Géoparc Jbel Bani)

Linottes mélodieuses (Géoparc Jbel Bani) Linottes mélodieuses - Petit Fringille (12,5-14 cm). Le mâle a la poitrine et le front rouge foncé, la femelle n'a pas de rouge. Espèce rési

Savoir plus...

Les tags en relation

Recherche du site

Recherche avancée / Spécifique

Géoparc et Recherche Scientifique

Le coins de l’étudiant

Blog Géoparc Jbel Bani

Découvrez notre escpace E-commerce


Pour commander cliquer ci-dessous Escpace E-commerce

Dictionnaire scientifique
Plus de 123.000 mots scientifiques

Les publications
Géo parc Jbel Bani

Circuits & excursions touristiques

cartothéques

Photothéques

Publications & éditions