LA DANSE AHWACH DE TISSINT
Ahwach Tissint, un duel poétique, un rituel de mariage
Vaste territoire, la Région Souss Massa réunit une grande diversité de cultures et un patrimoine immatériel important de musiques et de chants traditionnels. Façonnés par l’histoire, le climat, la montagne, la plaine ou le désert, ces arts populaires sont aussi différents que fascinants. Qu’ils racontent des histoires anciennes ou plus contemporaines, les chants ont tous en commun de célébrer la vie, les caprices de la nature, les saisons agricoles, la spiritualité, les amours contrariées ou idéalisées… Selon les régions, les danses peuvent s’inspirer de cadences militaires ou de rituels de parades nuptiales. Il n’est pas rare de voir tout un village participer à la danse, paré de costumes chatoyants, de volumineux bijoux d’ambre, de fibules en argent et de poignards d’apparat. Les célébrations familiales, fêtes nationales ou moussems populaires sont autant d’occasions pour les arts traditionnels de se manifester.
Dans la culture amazighe, le mot « Ahwach » signifie le mur qui encercle une maison ou un pré. Le même mot désigne également les danseurs qui se produisent en cercle dans les occasions festives. Depuis l’antiquité, la violence et l’agressivité étaient mal vues dans la société amazighe. Il ne fallait en aucun cas manquer de respect envers les anciens de la tribu et les conflits devaient être résolus discrètement ou de manière courtoise. La danse « Ahwach » devint donc une façon civilisée de résoudre les conflits internes. Un duel poétique était organisé pour l’occasion, les deux parties s’adonnant à un spectacle fait de danses et d’improvisations, de chants individuels ou collectifs et de percussions entraînantes.
Joyau des grands espaces de la Province de Tata, le territoire de Tissint est une magnifique oasis de palmiers-dattiers et de cascades salées, entourée de déserts et de canyons brûlés, réputés pour leur exploitation minière et qui, dans le futur, devraient accueillir une des prochaines centrales solaires du pays.
Au coeur de la palmeraie, les villageois ont fait naître un art « Ahwach » renommé pour sa danse du poignard. Depuis, cette danse a évolué en rituel de mariage. Pour l’occasion, les groupes « Ahwach » offrent un spectacle de toute beauté, parés de leurs plus beaux costumes et bijoux traditionnels.
La danse « Ahwach » de Tissint est conduite par trois chefs de troupe : le percussionniste, la première danseuse et le musicien joueur de « Tal’uwat ». Le percussionniste commande le rythme, la première danseuse donne le signal du commencement et le musicien lance ses improvisations, comme pour réunir les spectateurs et les danseurs. Le poète déclame alors un premier vers et le répète autant de fois que nécessaire, tandis que le chœur le reprend en refrain. Puis le percussionniste enchaîne sur un rythme de plus en plus rapide et la gestuelle des danseurs s’accélère. Le duel poétique est essentiel. Le poète « Anaddam » qui improvise en premier doit assurer la qualité des thèmes et intervenir régulièrement pour relancer le défi.
En formation, un groupe de femmes prend place en demi-cercle ou en rangée alignée. Elles portent toutes le même costume traditionnel pour symboliser l’union et enjoliver la gestuelle de la danse : une robe de tissu jaune ou blanche sous une tunique bleue et un voile noir lâché en arrière sur la tête. Les bijoux d’ambre et d’argent jouent un grand rôle dans cette mise en beauté, particulièrement les colliers et les parures de tête rehaussées de cornes en argent. Avançant et reculant en rythme cadencé, tapant des mains et des pieds, jouant des épaules et de la tête, le groupe des danseuses interpelle les poètes du groupe. Un jeune homme prend alors part à cette danse, jouant de son poignard en argent au milieu des jeunes femmes célibataires. Toute une mise en scène s’enchaîne jusqu’au moment où le jeune homme montre son intérêt à l’une des danseuses en lui découvrant le visage de son voile et en traçant des cercles autour d’elle jusqu’à s’emparer d’une bague posée sur sa tête.
Dans « l’Ahwach » de Tissint, les musiciens produisent des percussions en utilisant « l’Allun », un tambourin fait d’un cercle de bois recouvert de cuir de chèvre, le Ganga, grand tambour africain et le Tassa ou Naqùs, une fonte en acier que le musicien bat à l’aide de deux baguettes d’acier. L’instrument mélodique utilisé se nomme « Tal’uwat » ou « Awwada », une flûte métallique au répertoire aigu qui souligne les tonalités du chant. Aujourd’hui, la danse « Ahwach » joue un rôle essentiel dans la sauvegarde et la diffusion du patrimoine culturel amazigh.
Source web Par agadirpremiere
Les articles en relation
Ahwach, l’art traditionnel phare d’Ouarzazate
Ahwach, l’art traditionnel phare d’Ouarzazate Ahwach est un fondement de l’identité culturelle des communautés chleuhes. D’une tradition vivante, il est aujourd’hui réduit à u
Savoir plus...Découverte du site rupestre d’Assif Tadakoust : Gravures préhistoriques et monuments funéraires à Tata
Découverte du site rupestre d’Assif Tadakoust : Gravures préhistoriques et monuments funéraires à Tata Site rupestre d’Assif Tadakoust : un trésor préhistorique accessible depuis
Savoir plus...Le dromadaire
Egalement appelé « Chameau d’Arabie », le dromadaire fait figure de véritable icône au sein des mammifères vivants dans le désert du Sahara. S’il fut longtemps indispensable &agr
Savoir plus...BALADE AU PAYS DU CUMIN ET DU HENNÉ (Géoparc Jbel Bani)
BALADE AU PAYS DU CUMIN ET DU HENNÉ (Géoparc Jbel Bani) DANS LA RÉGION DE N’KOB, TAZZARINE, ALNIF Situé dans la Région Drâa-Tafilalet au sud-est marocain, le territoire de N’Kob
Savoir plus...Exploration du site rupestre d’Oum El Alek près de Tata : Gravures préhistoriques et faune antique
Exploration du site rupestre d’Oum El Alek près de Tata : Gravures préhistoriques et faune antique Découverte du site d’Oum El Alek : gravures rupestres et faune préhistorique à proximit
Savoir plus...Tata: Exhausser le patrimoine immatériel! (Géoparc Jbel Bani)
Tata: Exhausser le patrimoine immatériel! (Géoparc Jbel Bani) Autour de la thématique des politiques culturelles locales, la province de Tata était, tout au long du vendredi dernier, le berceau convivial d
Savoir plus...La formation des minéraux
Les minéraux se forment dans des conditions physiques particulières. Il existe plusieurs types de roches sur Terre (voir Paléontologie - la fossilisation), et chacun de ces types possède des minéraux c
Savoir plus...LE DRAGONNIER, UN ARBRE MYTHOLOGIQUE
LE DRAGONNIER, UN ARBRE MYTHOLOGIQUE Dans l’antiquité, les personnages de la mythologie grecque évoluaient, au gré de leur destin, d’un bout à l’autre du bassin méditerranée
Savoir plus...Ahwach: Vers une reconnaissance en tant que patrimoine immatériel
Ahwach: Vers une reconnaissance en tant que patrimoine immatériel Baroud d'honneur pour le Festival national des arts d’Ahwach qui s'est tenu à Ouarzazate du 10 au 12 août. Une 6e édition qui
Savoir plus...Le Jbel Saghro
Le Jbel Saghro est un petit massif qui se trouve au sud de la Vallée du Dadès. Il s‘étend d’Ouest en Est sur 120 Km environ le long de la vallée entre Skoura et Tinerhir. Cette zone constitue la t
Savoir plus...#Maroc_Architecture : «Au Maroc, la généralisation du ciment a été catastrophique» [Interview]
#Maroc_Architecture : «Au Maroc, la généralisation du ciment a été catastrophique» [Interview] L’architecte-anthropologue Salima Naji, spécialiste des constructions respectueuses
Savoir plus...TATA
TATA LES PORTES DU DÉSERT Tata est une terre de richesse et de partage qui s’explore avec le cœur et l’hospitalité y est profondément enracinée. Au-delà de ses paysages natur
Savoir plus...