#Maroc_les_plantes_médicinales_valorisent_les_femmes_et_sauvent_les_oasis
Les femmes de l’oasis de Ksar Tizagharine, dans la province d'Errachidia au Maroc, avaient l’habitude de dépendre de leurs maris, pères ou fils.
« Aujourd’hui, l’occasion de se déplacer, de participer à des formations et des rencontres d’échanges nous donne chaque jour un peu plus de confiance
en soi », dit Lkbira, présidente de l’Association Annama pour le développement de la femme rurale.
L’association a bénéficié de l’appui du Programme de développement territorial durable des oasis du Tafilalet, initié par le PNUD. Ce programme, mené en coopération avec ONU Femmes et le Gouvernement, lutte contre la désertification et la pauvreté par la sauvegarde et la valorisation des oasis.
A retenir
- Les plantes aromatiques et médicinales permettent de lutter contre la pauvreté et la désertification par leur faible besoin en eau et rendement économique élevé
- Près de 1500 agriculteurs ont été formés aux bonnes pratiques pour la collecte de plantes sauvages, et 4 espèces évaluées pour l'exploitation commerciale
- 4 communes cibles sont dotées d’un système d’information communal intégrant le genre, enrichis par des indicateurs de vulnérabilité et de réduction des risques et des désastres climatiques
En effet, les oasis constituent une barrière végétale et microclimatique naturelle contre l’avancée du désert et jouent un rôle social, écologique et économique majeur. Mais, déjà fragilisés par le dérèglement du climat, les oasis sont aussi menacées par une mauvaise gestion des ressources en eau et par des pratiques agricoles inadaptées.
Les femmes oasiennes sont particulièrement touchées, du fait d’un accès insuffisant aux ressources et à la propriété de la terre. Or, dans une région où 90% de l’activité économique provient de l’agriculture, elles possèdent un précieux savoir-faire en matière de bouturage, d’entretien des parcelles et de récolte. Capitalisant sur ce potentiel, le programme favorise la création de groupements féminins ou d’associations de femmes pour la transformation et la valorisation de produits du terroir.
C’est ainsi que Lkbira et un groupe de 38 autres femmes déterminées à obtenir leur autonomie financière ont fait des plantes aromatiques et médicinales (PAM) leur cheval de bataille. Le secteur, traditionnellement géré par les hommes, est extrêmement riche au Maroc : près de 400 espèces sont reconnues pour leur usage médicinal et/ou aromatique, ainsi que pour leur potentiel de développement, en particulier pour l'exportation.
Ces plantes sont surtout abondantes dans les zones arides et désertiques, en raison de leur faible besoin en eau. Leur rentabilité économique est plus élevée comparativement aux cultures traditionnelles et les produits dérivés des PAMs fournissent de nombreuses opportunités d'emploi.
« En apprenant à cultiver le safran, on a acquis un savoir-faire. On a visité des endroits où on ne serait jamais allées, on a participé à des salons, on a échangé avec de nombreuses associations et coopératives », dit l’une des femmes de l’association.
Les membres de l’association ont ainsi pu prendre contact avec des plateformes nationales de distribution, signant à l’occasion deux contrats importants de production et de livraison de plants de PAM.
En vue de pérenniser la production et les acquis du projet, un groupement d’intérêt économique dans le domaine des PAM à été mis en place comme modèle pilote d’adaptation au changement climatique. Quatre communes ciblées par le projet ont bénéficié d’un accompagnement pour la mise en place d'une planification et d’un système d’information communal intégrant le genre, enrichis par des indicateurs de vulnérabilité et de réduction des risques et des désastres climatiques.
Un autre projet du PNUD mène en parallèle l’intégration de la biodiversité dans la chaîne de valeur des PAM, en développant les compétences et l’accès aux marchés tout en assurant la durabilité de la production. Ainsi, 4 espèces cibles, le romarin, le thym, le pyrèthre et l'origan, ont été catégorisées et évaluées pour la conservation et l'exploitation, un guide de bonnes pratiques et de collecte des PAM publié en francais et arabe, ainsi que des sessions d'informations organisées au profit de pres de 1 500 collecteurs de PAM.
Quant à l’Association Annama, elle a réussi à faire l’acquisition d’un terrain d’un hectare, un droit réservé généralement aux hommes dans l'oasis. D’ici quelques annees, elle espère acquérir un autre terrain, professionnaliser la production des PAM sur son site, nouer d’autres partenariats et étendre son expérience aux oasis et villages voisins.
« Avec le [projet], on a rencontré des femmes qui font du café de dattes. Ca nous a donné l’envie d’en faire aussi, en plus des plantes aromatiques. Ce qu’on aimerait maintenant, c’est apprendre le français et aller sur Internet », conclut l’une des membres de l’association.
Source web Par : undp
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