Au Maroc, les oasis toujours plus menacées par l'avancée du désert
le géoparc du jbel bani - tata

Vous êtes ici : Accueil > Désert et Anti Atlas > Désert et Anti Atlas > Au Maroc, les oasis toujours plus menacées par l'avancée du désert

GJB

Au Maroc, les oasis toujours plus menacées par l'avancée du désert

Vue générale d'une palmeraie souffrant de l'avancée du désert près de l'oasis d'Erfoud au nord d'Er-Rissani dans le désert du Sahara le 27 octobre 2016

"Celui qui reste vivre ici est condamné à la pauvreté", soupire Abdelrahman. Dans le sud-est du Maroc, la périphérie d'Er-Rissani illustre l'assèchement dramatique des oasis, menacées de disparaître avec le réchauffement climatique.

Depuis les années 1980, le sable ne cesse d'avancer sur la ville, dont les abords offrent un spectacle de désolation: à perte de vue, des centaines de palmiers pourrissent sur une terre ocre craquelée.

Pour Abdelrahman Ahmidani, 37 ans, qui a grandi ici et travaille comme fonctionnaire à la ville, "la région était connue pour son agriculture, sa principale activité". Avec la fin du XXe siècle sont arrivées les longues périodes de sécheresse et le départ des paysans, dont les maisons en pisé finissent de se dissoudre dans les vents de poussière.

oasis-de-Tafilalet

Un homme marche vers des palmiers desséchés dans l'oasis de Tafilalet près de l'oasis d'Erfoud au nord d'Er-Rissani dans le désert du Sahara le 27 octobre 2016 AFP/FADEL SENNA

L'agriculture est devenue marginale. "Dans mon enfance, cette oasis était verte et prospère. En une génération, elle est devenue presque aride et stérile", déplore Abdelrahman.

"Les oasis font partie des richesses naturelles du Maroc (...). Aujourd'hui, ces îlots de verdure perdus dans le désert sont confrontés aux impacts des changements climatiques", s'alarme la Conférence mondiale sur le climat COP22, qui s'ouvre lundi à Marrakech.

Pendant des siècles, elles ont formé un inexpugnable bouclier contre la désertification. Mais elles souffrent désormais de la sécheresse et d'une forte baisse de la nappe phréatique -conséquence de sa surexploitation et de la mauvaise gestion des eaux de surface- et de l'urbanisation croissante.

desséchés

Des palmiers desséchés dans l'oasis de Tafilalet près d'Erfoud dans le désert du Sahara le 27 octobre 2016 AFP/FADEL SENNA

A la COP22, le Maroc, qui a perdu deux tiers de ses oasis en un siècle, présentera un plan d'action pour la sauvegarde sur la planète de ces écosystèmes, dont une nouvelle proposition baptisée "l’Oasis durable".

Rabat s'est saisi du problème depuis plusieurs années avec notamment le plan "Maroc vert", lancé en 2008 pour restructurer son agriculture.

- Des dattiers pour stopper le désert -

"Les palmiers dattiers sont un mur naturel contre la désertification": à une vingtaine de km au nord d'Er-Rissani, Hassan Sadok travaille depuis plus de 15 ans à la réhabilitation d'un terrain agricole de sept hectares.

urgence-d'agir

COP 22, l'urgence d'agir AFP/Simon MALFATTO, Sabrina BLANCHARD

"Au début, tout le monde se moquait de moi", raconte cet hôtelier venu à l'agriculture faute de clients. "La terre était sèche, stérile, la culture y était très difficile".

"Regardez là-bas", dit-il en montrant l'horizon, "les terres sont mortes". "Mais dans ma ferme, grâce à mes dattiers, les sols sont fertiles. J'ai une exploitation rentable, respectueuse de l'environnement".

Sa méthode de production traditionnelle conjugue élevage de moutons pour le fumier, pompage de l'eau grâce à l'énergie solaire, gestion raisonnable de l'eau et refus d'utiliser les engrais.

i9ayn

Un Marocain récolte des dattes dans l'oasis d'Erfoud au nord d'Er-Rissani dans le désert du Sahara le 27 octobre 2016 AFP/FADEL SENNA

Comme une bénédiction au milieu des sables, l'eau claire s'écoule dans des rigoles à l'ombre de 1.800 dattiers. Aux alentours, des clôtures de roseaux tressés tentent d'endiguer l'avancée du désert.

"Grâce à ces méthodes à l'ancienne, les oasis résistent mieux à la sécheresse", résume Ali Oubarhou, un responsable de l'Agence nationale de développement des zones oasiennes et de l'arganier (ANDZOA), au ministère de l'Agriculture.

amazir

Un Marocain travaille dans l'oasis de Tafilalet près d'Erfoud (sud-est du Maroc) dans le désert du Sahara le 27 octobre 2016 AFP/FADEL SENNA

Avec "Maroc vert", a été mis en oeuvre un ambitieux programme de reconstitution des palmeraies, explique M. Oubarhou. Après avoir chuté de 15 à 4,8 millions, le nombre de palmiers dattiers est remonté à 6,6 millions, avec un objectif de 8 millions en 2020.

Revenus, emplois... Les palmiers sont l'épine dorsale de l'économie de la région. "Pour nous, il s'agit de créer de la richesse pour en faire des zones attractives pour les populations, tout en préservant le patrimoine grâce à l'utilisation rationnelle des ressources et la sauvegarde de la biodiversité".

"Mais il faut être réaliste": l'action locale ne suffit pas, reconnaît le haut fonctionnaire. "Il faut une coopération internationale pour sauver les oasis, et nous espérons beaucoup de la COP22".

Source web par: capital

Imprimer l'article

Les articles en relation

Ouarzazate colloque Espace oasien : Pour la préservation du patrimoine matériel et immatériel

Ouarzazate colloque Espace oasien : Pour la préservation du patrimoine matériel et immatériel Un énième colloque autour de l’espace oasien. Va-t-on aboutir à une politique d’inter

Savoir plus...

Le réchauffement climatique perturbe-t-il le calendrier agricole ?

Le réchauffement climatique perturbe-t-il le calendrier agricole ? Les plantes sont très sensibles aux changements climatiques. En France, les dates de certaines récoltes sont déjà avancées e

Savoir plus...

Les zones humides, un patrimoine universel en danger

Les zones humides, un patrimoine universel en danger Depuis le début du siècle dernier, plus de la moitié des superficies des zones humides ont atteint le stade ultime de la dégradation, la disparition

Savoir plus...

Réchauffement climatique et installation de nouveaux climats Le Maroc plus exposé que jamais aux risques d’inondations, séismes et autres (Géoparc Jbel Bani)

Réchauffement climatique et installation de nouveaux climats Le Maroc plus exposé que jamais aux risques d’inondations, séismes et autres (Géoparc Jbel Bani) Les catastrophes naturelles qui frappent

Savoir plus...

Les mygales du Cambodge menacées par le tourisme culinaire ?

Les mygales du Cambodge menacées par le tourisme culinaire ? Au Cambodge, la mygale grillée fait partie du menu. Mais la demande croissante de la part de touristes, intrigués par cette curiosité culinaire,

Savoir plus...

#MAROC_Tata : La culture du henn

#MAROC_Tata : La culture du henn La culture du henné contribue à la réalisation du développement économique et solidaire dans la région de Foum Zguid (province de Tata), à travers la c

Savoir plus...

Le corail semble s'habituer au réchauffement climatique, est-ce une bonne nouvelle ?

Le corail semble s'habituer au réchauffement climatique, est-ce une bonne nouvelle ? Les récifs de la Grande Barrière de corail, au nord-est de l'Australie, ont moins souffert en 2017 alors que l'eau

Savoir plus...

Changement climatique : les fermes éoliennes contribuent-elles vraiment à réchauffer la planète ?

Changement climatique : les fermes éoliennes contribuent-elles vraiment à réchauffer la planète ? Depuis quelques jours, une étude menée par des chercheurs de Harvard (États-Unis) fait

Savoir plus...

Planter des arbres après avoir réservé un billet d’avion ne sert à rien

Planter des arbres après avoir réservé un billet d’avion ne sert à rien Arrêtons de planter n'importe où et n'importe comment Pour lutter contre son éco-anxiét&e

Savoir plus...

Réchauffement climatique. Jean Jouzel, climatologue : "Nous n'avons que trois ans pour agir"

Réchauffement climatique. Jean Jouzel, climatologue : "Nous n'avons que trois ans pour agir" Le climatologue Jean Jouzel tire la sonnette d'alarme au JDD sur les risques du réchauffement climatique. Se

Savoir plus...

#MAROC_Renouvelables : le Maroc rehausse ses ambitions

#MAROC_Renouvelables : le Maroc rehausse ses ambitions En 2015, le Maroc signe l’Accord de Paris pour le climat et s’engage dans l’effort international de réduction des émissions de gaz à effet

Savoir plus...

#MAROC_Les_produits_du_terroir : le potentiel marocain en compétition à Agadir

#MAROC_Les_produits_du_terroir : le potentiel marocain en compétition à Agadir Après Meknès, c’était au tour d’Agadir d’abriter la deuxième phase de la quatrième &eac

Savoir plus...

Les tags en relation

Recherche du site

Recherche avancée / Spécifique

Géoparc et Recherche Scientifique

Le coins de l’étudiant

Blog Géoparc Jbel Bani

Découvrez notre escpace E-commerce


Pour commander cliquer ci-dessous Escpace E-commerce

Dictionnaire scientifique
Plus de 123.000 mots scientifiques

Les publications
Géo parc Jbel Bani

Circuits & excursions touristiques

cartothéques

Photothéques

Publications & éditions