


Volcan Agung : à Bali, le risque d'une éruption majeure demeure
L'activité du volcan Agung, à Bali, a baissé ce weekend, mais le danger d'une éruption explosive similaire à celle de 1963 n'est toujours pas écarté, comme l'explique à Futura le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff.
Il y a deux mois, Futura avait demandé l'avis du volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff au sujet d'un célèbre volcan, le mont Agung, sur l'île indonésienne de Bali. Ce dernier est depuis entré en éruption et les autorités ont décrété l'alerte maximale. Aujourd'hui, la situation reste préoccupante, nous explique le volcanologue, à qui Futura a demandé un nouvel état des lieux.
Futura : Où en est l'activité volcanique de l'Agung ?
Jacques-Marie Bardintzeff : L'éruption volcanique en est au stade magmatique, avec une libération de cendres issues d'un magma frais arrivé en surface et pulvérisé dans le cratère, accompagnées par les gaz. Ce magma fait rougeoyer le panache à la nuit tombante. Le premier stade de l'éruption était phréatique, c'est-à-dire que les cendres étaient produites à partir de matériaux solides anciens, déjà en place depuis l'éruption volcanique de 1963, et pulvérisés par des explosions de vapeurs d'eau.
Les panaches de cendres sont montés de 3.000 à 4.000 mètres au-dessus du sommet de l'Agung, qui culmine lui-même à 3.000 mètres environ. Il y a toujours une importante activité sismique mais son intensité à bien baissé par rapport aux mois de septembre et d'octobre.
L'Agung reste capricieux et il est toujours difficile de prédire son comportement futur. Il est possible qu'il fasse des éruptions pliniennes avec des panaches montant à plus de 15 km de haut, voire péléennes (avec des nuées ardentes, comme ce fut le cas à la montagne Pelée, en Martinique) dans les quelques semaines ou les quelques mois qui vont suivre mais rien n'est certain.
Un time-lapse d'une webcam montrant l'Agung le 30 novembre 2017. © Telkomsel Balinusra
Les autorités indonésiennes ont donc raison de maintenir une zone de sécurité autour du volcan avec des populations évacuées...
Jacques-Marie Bardintzeff : Absolument. A posteriori, l'intensité de l'activité éruptive actuelle n'aurait peut-être pas nécessité toutes ces évacuations, mais il y avait alors un risque certain d'avoir des phases éruptives aussi importantes que celles qui se sont produites du 18 février 1963 au 27 janvier 1964, risque qui existe encore. L'énergie et la matière libérées par les premières phases de 2017 ne sont rien par rapport à celles qui ont été mises en jeu en 1963 et le danger est donc toujours bien présent.
Si des éruptions pliniennes Ou péléennes se produisaient, combien de temps pourraient-elles durer ?
Jacques-Marie Bardintzeff : Là encore, il est difficile de répondre. Le Sinabung, culminant à 2.460 mètres d'altitude, qui est aussi un stratovolcan indonésien mais sur l'île de Sumatra, s'est réveillé en 2010 puis en 2013, après presque 400 ans de sommeil. Il est le siège de nombreuses coulées pyroclastiques depuis 4 ans, à tel point que, parfois, plusieurs nuées ardentes sont émises en une journée. La Soufrière de Montserrat, un autre stratovolcan mais sur une île des Antilles, est restée en activité explosive entre 1995 et 2013 (soit 18 ans !) avec quantité de nuées ardentes. En revanche, l'éruption du Vésuve, en 79 ap. J.-C., a duré moins de 24 heures !
Les avalanches pyroclastiques du volcan Sinabung, sur l'île de Sumatra, en Indonésie. © Aventurevolcans
Toujours dans l'hypothèse de l'occurrence d'éruptions pliniennes, celles-ci pourraient-elles refroidir temporairement le climat ?
Jacques-Marie Bardintzeff : C'est possible, oui. La précédente éruption de l'Agung avait un indice d'explosivité volcanique de 5 (tout comme le Vésuve ou le mont Saint Helens), ce qui veut dire que les panaches de cendres et les aérosols volcaniques atteignaient sans problème la stratosphère en montant à une altitude de plus de 15 km. Une répartition à grandes distances de ces aérosols est alors possible. L'Agung pourrait donc faire baisser la température de la planète d'un dixième de degrés au moins.
En 1991, le volcan Pinatubo, aux Philippines, avait atteint un indice d'explosivité volcanique de 6 avec un panache de 40 km de haut ! Il a provoqué un refroidissement de 0,3 °C de l'hémisphère nord pendant deux à trois ans.
Publié le 05/12/2017
Source web par : futura-sciences
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