Comment transmettre le savoir-faire des bijoutiers de Tiznit (Géoparc Jbel Bani)
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Comment transmettre le savoir-faire des bijoutiers de Tiznit (Géoparc Jbel Bani)

Les joailliers gardent jalousement leur méthode de travail. L’argent, une source de revenus non négligeable. La matière première à la hausse sur le marché international TIZNIT, une plateforme incontournable de la bijouterie nationale! Une évidence soutenue avec force par des membres de l’association Essafa, très active dans la province. Celle-ci est composée d’artisans, d’artistes et de designers de bijoux en argent. En témoignent les collections exhibées dans différents musées ethnographiques du pays. La plupart viennent de Tiznit, au cœur du Souss, entre Agadir et Sidi Ifni. Ce sont des armes ou bijoux de parure et des oeuvres en argent qui ont leur importance dans le patrimoine culturel national. Leur valeur se manifeste dans la diversité des formes et des motifs résultant des influences esthétiques de traditions diverses qui remonteraient à la préhistoire. La bijouterie à Tiznit, notamment en argent, est un héritage riche d’un savoir-faire judéo-musulman ancré dans l’histoire de la région. . 6.000 artisans Différentes vertus médicinales et prophylactiques sont attribuées aux bijoux en argent. La forme des bijoux est en relation avec le monde animal et végétal ainsi qu’avec le domaine de l’occultisme. L’émeraude, le corail et les rubis incrustés auraient un effet thérapeutique. On dit que le corail combat les hémorragies et que les clous de girofles mêlés aux bijoux ont une vertu aphrodisiaque. Le symbole de la main «Khamsa» et ses dérivés, la croix du sud et le chiffre 5, sont réputés protéger contre le mauvais sort. Ce sont près de 6.000 artisans qui ont été recensés dans la ville et dans les différentes bourgades nichées dans l’Anti-Atlas. Le secteur de la bijouterie (argent, or) représente à lui seul près de 30% du secteur artisanal de la province de Tiznit. La majorité des façonniers se sont initiés au métier entre l’âge de 10 et 15 ans. Une étude, réalisée par l’association, indique que le niveau scolaire de près de 55% des ciseleurs ne dépasse pas le primaire. Des centres commerciaux spécialisés dans la bijouterie ont été édifiés à Tiznit durant les 20 dernières années. Et dont les plus importante sont les «Kissarias» (galeries de boutiques) Loubane sur la place Méchouar, du souk Joutia et des anciens abattoirs. En tout, la ville compte 150 boutiques de ciseleurs, plus les bazars et les artisans qui travaillent à domicile. Les femmes sont aussi très actives dans ce domaine. D’ailleurs, près de la moitié des artisans n’engagent aucun apprenti, préférant recourir à la main-d’œuvre familiale. «Ce qui hypothèque énormément la continuité du métier et la transmission de ce savoir-faire ancestral», indique Abdelhak Arkhaoui, président de l’association Essafa. Le secteur constitue un chiffre d’affaires important dans la ville. Mais, les bijoutiers ne veulent pas se dévoiler aux concurrents et restent réservés quant aux chiffres réalisés de leur négoce. Par ailleurs, les bijoutiers se plaignent de la rareté de l’argent et sa non disponibilité dans des points de vente réglementés et fiables. Ce qui contraint généralement les artisans à s’approvisionner dans le marché noir. Ou en refondant les pièces existantes, notamment des pièces de monnaie anciennes. Ce qui a pour conséquence la disparition du patrimoine. Chose très regrettable. L’argent est vendu par des moyens détournés à environ 4.000 DH/kg selon des fluctuations du cours mondial à Agadir, Casablanca ou Fès. Il arrive que la matière première manque pendant plusieurs mois. Pourtant, un gisement d’argent est situé à Imiter à 150 km à l’est de Ouarzazate. La mine est exploitée par la SMI (Société métallurgique d’Imiter) du groupe Managem, créée en 1969. Elle produit des lingots d’argent métal d’une pureté de 99,5%. La production nationale de la matière argent est estimée par l’association à 300 tonnes environ par an. Mais la part du marché national ne dépasse guère les 100 kilos. . Hausse de la matière première sur le marché internationale Les bijoutiers en argent nationaux produisent pour 20 tonnes annuellement. Chaque artisan a besoin de cinq kilos mensuellement pour entretenir son métier. Les besoins des membres de l’association de Tiznit, une trentaine, sont de 1,5 t/an pour tenir la barre. «Il faudrait que l’Etat allège ses impôts pour permettre aux exploitants des mines d’argent de commercialiser dans le marché intérieur», propose Arkhaoui. Et d’ajouter qu’un «kilo d’argent mis sur le marché est équivalent à la création d’un emploi. Et empêche de faire fondre des bijoux anciens». De fait, ces derniers sont très prisés par les collectionneurs et font l’objet de transactions financières importantes. «Mais des pièces historiques et rares ont été écoulées à l’étranger», déplore un bijoutier de la place. Pour rappel, le Pérou et le Mexique demeurent les premiers producteurs mondiaux, avec un volume estimé respectivement à 3.193 et 2.885 tonnes. Les autres principaux producteurs sont l’Australie (2.885 tonnes) et la Chine (2.000 tonnes). L’envolée des prix des métaux a tiré les cours d’argent à la hausse. Au niveau national, la production d’argent métal en 2005 a atteint 185,735 tonnes contre 180,586 t l’année précédente, soit une hausse de 2,8%. Les recettes réalisées à l’export représentent plus de 340 millions de Dh, soit une progression de 27,7% par rapport à 2004.

Histoire

LA fondation de la ville de Tiznit remonte à 1882 après l’expédition militaire du sultan Hassan Ier dans la région du Souss. Le besoin de créer cette cité fut dicté par la volonté d’implanter un poste militaire afin de contrôler l’arrière-pays et prévenir toute pénétration européenne depuis l’Atlantique. De notre correspondant, Mohamed RAMDANI

Le 08/02/2007

Source web par : L'Economiste

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